DÉPASSEMENT

Un taux de 3,5% a indiqué le Fonds monétaire international, pour parler de la croissance du Sénégal en 2013. C’est mieux que les 2,6% «projetés» par le Parti pour l’indépendance et le travail (PIT) qui faisait le bilan du pouvoir en place au mois de mars dernier ; et moins que les 4,2 % annoncés lors du lancement du Plan Sénégal Emergent.
Un chiffre qui risque de ne pas être corrigé par le Ministère de l’Economie et des Finances et qui permet aux Sénégalais de mieux comprendre l’invite du président de la République Macky Sall, au travail. Ce n’est pas avec 3,5% de croissance qu’un pays peut décoller. Il ne s’agit même pas d’un jeu d’illusions, c’est plutôt un terrible constat. Le Sénégal doit changer de paradigme, au risque d’aller vers d’amères illusions.
Le classement à l’indice UEMOA, pour parler comme les sportifs, positionne le Sénégal à l’avant-dernière place des pays qui ont le plus faible taux de croissance. Nous sommes juste devant la Guinée Bissau. Cette posture n’est pas un coup du sort mais reflète notre actuelle incapacité à tracer le chemin du développement et, surtout, notre relation avec le travail.
Le diagnostic pour s’en sortir est fait mais entre les embrouilles politiques et les exigences des syndicats malgré le pacte social qui vient d’être lancé, le pays s’enfonce dans une dangereuse inertie qui risque de le plomber au-delà de la date de 2035, projetée comme celle de l’Emergence. Il faudra donc créer des raccourcis pour relever le défi du développement.
A ce niveau, on peut bien apprécier les discours des autorités religieuses qui ont pour la plupart appelé l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, venu jouer les trouble-fêtes, à cultiver la paix. Pourvu que cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Dans cette affaire qui agite le landerneau politique, la raison doit prévaloir sur l’émotion.
Le chemin de l’émergence est fort sinueux pour un pays qui peine à atteindre la barre des 20% d’investissements par rapport à son Pib. En somme, le Sénégal n’a pas de temps à perdre désormais et ses choix intérieurs sont limités. Le Ministère de l’Agriculture, en lançant la prochaine campagne agricole, il y a quelques jours, a donné un signal fort de ce que doit être l’accélération attendue des chantiers du gouvernement.
L’Agriculture est considérée comme le premier levier de croissance au Sénégal, il est important de la booster en permettant aux acteurs (cultivateurs, éleveurs et agro-businessmen) de comprendre que l’Etat est disposé à traduire en actes ses ambitions.
La fête du travail a été l’occasion de faire une introspection. L’état des lieux n’est point reluisant et les différents protagonistes en ont fait le constat. La relance des industries, la question de l’emploi, la revalorisation des pensions de retraite, l’extension de la protection sociale qui se traduit par la mise œuvre d’un programme de couverture maladie universelle mais aussi l’assurance obligatoire des (autres) salariés et la mise en place d’une faîtière pour les institutions de prévoyance maladie, ont été les engagements du président de la République.
Il faudra rapidement traduire tout cela en actes pour préserver un climat social fortement en sursis. Les élections locales auront lieu en fin juin prochain. Le président de la République l’a encore affirmé en recevant le rapport de la Commission Electorale Nationale Autonome (Cena). Le dépôt des listes a permis de constater la déchirure au sein de Benno bokk yaakaar.
La gourmandise de l’APR, le parti du président Macky Sall, a créé presque partout des frustrations. Cette situation ne devrait guère surprendre car l’APR a besoin de se jauger et ses plus hauts responsables débordent d’envie de démontrer leur représentativité pour mieux s’affirmer.
Cette élection en vue doit se dérouler dans la sérénité et appelle au sens des responsabilités, comme l’a souhaité le président de la République, que d’aucuns accusent cependant d’avoir un comportement partisan au vu de la mise en œuvre de l’acte III de la Décentralisation.
Le président Sall a interpellé les acteurs politiques, les exhortant à placer l’intérêt du pays au dessus des contingences idéologiques et politiciennes « et, comme par le passé, la sérénité doit prévaloir, pour que les élections se déroulent dans le calme’’.
Le Conseil National de Régulation de l’Audio-visuel qui s’est doté d’un matériel de monitoring de très haute performance grâce au royaume du Maroc, pourra superviser correctement les prochaines locales.