"DÉSORMAIS, ON PEUT TRAVAILLER" ESTIME SEYDOUX
DROITS TV DU FOOT
Après l'attribution des droits télé du football français à Canal + et BeIN Sports pour 748,5 millions d'euros, Michel Seydoux, président de Lille, a expliqué samedi à l'AFP que cette progression offrait aux clubs une visibilité qui leur permet "de travailler".
Q: Comment jugez-vous le résultat de cet appel d'offres, qui a déçu certains de vos collègues ?
R: "Il y a toujours des gens qui croient au Père Noël, mais il faut rester raisonnable. C'est un très beau montant et une très belle progression. On peut désormais monter un plan d'affaires sur une durée plus longue. C'est essentiel. D'autre part, nous gardons nos deux diffuseurs, ce qui signifie que la concurrence reste vive. On se replace à un niveau européen correct, on rattrape notre retard. Une progression de 20% en période de crise, c'est remarquable."
Q: Qu'espéraient ceux qui attendaient plus ?
R: "Il y avait un scenario envisageable de quelqu'un qui raflait tout. Mais il y avait un risque de mise à mort d'un des acteurs. Je ne voyais pas le Qatar tout prendre et je connais la tranquillité de M. Méheut (président de Canal +, ndlr). Je savais qu'il ne ferait pas n'importe quoi."
Q: Est-ce que vous n'auriez pas obtenu plus en attendant un an ?
R: "Je n'ai pas de boule de cristal. Je pense que le moment était bien choisi et je pense que l'effet PSG a déjà joué. Peut-être que l'on aurait gagné plus, mais ce que je sais, c'est que désormais on peut travailler."
Q: Comment les clubs vont-ils utiliser cet argent supplémentaire ?
R: "Ça ne suffira pas à couvrir l'augmentation énorme des charges que nous subissons, mais ça va en compenser une partie. Et cela nous offre une visibilité qui va nous permettre de retrouver de grands équilibres. Avant les nouveaux PSG et Monaco, les clubs challengers comme le nôtre avaient, en plus des droits télé, deux piliers: les transferts et la participation à la Ligue des champions. Si on en enlève un, ça crée du danger. Cette augmentation des droits n'améliore pas de façon spectaculaire la compétitivité économique des clubs challengers. On reste pauvre. Mais ça nous permet d'envisager un point d'équilibre à deux ou trois ans."
Q: Comment jugez-vous la situation économique des clubs français ?
R: "Aujourd'hui, on reste très fragile. La troisième place ne confère même pas forcément un bonus économique fort et elle peut se révéler très dure sportivement. Aujourd'hui, avec ces charges et un accès très difficile à la plus rentable des compétitions européennes, les clubs doivent se réformer et s'adapter. C'est difficile. A Lille, nous avons fait beaucoup d'efforts avec un plan de développement fort et un gros travail sur les infrastructures. On est dans un temps d'adaptation."
Q: Y-a-t-il un risque de voir les clubs se remettre à surpayer des joueurs ?
R: "Sûrement pas dans l'immédiat puisque pour l'instant on n'a pas l'argent. Mais je ne crois pas du tout à cet effet inflationniste, ça va rester cool. Aujourd'hui, notre seul levier économique, c'est la masse salariale. Donc on ne peut pas surpayer."
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT