DANS L'INTIMITÉ D'AMSATOU SOW SIDIBE : "Ah, moi, quand je suis à la maison, tout le monde sait que je suis à la maison"
"Ay man xalebi ya sob... Hé xalebile sob nga nak... Ah mëna rëgal de... Man dal lu may merlo…"
Sa simplicité est connue. Son franc parler aussi. Le Professeur Amsatou Sow Sidibé, ministre conseiller du président de la République, juriste avec 32 années de carrière universitaire, nous livre quelques-uns de ses secrets, parle de sa vie de famille, de son couple, de sa jeunesse…
D’abord, dites nous qui est Amsatou Sow Sidibé ?
Amsatou Sow est une femme sénégalaise originaire du Macina, originaire de Pété dans le Fouta, originaire du Walo, du Djolof, de Foundiougne et de Thiès mais aussi de Dakar. Parce que son père est né à Dakar, le père de son père, c'est-à-dire son arrière grand père, Djibril Sow, fait partie de ceux qui ont créé la Médina. Amsatou est née à Dakar. Je suis une «boy Dakar», car j’ai passé toute mon enfance dans cette ville. Je suis professeur d’université qui a formé 32 générations, je m’active dans la société civile et je suis femme politique.
Vous êtes une femme leader et vous passez beaucoup de votre temps sur le terrain, comment allier cela avec votre vie de famille ?
C’est vrai que ce n’est pas facile d’être sur le terrain, sur le lieu de travail, dans la famille, vouloir réussir les différentes missions, ce n’est une chose aisée. Mais je crois que tout est problème d’organisation et de méthode mais aussi de soutien de la famille. Car, quand on n’est pas soutenu par la famille, c’est difficile. Il ne faut pas croire non plus que nous sommes en repos, non ! Mais c’est ça la vie, il faut avoir des objectifs, tendre les mains au bon Dieu et demande qu’on réussisse la mission.
Vous êtes mariée, depuis des années, et n’avez jamais eu de problèmes de couple, dit-on. Quel est votre secret ?
(Elle pouffe, avant de toucher du bois…) Simplement parce que le mariage doit être pour le meilleur et pour le pire. Ce sont des hauts et des bas. Il faut toujours éteindre le feu, tempérer toujours, «kër daño koy neexal» (une maison on la rend joyeuse) pour éviter tout heurt. Il faut essayer de vivre le ménage.
Comment comportez-vous chez vous ? Est-ce la même Amsatou qu’on voit à la télé qui est à la maison ?
Ah, moi, quand je suis à la maison, tout le monde sait que je suis à la maison.
En faisant quoi ?
Je marque ma présence, je fais comprendre à mon mari et aux enfants que je suis là. Je m’absente pour des raisons d’ordre professionnelle, d’ordre politique. Mais quand je suis là, je fais tout pour faire comprendre que je suis à la maison. Ça peut être autour d’un repas, au cours d’une discussion, dans le séjour, autour d’une excursion aussi. Bref, j’essaie d’être pleinement là pendant la durée où je suis à la maison. Et puis aussi, j’essaie de gérer parce que je suis la mère de famille, j’ai des personnes qui m’aident, mais j’organise tout (elle insiste…), avant même de partir, le téléphone complète ma propre gestion du ménage, de la famille (rires…).
Amsatou est-elle d’une nature «Jonge», car on a l’habitude de dire que les femmes intellectuelles ne le sont pas ?
Mais ce qu’on appelle «Jonge», c’est être agréable dans la famille et ça peut passer par mille chemins. Ça peut ne pas être le «cuuraay» qui peut même étouffer quelqu’un. Car, c’est une bombe les «cuuraay» que nous utilisation, ça donne l’asthme. Donc, être «Jonge», ce n’est pas le «cuuraay», seulement. Le fait de rendre la maison gaie, s’organiser, ’être attentionnée vis-à-vis de tout le monde, surtout de Monsieur, fait même marquer des points.
Moi, je suis une femme et je me comporte comme telle. Et attention, à l’âge de 15 ans déjà, quand je vous préparais du riz au poisson à la saint-Louisienne, avec la petite sauce, vous alliez dire : «Ce n’est pas possible». Personne jusqu’à présent ne me fait mon marché, je vais moi-même acheter mon poisson, acheter de la viande, acheter mes légumes, parce que je ne veux pas faire manger n’importe quoi à ma famille. Et ça aussi, si vous pensez que c’est «Jonge», je le suis (rires…).
Quelles sont vos astuces pour faire plaisir à votre mari ?
Ah ! beaucoup de choses… De temps en temps, je vais dans la cuisine, je prépare de petites choses, des nems, des petits beignets, des crevettes sautées, et je lui fait vraiment plaisir (elle répète…). Je sais que je suis une personne chargée et qu’il y a trop de charges sur mes frêles épaules. Du coup, si l’occasion se présente, je fais plaisir à monsieur mon mari.
Que préparez-vous le mieux…
«Hé xalebile sob nga nak. Ah mëna rëgal de (rires) (je sais bien préparer). Si je prépare pour toi. Je sais faire du bon riz au poisson, Suup Kanja, Ceebu ñebe.J’ai trois plats préférés, Ceebuu jeen bu am jaaga, Suupo kanja avec des fruits de mer, du poisson fumé, et le yassa au poulet et yassa au poisson (rires).Je ne suis pas compliquée en termes de nourriture, que ça soit propre et pas trop salée.
Comment vous appelez votre mari pour lui faire plaisir ?
(Rires), xana El Assane.
Et lui, comment il vous appelle ?
Ay man xalebi ya sob, (rires). Il dit Amsa affaire bi yawla (rires).
Vous écoutez de la musique ?
Ah oui ! J’aime bien la musique, car ça adoucit les mœurs, ça détend, ça déstresse, ça entre dans le cœur quand elle est bien faite. Et Ndiaga (Mbaye) est quelqu’un qui nous a beaucoup comblés dans ce sens-là. J’aime bien la chanson, les belles chansons, la belle parole, que ça soit africaine, sénégalaise, occidentale, j’aime tout ce qui est beau et cette musique est belle.
Vous parlez de beauté, quel est votre style d’habillement, vous êtes fashion ou old ?
Ay man tay la tay (je suis prise aujourd’hui) (rires). Ce que j’aime le plus dans un habillement, c’est l’harmonie des couleurs, la simplicité, accompagné de bonne odeur de notre cuuraay naturel (rire). Je n’aime pas le clinquant, tout ce qui est simple. J’aime beaucoup notre design africain, car c’est beau le design, malheureusement, il est plagié, volé. J’aime les pagnes tissés, les colliers, les coupes qui inspirent l’Afrique, car l’Afrique a beaucoup à offrir sur le plan culturel. Tout ce qui élégant m’intéresse (rire)
Quelle est votre passion, à part votre vie professionnelle ?
J’aime faire le sport que je pratique parce que ça permet d’assurer l’équilibre, l’harmonie entre le corps et l’esprit, éclore la réflexion, la création, ça introduit le dynamisme ( avec les doigts, elle suit la rime). Or, nous avons besoin de cela pour faire le monde.
On vous voit tout temps souriante, vous arrive-t-il de péter les plombs ?
«Man dal lu may merlo… (ce qui peut m’énerver…)» (Elle reste pensive et cherche dans sa tête). Mais quoi qu’il arrive, j’ai toujours le sourire. Il y avait une chanson pareille quand on était enfant : «Quoi qu’il arrive, j’ai toujours le sourire». J’aime la vie, la vie du bon côté, car je médite sur tout ce qui peut m’arriver de pire. Et ça suffit pour mettre en elle la gaîté. En fait, il m’arrive très rarement de m’énerver. Et quand je le suis, c’est parce que l’autre est allé trop loin.
Quel est votre défaut
Elle marque une pause. Hum, je dois en avoir plein, tellement de défauts que je ne sais pas (rire)
Quelle est la qualité que vous appréciez le plus chez vous ?
Des qualités est-ce que j’en ai, il appartient aux autres de le dire. Peut-être que je suis naturelle, enfin je crois. En tout cas je suis exigeante (rire).
Saviez-vous danser ?
Ayuma won dé (je ne savais pas bien le faire). Je n’étais pas une grande épicurienne, ce qui m’intéressait c’était de réussir mes études, les étudiants me disaient que je suis une rat de bibliothèque. Ce que je n’étais pas une fille à problèmes, j’avais juste mes objectifs et c’était d’avoir de bonnes notes, et de passer en classe supérieure, réussir mes différents examens.
Mais avec vos études, comment s’est fait votre mariage ?
C’est vrai que j’étais une carriériste, mais je suis une femme. Ce n’est pas parce qu’on veut réussir au plan professionnel qu’on ignore la vie familiale. Car une famille elle est importante. A l’Ucad, pendant des décennies, j’ai enseigné le droit de la famille, car pour moi, il est nécessaire et primordial.
Le jour où votre homme, votre mari donc, vous a déclaré sa flamme, quelle a été votre réaction ?
(Elle se tord de rires...). Vous savez, quand j’étais étudiante, les étudiants qui me faisaient les yeux doux, je les envoyais promener et ils se fâchaient et disaient : «Hé bayilen qui, rat de bibliothèque, carriériste la, dafa soof» (laissez la, c’est une rat de bibliothèque, une carriériste, elle est chiante). Mais quand j’ai rencontré l’homme qui est devenu mon mari, c’était agréable, sans problèmes, ni heurts. Cela fait des années que nous sommes mariés et nous avons des enfants.