De la pensée musulmane
TARIQ RAMADAN : LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, PROBLEMES D'EDUCATION, RAPPORTS SOCIAUX…
En perspective de la 7ème Edition du Colloque international des musulmans de l'espace francophone (CIMEF) prévue en août prochain au Sénégal, le professeur Tariq Ramadan membre du comité de coordination du CIMEF a animé une conférence à l'Université de Dakar «Ethique, gouvernance et paix: quelles contributions de la pensée islamique?». A cette occasion, le conférencier a abordé entre autres sujets la corruption, la crise de l'éducation, et la presse.
Parlant de bonne gouvernance, Tariq Ramadan relève qu’il appartient au Sénégalais de changer leur pays. «Si l’on veut reformer le Sénégal, et bien c’est les sénégalais qui doivent se reformer, et qui doivent travailler là-dessus. Quand tu regarde le pouvoir et que tu dises: vous êtes tous des corrompus alors que toi tu viens de corrompre le policier de la circulation, tu fais parti du monde des corrompus. Car la corruption ne se mesure pas à combien tu as volé, mais à combien tu peux voler» en ce sens qu’une personne bien placée, «peut voler des millions et toi ne peut voler que quelques centaines» de F Cfa.
Le conférencier va plus loin en soulignant que la corruption qui traverse l’Afrique. A son avis, sur le contient les plus grand corrompus sont des Africains. «La corruption qui traverse l’Afrique, ne vient pas forcement d’ailleurs. Elle vient des africains eux-mêmes». Donc «le problème est aussi ici», dénonce-t-il avant d’inviter à refuser cette corruption. «A partir d’un certain moment il faut refuser la corruption, (…) la corruption élémentaire, la corruption ordinaire». Selon lui, la première des corruptions «c’est de parler dans le dos des gens. C’est une corruption intellectuelle. Il y a aussi la corruption financière, celle du quotidien etc.»
Dans un autre volet, Tariq Ramadan montre que qu’aujourd’hui les musulmans et musulmanes, ont un gros problème avec l’éducation, «parce que nos système d’Etats son problématiques. On a un vrai problème de justice social dans nos cursus scolaires. Un problème de contenu». A l’en croire, si dans notre ce pays, il y a des sénégalais qui «ne connaissent pas bien leur religion, je suis désolé, vous ne pouvez pas dire que vous n’avez pas les moyens d’accéder à une information et à la connaissance. Il faut arrêter la pensé victimaire. Il faut dès aujourd’hui ce prendre en charge, en éducation. Il faut reformer d’abord l’éducation personnelle, le temps que chacun de nous donne à son éducation personnelle d’un point de vu Islamique, parce que nous sommes dans une situation psychologique de dominés, nous donnons un enseignement islamique strictement sur les règles et non sur les contenus. L’on apprend aux jeunes comment prier, mais on ne lui apprend pas pourquoi au fond sa prière doit se faire avec le cœur».
D’ailleurs, «comment on enseigne l’Islam est l’un des grands défis de notre époque. Beaucoup le savent mais ne l’appliquent pas dans leurs familles et dans leurs enseignements. Les premiers responsables de l’état de l’éducation dans nos sociétés, c’est vous d’abord. Vous pouvez critiquez tous les savants de la planète, mais au bout du compte si vous, avec vos familles vos enfant et vous-même, vous ne faites pas le travail de réconcilier votre tradition avec une éducation sur les contenus, sur le sens et les objectifs, alors vous ne pourrez vous en prendre qu’a vous même. Aussi, le jour du jugement dernier, vous ne trouverez pas d’excuses en indexant les imams et autres. Vous savez ce qui vous manque. Quand on le sait, on se réveil», conseille-t-il.
Dire ce qui va, la responsabilité éthique du journaliste
S’adressant aux professionnels des médias qualifiés de médiateurs, Tariq Ramadan invite à un partenariat pour le changement des comportements. «Journalistes, vous êtes des partenaires de ce qu’on est en train de faire, (…) des citoyens et citoyennes qui ont une responsabilité. A partir d’un certain moment vous êtes des médiateurs et ce que vous dites du monde à un impact sur les gens. Vous avez une responsabilité éthique en tant que journalistes». C’est pourquoi il faut «arrêter de nous parler toujours de ce qui ne va pas, dites ce que les gens font de bien. Dites aussi ce qui est positif de l’activité humaine, quelque chose qui soit la grandeur de ce que nous sommes et non pas les problèmes de ce que certains font. Ayez ce courage là comme si journalistes, vous êtes aussi médiateurs».
Suffisant pour qu’il en appelle à repenser l’éthique. Pour cela, il convient de «réconcilier au nom de cet éthique la dimension de la loi parce qu’on la respecte et la dimension du cœur parce qu’on l’approfondit». Car le but ultime de l’Islam c’est la justice. «Dieu demande la justice et l’excellence qui est parfois pardonner. Nous n’adorons pas la justice qui un moyen de croire, de la paix intérieure. L’élément essentiel dans l’Islam c’est la pacification de l’être et la pacification sociale. Nous sommes des agents de paix».
Dès lors, il faut avoir un avoir un rapport de révérence avec Dieu le créateur, donc un rapport de service vis-à-vis des créatures. Et «la première personne que vous devez servir c’est toujours soi, en prenant soin de soi «c’est-à-dire se regarder dans une glace et se dire qu’est-ce je néglige de moi, de mon cœur, de mon intelligence. Prendre soin de soi, c’est prendre soin de sa mère, de son père, de ses enfants, de ses voisins, de sa société. C’est ça la réconciliation, l’éthique au quotidien. Se demander est-ce Dieu c’est l’ami de mon cœur ou le juge de mes fautes? Et de conseiller : «faites au Sénégal que ce soit l’ami des cœurs et non le juge des fautes, même s’il jugera les fautes, mais il est d’abord l’ami des cœurs, comme Il (Dieu SWT) nous l’a dit: «Ma Miséricorde précède ma colère», conclut-il.