DE LA RESPONSABILITÉ DES UNS ET DES AUTRES
L’ affaire Aïda Ndiongue charrie plusieurs interrogations. Notamment celle de savoir si la banque a un droit de regard sur le contenu des coffres privés. Des responsables de la banque, saisis par EnQuête, affirment que non. Pour étayer leurs propos, ils expliquent que si d'aventure la banque devait être cambriolée et des biens dérobés, la banque ne saurait être comptable du contenu de ces coffres, car justement elle n'a pas de droit de regard sur leur contenu.
“Elle est censée ignorer leur contenu”. Ils expliquent que c'est le même principe qui prévaut lorsqu'un passager loue une consigne dans une gare, pour y déposer un bien. En cas de perte, “est-ce que c'est la compagnie de transport ferroviaire qui paie ?, s'interrogent-ils.
Une autre question taraude les esprits. “Pourquoi la banque n'a pas saisi la Centif, pour faire une déclaration de soupçon sur la provenance de l'argent déposé dans les comptes de Aïda Ndiongue chiffré à des dizaines de milliards (47 milliards, si on prend en compte la valeur des bijoux déposés dans les coffres précités) ?
Ces hauts responsables de la banque déclarent sans ambages : “Tout argent qui provient du Trésor est licite”. Dans ce cas, soufflent-ils, la banque n'avait aucune raison de saisir la Centif, puisque l'État n'est pas censé blanchir de l'argent. “Ce n'est pas le rôle de la banque de voir ce que les gens ont comme biens”, souligne-t-on. D'ailleurs, outre “l'obligation de réserve et les règles prudentielles” qui guident la démarche de la banque, nos interlocuteurs soulignent que la banque n'a rien à cacher et n'aura aucun mal à se prêter aux questions éventuelles des enquêteurs.
Ceci pose la question du rôle de l'État dans cette affaire, surtout des autorités qui ont attribué les marchés et permis à la dame d'amasser le pactole. D'autant plus que l'argent, avancent nos interlocuteurs, a été déposé à la banque, à la fin de marchés en principe dûment exécutés et après que toutes les vérifications nécessaires ont été faites. Quels sont les marchés qui ont permis à Aïda Ndiongue d'amasser autant d'argent ?
Qui les as octroyés ? Dans quelles conditions ? Voilà autant de questions que les investigations de la section de recherches de la gendarmerie et de la Division des investigations criminelles (DIC) devront élucider. Autrement, comme souligné dans notre édition du week-end, une mise en demeure pourrait être servie à Aïda Ndiongue par le procureur Alioune Ndao et son substitut Antoine Félix Diome. La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) devrait lui demander de justifier l’origine de sa fortune et de donner l’identité des “étrangers” propriétaires de ces coffres-forts.