DEMOCRATIE DU CFA
Cheikh Bamba Dièye rue dans les brancards et brocarde le Conseil national de régulations de l’audiovisuel (CNRA) qui a interdit qu’il récidive en violant allègrement la loi comme ce fut le cas, lorsqu’il a fait diffuser un publi-reportage-vidéo intitulé «5 ans au service des Saint- Louisiens». Le ministre de la Communication et de l’Economie numérique n’est pas content parce qu’on lui a interdit de violer les règles. Curieux quand même ! S’il prétend avoir abattu un travail titanesque à la tête de la mairie de Saint-Louis, ses concitoyens apprécieront le 29 juin prochain. Mais, ce ne sont pas des millions versés aux médias qui feront la différence.
Toutefois, le secrétaire général du FSD /BJ n’est pas le seul ministre à fouler au pied les lois et les règlements du Sénégal pour obtenir illégalement une place dans les médias. Oumar Guèye, Aly Ngouye Ndiaye, Zahra Iyane Thiam (ministre conseiller), se sont tous, mis en marge des normes établies et rappelées à la veille du coup d’envoi de la campagne pour les Locales par le CNRA.
D’autres candidats, sans portefeuilles ministériels, ont jugé nécessaires de se mettre également, en marge. Ainsi, Moustapha Diop a-t-il fait diffuser son meeting d’ouverture de campagne, en direct de Louga. Mamadou Racine Sy de «And defar Podor» et de la coalition «Leral» d’El Hadji Diouf, ont fait la même chose. Idem pour Diogoye Faye et Serigne Amadou Amar, qui ont usé des insertions publicitaires.
Pendant ce temps, les candidats les moins nantis, s’ils ne sont pas seulement soucieux du respect de la loi, procèdent autrement.
Par des communiqués de presse, des textos, des coups de fil et autres courriels, ils usent au moins des règles conventionnelles afin que les médias relaient leurs activités de campagne. Certains vont même jusqu’à proposer d’envoyer un véhicule prendre un reporter au sein d’une Rédaction et de le faire ramener. Bref, à chaque équipe, sa méthode de communiquer pour rendre visible son candidat.
Seulement avec 2707 listes et coalitions, certains risquent de ne jamais voir la plus petite ligne de leurs activités dans les médias. N’ayant pas le don d’ubiquité pour être présent partout à la fois ou en plusieurs lieux en même temps, les médias font un tri pour mieux couvrir la campagne. Souvent, c’est selon les enjeux. C’est ainsi que Aminata Touré et Khalifa Sall disposent plus d’espace dans les colonnes, ondes et images, au niveau de Dakar. Normal, diront les communicants.
Mais le principal risque, ce serait d’accepter que les plus nantis financièrement occupent plus d’espace dans les médias que leurs autres adversaires. L’équité et l’égalité des candidats seraient foulées au pied. Et c’est la démocratie qui risque d’en pâtir.