DES ÉLECTIONS, MOULT INTERROGATIONS
Dans quelle ville suis-je né ? La réponse ne sera plus évidente après les élections locales et la mise en œuvre de l’Acte 3 de la Décentralisation pour ceux qui ont vu le jour à Dakar.
La place prépondérante que prend la commune d’arrondissement amènera certainement les citoyens à se questionner sur leur lieu de naissance. L’état civil va connaître un bouleversement, relèvent des spécialistes qui soulignent que la disparition de la région ne sera pas sans conséquences sur la délivrance de l’acte de naissance.
En attendant que cette équation soit élucidée et que soient proclamés par la Cour d’Appel les résultats définitifs de ces élections, il faut souligner que les Locales se sont tenues à date échue. Le respect du calendrier électoral était également un enjeu pour les locales. 28.028 conseillers municipaux et départementaux dans 602 collectivités locales ont été élus et le Sénégal s’est offert un nouveau bol d’air en projetant ses valeurs démocratiques.
Tout un chacun a pu s’exprimer tranquillement selon son libre arbitre. Les choix ont été faits et de nouvelles ambitions se dessinent ou veulent être consolidées par ceux qui ont été désignés par les citoyens, pour gérer leur destin durant ces 5 prochaines années. Entre ceux qui ont gagné leur pari et ceux, défaits, qui voient leur avenir politique obstrué, c’est un nouveau monde qui se dessine.
Certains sont déjà satisfaits de leur position : être conseiller municipal ou départemental leur suffit. Pour d’autres, le combat se poursuit car seule l’écharpe peut les satisfaire. Ce qu’ils veulent, c’est être maire ou président de Conseil départemental.
A ce niveau, il y aura encore des tractations. Des vérités jailliront d’ici là, qui permettront de mieux comprendre que les élections de cette année sont à nulle autre pareille. La prolifération des listes et coalitions, l’argent qui a beaucoup circulé, ont faussé le jeu démocratique. Il y a eu une guéguerre sournoise au sein de certaines listes et coalitions. Un jeu de fausseté à vomir, comme ce fut le cas à Sokone et dans d’autres localités où le fond de l’immoralité a été touché.
Si les coalitions et listes au pouvoir ont été sanctionnées dans plusieurs localités, l’explication a des causes multiples, dont notamment la bataille de positionnement qui mine l’APR. L’hypocrisie, la sournoiserie, la fausseté et la dissimulation, ont innervé les relations entre les différents leaders politiques.
Des comportements irresponsables que les Sénégalais désavouent, d’où le faible taux de participation. ‘’Il n’y a pas de morale en politique’’ dit l’adage. Ceci mérite relecture. Macky Sall, le secrétaire général de l’APR et président de la République, tirera les enseignements des mauvaises pratiques.
Les mauvais comportements constatés lors de ces élections interpellent l’OFNAC qui a son mot à dire dans l’assainissement et la régulation de l’espace politique sénégalais. Dans certaines localités, l’argent a coulé à flots. Une armada de campagne a été déployée et il faudrait savoir d’où viennent ses moyens. Il est temps que les comptes de campagne puissent faire l’objet d’un examen judicieux de la part des organes de contrôle.
Depuis 1984, la question du financement des partis politiques est agitée et aucune réponse n’a encore été fournie, malgré la nomination d’un médiateur en la personne du Pr El Hadji Mbodj en 1998. Le président de la République, Macky Sall, qui s’est ému de la prolifération des listes et coalitions lors des locales que nous venons de vivre, doit se pencher sur ces deux questions et leur trouver des réponses.
La communalisation universelle ou intégrale, qui est une nouvelle donne de la décentralisation, mettra à rude épreuve les compétences des nouveaux maires. Ils devront faire preuve d’initiatives pour répondre aux attentes des populations. Le credo du gouvernement est de mettre en place des « territoires viables compétitifs et porteurs de dynamiques de développement durable».
Des compétences locales et des ressources locales bien ciblées devraient permettre d’atteindre les objectifs de développement. Cependant, au-delà des 9 domaines de compétence que gèrent les communes, il s’agit surtout pour l’Etat d’accompagner les collectivités locales en décentralisant les moyens. L’acte 3 ne réussira que si un dialogue inclusif est développé.