DES DOMESTIQUES CONVOYÉES AU LIBAN À PARTIR DU SÉNÉGAL
TRAITE DES PERSONNES
Un réseau permettant de recruter et d’envoyer des femmes domestiques à des fins d’exploitation au Liban existerait au Sénégal. La remarque est du président de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants (Cnltp), El Hadji Malick Sow qui précise même qu’une enquête est ouverte pour la suivie du dossier. La Cnltp a remis, hier jeudi 5 mai le rapport de ses deux ans d’activité aux autorités de la Primature.
«Il a nous été rapporté récemment, l’existence d’un réseau qui exploite de jeunes filles domestiques à destination du Liban». La déclaration est du président de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants (Cnltp), El Hadji Malick Sow qui a remis hier, jeudi 5 mai, le rapport des deux ans d’activité de sa structure au directeur de cabinet du Premier ministre, Diatourou Ndiaye. En outre poursuit-il, «nous n’avons pas manqué de saisir le ministre des Affaires étrangères par le truchement du ministère de la Justice et ce dossier est en cours d’instruction».
Continuant dans la même mouvance, le secrétaire permanant de la Cnltp d’ajouter, «il nous est récemment signalé qu’il y a des offices qui se créent dans le pays qui disent aux femmes: «nous pouvons vous trouver du travail dans un pays étranger ou un autre alors que nous y déduisons de forte présomptions de traite». Par ailleurs, le rapport montre que plus de 25% de jeunes filles sont victimes de travail domestique précoce dans les régions de Fatick et de Ziguinchor. La traite des personnes ne se limite pas au travail domestique, elle revêt d’autres formes dont les plus courantes sont l’exploitation par la mendicité, le travail domestique, l’exploitation sexuelle, la pédophilie et le travail forcé.
Un phénomène difficile à quantifier
Selon le directeur de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants, El Hadji Malick Sow, l’ampleur du phénomène est difficile à qualifier et à quantifier parce que la traite est dissimulée, mobile et en constante évolution. Pis, la dimension transfrontalière vient s’ajouter à ces difficultés. Cependant, El Hadji Malick Sow reste convaincu que le nombre d’enfants exploités à travers la mendicité se développe de façon inquiétante au Sénégal. Le même constat est valable pour les femmes utilisées comme objets sexuels venues en grande partie de la sous région. La traite est aussi présente dans les servitudes des migrants. Le profit que génère la traite des personnes à l’échelle mondiale estimé à 32 milliards par l’Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime (Onudc) fait qu’elle est devenue l’activité la plus lucrative après le trafic de drogue et le commerce des armes. Par conséquent, elle est un point de chute des adeptes des pratiques mafieuses.
Ainsi pour éradiquer ce phénomène au Sénégal, pays de transit, la Cnlpt recommande l’identification des victimes, l’éradication de certaines pesanteurs sociales, l’information, la sensibilisation, l’éducation et surtout l’application rigoureuse de la loi 2005-06 du 10 mai 2005 relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées. Mieux, il est opportun, de l’avis des responsables de la Cnlpt, de renforcer le contrôle aux frontières et d’accroitre la collaboration avec les services compétents.
MANQUE DE MOYENS, ACTIVITES ENTIEREMENT FINANCEES PAR LES BAILLEURS : LA CNLTP INTERPELLE L’ETAT
«Le budget de fonctionnement de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants (Cnltp) ne lui permet pas de mener convenablement la mission que vous avez bien voulu lui confiée», a dit le président de la structure, El Hadji Malick Sow au directeur de cabinet du Premier ministre, Diatourou Ndiaye. Selon El Hadji Malick Sow, le plan d’action triennal dont la mise en œuvre constitue la base du rapport remis hier, vendredi 5 mai, aux autorités de la Primature a été exécuté à 80% grâce à la collaboration et la contribution des partenaires de la cellule dont l’Office des Nations unies contre le drogue et le crime (Onudc) et l’Organisation internationale pour les migrants (Oim).
Pis, renchérit-il, le plan d’action qui avait été chiffré à 200 millions de F Cfa a été financé pour l’essentiel par ces derniers. Pourtant fait remarquer El Hadji Malick Sow, une lettre du Premier ministre d’alors, Abdoul Mbaye, datée du 22 janvier 2013 et adressée au ministre de l’Economie et des Finances demandant le financement des activités de la cellule est restée sans suite. Le président de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants trouve qu’il est nécessaire de remédier à cette situation surtout que le département d’Etat des Etats-Unis à cité le Sénégal dans la liste des pays qui doivent faire des efforts dans le respect des standards minimums des droits des couches vulnérables.