DES EXPERTS DENONCENT LA NON APPLICATION DES LOIS
PROCESSUS ET ETAT DE DROIT EN AFRIQUE
L’état de la démocratie en Afrique a fait l’objet d’un panel, en marge de la cérémonie d’ouverture de la 2ème réunion annuelle de haut niveau sur la gouvernance et la démocratie. Les participants notent des avancées, mais déplorent la non-application de lois qui régissent les constitutions.
« Evaluation de l’état de constitutionnalisation et gouvernance des lois en Afrique », c’est le thème du panel organisé hier, avec comme modératrice la journaliste Madeleine Mukamabano. Les intervenants ont procédé à une évaluation du processus démocratique en Afrique puis proposé des pistes de solution. Selon l’ancien Premier ministre de la République de Centrafrique, Anicet George Dologuelé, la situation qui prévaut actuellement dans son pays, illustre à merveille, les difficultés auxquelles font face la démocratie, l’état de droit et le respect des lois et des constitutions dans le continent. «La Centrafrique est aujourd’hui un pays où l’Etat est très faible, l’opposition étouffée, désarticulée ; tandis que les institutions ne jouent plus leur rôle. Tous les ingrédients étaient réunis pour que le pays bascule», regrette-t-il. Pour l’ancien chef du gouvernement centrafricain, le problème fondamental auquel sont confrontés l’état de droit et la démocratie dans son pays et dans beaucoup d’autres en Afrique, est la non-application des textes. Il rappelle qu’en Centrafrique, les textes et lois ont été progressivement mis en place depuis 1993, mais constate-t-il avec amertume, ils n’ont pas été appliqués. Ce qui le pousse à s’interroger réellement sur l’utilité des constitutions dès lors qu’elles ne seront pas respectées par les dirigeants.
L’ancien président du Burundi, Pierre Bouyoya, relativise et pense que l’Afrique a accompli des progrès remarquables en démocratie depuis l’instauration du multipartisme vers les années 1990. « En 1990, la démocratie en Afrique était encore dans ses balbutiements. Aujourd’hui, elle s’est beaucoup améliorée. A preuve, 20 élections ont été organisées en Afrique rien que pour l’année 2013 », a-t-il noté avec satisfaction. Globalement, Pierre Bouyoya s’est dit optimiste quant à l’avenir de la démocratie et de l’état de droit dans le continent noir ; même s’il dit encore remarquer beaucoup de violations des droits de l’homme sous plusieurs formes.
Un sentiment que partage l’ancien ministre des Affaires étrangères, Dr Cheikh Tidiane Gadio, par ailleurs président de l’Institut panafricain de stratégies. Et pour cause, le printemps arabe et la manifestation du 23 juin au Sénégal, sont, selon lui, la preuve que les Africains s’approprient, de plus en plus, la démocratie et leurs constitutions. Il n’empêche, Cheikh Tidiane Gadio estime que «nous avons besoin d’institutions fortes et surtout de bons leaders ». Il appelle ainsi à réexaminer le rapport de nos dirigeants aux institutions qui, une fois au pouvoir, tripatouillent les Chartes fondamentales. Représentante du vice-président de la Banque mondiale au Sénégal, Dr Vera Songwe salue les avancées que le continent noir a réalisées en démocratie. Elle souligne néanmoins qu’il faut aller plus loin en améliorant notamment les textes.