DES MEANDRES D’UNE BANQUEROUTE FRAUDULEUSE AU JARDIN D’EDEN…ROC
Retour sur le passé d’un prête-nom de Karim Wade
A mesure qu’avancent les enquêtes entamées par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), il se dégage de plus en plus des pistes qui confortent les enquêteurs dans leur conviction qu’Ibrahima Abou Khalil Bourgi est un des pions de Karim Wade. Bibo est à la tête d’une fortune aussi vertigineuse qu’intrigante sous le régime de Wade.
Des avoirs colossaux à travers des prises de participations dans diverses sociétés écran montées dans des paradis fiscaux et qui siphonnent littéralement des pans entiers de l’économie et immeubles de très haut standing comme Eden Rock qui lui valent des poursuites judiciaires dans le cadre de la traque des biens mal acquis.
La Crei qui est convaincue que Bibo n’est en réalité qu’un prête-nom de Karim Wade et qu’il s’est enrichi de façon supersonique, va être confortée dans ses recherches par le fait qu’Ibrahima Abou Khalil Bourgi ne payait de mine à la fin du règne des socialistes. A preuve, en 1998, il était dans des micmacs financiers pour se soustraire de la mauvaise passe dans laquelle il se trouvait. L’industriel d’alors avait vu ses affaires péricliter, au point de mettre la clé sous le paillasson.
Le 30 mars 1998, Ibrahima Abou Khalil, Directeur général de la Société sénégalaise de plastique et dérivés (Soplad) saisit le Greffe du tribunal régional hors classe de Dakar d’une déclaration de cessation de paiements. Motifs allégués : la société «était confrontée à des difficultés insurmontables qui compromettent la poursuite de ses activités ; son passif immédiatement exigible est largement supérieur à son actif ; tous les efforts entrepris par les dirigeants de la société pour épurer le passif et assurer le maintien de l’activité sont restés vains ; qu’aujourd’hui, la société est en état de cessation de paiements qui ne lui permet pas d’honorer ses engagements envers ses créanciers, qu’elle ne peut même pas proposer le concordat (…)». Et c’est sur cette base que tribunal régional hors classe de Dakar a admis, le 15 avril 1998, la Soplad en liquidation de biens et a fixé la date de cessation de paiement au 31 mars 1998.
Ibrahim Khalil Bourgi, coupable de banqueroute frauduleuse
Seulement, le 21 juillet 1998, le nommé Hachem Yazback (qui a participé au montage de la Soplad) avait engagé les poursuites contre Ibrahima Abou Khalil Bourgi (Dg Soplad) et Samir Bourgi (représentant de la Soplad), pour «escroquerie, banqueroute frauduleuse». Alors que Bernard Labadens (Dg de la Sgbs et la Sgbs) était poursuivis pour complicité d’escroquerie et complicité de banqueroute frauduleuse. Le plaignant réclamait ainsi 200 millions de F Cfa à titre de dommages et intérêts dans la complexe affaire de banqueroute ourdie par Bibo qui, entre temps, avait dépouillé la société de biens importants et procédé à des micmacs comptables pour rendre plus crédible le passif déclaré afin d’en faciliter le dépôt de bilan.
Il a été condamné à 2 ans d’emprisonnement avec sursis
Et si Bernard Labadens de la Sgbs avait été relaxé des faits qui lui étaient reprochés, Samir Bourgi et Ibrahim Khalil Bourgi ont été reconnus coupables de banqueroute frauduleuse, par le tribunal qui les a condamnés chacun à 2 ans d’emprisonnement avec sursis et à payer à Hachem Yazback, la partie civile, 100 millions de F Cfa à titre de dommages et intérêts. C’était courant septembre 1999.
Les plaignants qui avaient saisi la Cour d’Appel, n’avaient pas eu gain de cause. Dans un arrêt émanant de la Chambre correctionnelle, en date du 28 juin 2000, la Cour d’Appel de Dakar confirmait le jugement qui renseigne sur une autre facette de Bibo.