DES ORIGINES DU PEUPLEMENT, AU MYSTERE SUR LE NOM DU PREMIER HABITANT DE L’ILE AUX COQUILLAGES
L’HISTOIRE DE L’ILE DE FADIOUTH
Les sources historiques et l’oralité s’accordent sur les origines des premiers habitants de l’île aux coquillages. Ces sources s’accordent à l’unanimité que les fondateurs de Fadiouth sont des mandingues originaires du Gabou qui s’est disloqué à la suite des guerres. Là où elles ne s’accordent pas, c’est sur le premier habitant. Les sources historiques citent le nom d’un roi bambara Fadiara-Fadiouth alors que la légende cite les noms de Ndolane et Ndagne.
FADIOUTH - Il est difficile de donner avec exactitude le nom du fondateur de l’Ile de Fadiouth. Mais selon l’actuel batteur des tambours des «xoy» de l’île aux coquillages, Fadiouth a connu deux vagues de peuplement. Ces vagues fuyant les guerres tribales ont peuplé l’unique île au monde recouvert de coquilles. Selon les témoignages du vieux Dominique Sarr, l’un des détenteurs de l’histoire orale de Fadiouth qu’il a reçue des ancêtres, les fondateurs seraient originaires de l’empire du Gabou qui s’est disloqué, suite aux multiples guerres qui le minaient à l’époque.
«Les fondateurs sont les mandingues qui viennent de l’empire du Gabou en Guinée-Bissau. Ils ont sillonné la côte à partir de Sangomar. Ce sont eux qui ont planté tous les villages au bord de la mer et dont les noms commencent par ‘Fa’. Ainsi, Fadiouth jusqu’à Fadiar et Faoye, tous font partie des villages implantés par les Mandingues en provenance de l’empire du Gabou», a témoigné Dominique Sarr. En plus, a-t-il ajouté, les guerres qui ont aussi miné le Sine et les exactions de Bour Sine ont également poussé les réfractaires à la guerre à trouver une terre de refuge. C’est la seconde vague de peuplement de l’île.
Une île peuplée en deux vagues
Ces deux vagues de personnes non belliqueuses qui ont fui le Gabou, le Sine et même le Saloum, narre-t-on, étaient à la recherche d'un endroit calme et paisible. Cet endroit pacifique cherché, c’est l’île aux coquillages. Les conditions d’une vie tranquille sans turbulences sont réunies. Et le choix n’est pas fortuit. Puisque la mer constitue, d’après le Vieux Dominique Sarr, une muraille de défense contre d’éventuels envahisseurs. «Les plus téméraires qui ont tenté d’envahir l’île y ont laissé des plumes sous les eaux. C'est ainsi que nous pouvons noter les échecs du Sine-Saloum qui avait voulu prendre d'assaut le village et dont les envahisseurs se sont vus noyer ou dérouter par des flèches et des abeilles», a relaté le Vieux Sarr.
Ainsi, des témoignages du conservateur de la culture de l’île de Fadioutth, on retient une chose. C’est que les esprits protecteurs et les forces occultes ont largement contribué à la protection des insulaires dont les ancêtres ont fui le Gabou et le Sine qui étaient des zones de guerre. «On nous disait souvent que les Fadiouthiens étaient foncièrement hostiles à la guerre. C’est la raison pour laquelle ils ont laissé la brousse pour habiter sur l’île, pour ne pas subir les assauts des envahisseurs. Si, par exemple, les guerriers du Sine viennent envahir l’île, les insulaires aspirent l’eau de la mer et quand l’envahisseur arrive au milieu de la mer les autochtones laissent la mer les engloutir», a-t-il raconté.
Des racines qui remontent à l’empire du Gabou
Sur l’origine de l’appellation de l’île, l’«historien» a, dans son récit, essayé de percer le mystère sur le nom du fondateur. «On a tout le temps demandé à nos ancêtres qui nous ont précédés, seul le nom de Ndolane est cité. Et d’après les ancêtres, son tombeau était à la bordure de la mer qui l’a actuellement envahi», a narré l’actuel batteur des tambours des «xoy» de Fadiouth. Cependant, le recoupement des recherches des historiens donne avec plus de précision l’histoire de l’île recouverte de coquilles. Selon ces recherches publiées dans plusieurs sites, l’île est fondée vers le 13e siècle. Son fondateur serait un roi bambara originaire de l’empire du Gabou du nom de Fadiara-Fadiouth. C’est son nom qui est donné à l’île. L’amitié de ce roi bambara avec Massa Waly Ndione est renforcée, selon la source, par son mariage avec une nièce à Massa. Et de là, le rapprochement avec les Diakhanora est scellé. D'où l'appartenance de l'île à la famille maternelle de Tiboye, elle-même Diakhanora.
Contrairement aux récits issus de l’oralité qui ont fait du vieux Ndolane le premier à être enterré dans le mythique cimetière de la localité, certaines sources historiques ont cité un autre nom: celui Ndagne. D’après leurs recherches, il fut le premier habitant mort et enterré dans l'île. Ndagne s'est donc vu attribuer le titre de fondateur par la légende.
Des insulaires plus cultivateurs que pêcheurs
Les insulaires sont réputés être de bons pêcheurs. Mais ceux de Fadiouth ont un autre atout. Ils sont aussi de grands agriculteurs. Parce qu’ils sont des propriétaires de beaucoup de terres à Nianda et dans les villages environnants. L’actuel tambour major des «xooy» de l’île, qui n’a jamais passé une saison hivernale hors de l’île aux coquillages, l’a confirmé.
«J’ai cultivé pendant 60 ans sans interruption», a confié le vieux Domique Sarr. Selon lui, les habitants de l’île ont de vastes étendues de terre au niveau des villages environnants.
Position confirmée par François Ndiaye, un habitant de l’île résidant actuellement à Dakar. «Dans l’île, il n’y pas de champs, mais les Fadiouthiens sont plus cultivateurs que pêcheurs», a témoigné M. Ndiaye qui se rappelle ses parents qui le réveillaient à 4 heures du matin pour aller cultiver leurs champs à Mbodiène, à une dizaine de kilomètre de l’île, à pied.
CHARPENTE DE L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE DE L’ILE - Fadiouth et ses 6 «Pencs»
A l’image de la communauté léboue où on en dénombre 12, la division administrative de Fadiouth s’appuie sur 6 «Pencs». Ces «Pencs» qui sont implantés dans les 6 quartiers jouent le rôle de tribunal garantissant l’équilibre de la société.
FADIOUTH - La richesse de l’île aux coquillages se passe sans commentaire. Elle a des similitudes avec beaucoup de cultures des autres contrés du pays. Ainsi, à l’image de la division administrative de la société léboue basée sur 12 «Pencs», la charpente de l’administration traditionnelle de Fadiouth s’appuie également sur des «Pencs» qui sont au nombre de 6. Ces «Pencs» jouent un rôle important dans l’organisation et la cohésion de la société. Selon les vieux rencontrés dans l’île à l’occasion de la fête du 15 août, cette subdivision est un gage de stabilité.
Ainsi, malgré le problème d’espace qui se pose avec acuité, les «Pencs» sont implantés sur une place stratégique aux abords de chacun des 6 quartiers de l’île. Ces places jouent le rôle de miradors pour surveiller l’île contre les envahisseurs. Les sages de chaque quartier se rencontrent quotidiennement au niveau des «Pencs». Ces espaces sont considérés comme le tribunal traditionnel de règlement des différends. Puisque les problèmes opposant deux familles, par exemple, y trouvent souvent une issue heureuse.
A chaque quartier sa statuette
Et quand la discussion porte sur un thème qui engage toute l’île, c’est le grand «Penc» qui est le lieu de convergence. Ce sont les plus anciens «Pencs», à savoir Ndioum ou Ndiaye-Ndiaye qui accueillent alors les sages. Cette tradition est perpétuée jusqu’à nos jours. Car la plupart des fonctionnaires regagnent l’île à la retraite et s’y rencontrent.
La forte présence des statuettes qui marquent la prédominance des catholiques à Fadiouth est aussi l’autre spécificité. Ce que confirme l’affirmation du Curé Dominique Niakh selon laquelle «Fadiouth est une terre où l’Evangile est enracinée». Ainsi, on trouve la statuette Saint Eloi au quartier Ndonguène, Sainte Thérèse à Ndioum, Saint François Xavier à Ndoffène, Santa Maria à Ndiaye Ndiaye, Saint Raphaël est implanté à Ngor Neb, Lourde au quartier Fassar.