Des policiers et leurs familles risquent de se retrouver dans la rue
SOMMES DE QUITTER LE CELIBATERIUM DU CAMP ABDOU DIASSE
Il y a encore des remous à la police nationale. Des agents qui habitent l’immeuble «célibatérium», au camp Abdou Diassé, ont été priés de vider les lieux pour une réhabilitation. Ce qui n’est pas du goût des concernés qui dénoncent une injustice.
Des éléments de la police nationale qui habitent dans le «célibatérium» du camp Abdou Diassé, derrière la gare routière Pompiers, sont dans un grand désarroi. Et pour cause, ils risquent de se retrouver incessamment dans la rue. L’immeuble qu’ils occupent devant être rénové.
Selon un de ces policiers toujours en activité, «c’est à la suite d’une visite effectuée par le ministre de l’Intérieur qu’il avait été décidé une rénovation de l’immeuble qui commençait à montrer des signes de vétusté». Toutefois, ont-ils précisé, «aucune date n’avait été retenue et portée à leur connaissance». Mais le 14 juin 2013, grande fut leur surprise lors de leur réveil. «En allant au travail, nous sommes tous tombés sur une note affichée devant le ‘célibatérium’», raconte un agent. Ce document nous demande de libérer le bâtiment dans un délai d’une semaine. La raison donnée : une réfection des locaux», renchérit un autre policier.
Deux logements de fonction à Thiès et Dakar pour les épouses du patron du Gmi
Ces policiers se disent ahuris, d’autant qu’ils n’ont reçu ni «d’indemnités, ni assez de temps pour pouvoir se reloger ailleurs». Mais ce qui les inquiète le plus, c’est qu’ils ne sont pas sûrs de se voir reloger dans ledit bâtiment une fois qu’il sera rénové. «Nous sommes partis voir quelqu’une de nos autorités, mais aucune d’entre elles n’a pu nous garantir que nous regagnerons le ‘célibatérium’ après réfection», peste ce policier y logeant avec son épouse et ses deux enfants.
Pour bon nombre de ces policiers, la réhabilitation du bâtiment n’est qu’un prétexte pour les déguerpir. Pour cet agent de police, la situation qu’ils sont en train de vivre n’est qu’une injustice de plus. «Il y a toujours de l’injustice dans la police sénégalaise. On veut nous mettre dehors, alors que pendant ce temps, le commandant du Gmi a deux maisons de fonction : une pour sa première épouse à Thiès et une autre pour sa seconde épouse à Dakar», dénonce-t-il.
«Les agents concernés veulent avoir le beurre et l’argent du beurre», répond le commissaire Ndiaye
Nous avons approché la direction des relations publiques de la police pour savoir ce qu’il en est réellement de ce dossier. Un entretien avec le commissaire Alioune Ndiaye, directeur des relations publiques a permis de savoir que le déguerpissement est avéré.
«C’est la direction de la construction du ministère de l’Intérieur qui a décidé de réhabiliter ce bâtiment qui menace ruine», renseigne le commissaire Ndiaye qui nous a reçus dans son bureau. Il s’inscrit en faux contre les allégations des occupants actuels de l’immeuble qui disent n’avoir pas été avertis à temps. «A plusieurs reprises, on leur a demandé de quitter. D’ailleurs, le dernier délai a expiré ce lundi (Ndlr : 17 juin 2013)», a-t-il déclaré.
Pour le commissaire Alioune Ndiaye, les agents concernés veulent «avoir le beurre et l’argent du beurre». Il s’explique en ces termes : «La plupart des agents qui habitent cet immeuble sont mariés et vivent avec leurs épouses. Ils reçoivent tous des indemnités de logement, mais veulent continuer à s’entasser dans ces locaux parce qu’ils ne paient ni eau ni électricité».
En plus de cela, dit-il, le «célibaterium» n’avait pas été prévu pour des familles, mais pour des policiers célibataires. «Comme son nom l’indique, le ‘célibatérium’ est un immeuble où les policiers célibataires habitent chacun dans une chambre. C’est eux qui se sont permis d’amener leurs épouses», affirme-t-il, avant de dire, s’agissant du potentiel relogement de ces agents, que «seuls ceux qui ont encore droit au logement seront relogés». Concernant les deux logements de fonction du commandant du Gmi, le Commissaire Alioune Ndiaye dit ne pas maîtriser ce dossier, mais met cela sur le compte d’une «probable exigence liée à sa fonction».
Les policiers qui logent encore au «célibaterium» du camp Abdou Diassé avec leurs familles disent ne pas être responsables de la situation actuelle. Comme ce dernier qui dit : «A plusieurs reprises, j’ai demandé à rejoindre les appartements pour mariés, mais en vain».
Ces agents de police ont, en tout cas - si on se fie à la note affichée au camp - jusqu’au 24 juin 2013 pour quitter l’immeuble.