DES SENEGALAIS EXIGENT LA VERITE ET DES SANCTIONS
DECLARATION DE MACKY SALL SUR L'AFFAIRE DE LA DROGUE DANS LA POLICE
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Tout faire pour redorer l'image de la police nationale écornée après la publication du rapport faisant état d'une infiltration des narcotrafiquants dans la police, tel semble être, aujourd'hui, le vœu le plus cher des Sénégalais. Au détour d'un micro trottoir fait, hier, dans certaines localités de Dakar, certaines populations interrogées ont, comme d'une seule voix, réclamé que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui pollue l'atmosphère au sein de l'Office central de répression contre les trafics illicites des stupéfiants (Ocrtis).
«C’est une affaire très grave à laquelle on doit trouver des solutions. Le Directeur général de la police nationale (Dgpn) doit apporter des éclaircissements par rapport à cette équation, juste pour la notoriété de la police», a confié Aly Sissoko. Un jeune homme de teint clair croisé aux alentours de l’Université Dakar Bourguiba (Udb). Selon lui, «la police a un rôle très spécial dans la société. Elle ne doit pas encourager la population à s'investir dans les trafics de stupéfiants. Il faut la lumière sur cette affaire», exige-t-il.
Après lui, Mamadou Gningue, cet autre interviewé n'en dira pas moins. Quadragénaire rencontré près d’une école de formation, il a déploré de vive voix ce fait qui continue d'alimenter les débats. «Je ne sais pas s’il est coupable ou pas. A mon avis, l’Etat doit ouvrir une enquête la dessus», indique M. Gningue qui trouve que «c’est très dangereux ce qui se passe dans notre pays actuellement. Si on consomme la drogue, on est puni par la loi», et on se demande «alors que faire quand ceux qui sont chargés de veiller sur cette loi sont les plus corrompus».
A l'instar de ses deux prédécesseurs, M. Camara est lui aussi d'avis que «ce sont des accusations qu’il faut éclaircir. Si c’est un haut gradé de la police qui fait ces terribles révélations alors ce n'est plus du hasard. Cependant, il faut les deux versions pour faire la part des choses. Comme la police est assez outillée, peut-être avec une bonne enquête on saura les aboutissants», indique notre interlocuteur. Ce dernier, professeur d'espagnol de son état, interrogé alors qu'il se rendait à la mosquée, trouve que «c’est trop facile que ces patrons de la police s’accusent mutuellement et que la question soit enterrée». D'où sa conviction ferme que «nous allons à la dérive».
C'est dans les mêmes conditions que sera croisée une jeune dame du nom de Amina Loum. Etudiante à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) elle est du même avis que le Président Macky Sall. «Il faut des enquêtes sans délai. Après cela, il faut aussi procéder aux sanctions». Plus prudente que cette dernière dans ses propos, Assy Dieng Ba s'est voulue optimiste, ne serait-ce que pour ses parents policiers. Vendeuse d’articles ménagers près du marché Castors, elle clame : «Il faut la lumière, certes, sur cette question. Mais, il faut surtout assainir le milieu de la police et faire des recherches approfondies sur la personnalité d'un agent avant de lui confier une responsabilité. Une histoire de drogue ne doit pas secouer la police sénégalaise, je pense que c’est une honte pour notre démocratie», dit-elle.
Djibril Mbaye, vendeur de meubles sur l’avenue Bourguiba, pense que ce sera une page de l'histoire qui sera vite tournée et oubliée. «On va beaucoup parler, mais je ne suis pas sûr que les enquêtes vont se poursuivre», regrette M. Mbaye. Lui emboîtant le pas, le vieux Alé Ndiaye, un sexagénaire trouvé en train de lire son journal devant la porte de son domicile à Dieuppeul, pense que le Président doit s'y impliquer. «Macky Sall doit intervenir. A peine des nominations faites dans ses rangs, la police se permet de se livrer dans des histoires de drogue. Si ce sont des règlements de comptes, qu’on le sache. En tout cas, c’est rare de voir une telle situation dans la police sénégalaise», renseigne-t-il.