DEUX PLUMES REPLONGENT LES LECTEURS DANS LE DRAME SUR FOND DE CONSCIENTISATION
"SOUVENONS-NOUS DU JOOLA"

Un double recueil de poèmes sur le naufrage du bateau "Le Joola" intitulé "Souvenons-nous du Joola" a été présenté, hier, au Goethe Institut. Il se veut un rappel pour conscientiser sur ce drame.
Le Goethe Institut, dans sa logique de promouvoir la littérature, a initié une rencontre hier. Une discussion sur le recueil de poèmes : "Souvenons-nous du Joola", en référence au drame maritime qui a fait 2000 victimes au large de la Casamance. Ainsi, replongeant les lecteurs dans ce triste drame, deux ouvrages qui traitent un thème ont été visités: le recueil de poèmes du Sénégalais Ibrahima Ndaw intitulé "L’Espoir immergé" et du Français Patrice Auvray, titré "L’Au-delà".
Pour le premier nommé, c’est un père meurtri qui conte une histoire tragique de sa Ziguinchor natale, qu’il considère comme le pays des rivières où coulent tous les rêves de sa race. Pour montrer son amertume, car ayant perdu trois de ses enfants dans ce naufrage, il a écrit un ouvrage in memoriam pour exorciser sa souffrance.
"Les palétuviers, les palmiers, les cris de joie et de fureur, les rires simples, les rires d’enfants, les rires de ses trois filles disparues", lit-on dans le quatrième de page. Publié aux Editions Athéna, ce recueil de poème de 36 pages, et de 21 poèmes, est préfacé par Jean Michel Seck. "Un seul titre pour cinq mille larmes et trois âmes, ‘L’Espoir immergé’... L’homme qui écoutait les trois voix marines au bout de sa douleur intense a reconnu les voix de ses trois filles perdues dans les sons de la mer et les notes se confondaient et les voix se mêlaient, se cherchaient et s’entrechoquaient", écrit-il.
Parlant de son ouvrage, M. Ndaw a fait savoir que c’est un volume qui a été revu, puisqu’il s’intitulait "Une fleur dans la mer", en 2008, pour, dit-il, faire vivre le souvenir de ses filles parties très jeunes. "En 2013, ce que j’avais écrit était déjà un recueil, j’ai changé de cap pour faire ‘L’espoir immergé’. Parce que j’étais arrivé à un moment où, mentalement, je voyais dans mon esprit et j’imaginais qu’elle devait être l’image de ma fille. Qu’est-ce qu’elle est devenue, qu’est-ce qui l’aurait embrassée. C’est là d’où vient l’espoir immergé", note-t-il.
L’auteur déclare que 12 ans après, on a l’impression que la plaie s’est refermée et qu’on ne sent plus rien. "Mais il suffit d’une petite discussion avec quelqu’un qui vous connaît ou une amie de la famille, de l’enfant, qui rappelle certains souvenirs, cela vous touche forcément. C’est comme une vague qui vous submerge", dit-il en demandant que justice soit faite dans cette histoire.
Pour Patrice Auvray, rescapé du naufrage du bateau "Le Joola", le titre de son livre,"L’au-delà Casamance", à un double sens. Ce titre, dit le préfacier, le Colonel Moumar Guèye, sonne comme un calembour se traduisant par l’eau de la Casamance, cette eau de mer tempétueuse qui a avalé tant de victimes.
Dans ce recueil de 49 pages, avec 21 poèmes, Patrice se dit "l’avocat des morts. Car (il est) revenu du monde des mort". Aussi dénonce t-il que tant d'années soient passées sans que les responsable soient punis, et que les gens n'ont pas pu tirer les leçons de cette tragédie. Aussi, lâche-t-il: "Mais on a l’impression que le drame n’a pas servi de leçon à la population. J’interpelle la responsabilité de toutes et de tous".