DISCRIMINATION POSITIVE
Le Renouveau et l’émergence du Sénégal ne se fera qu’avec une Casamance réconciliée avec elle-même, pacifiée, respectée, stable, prospère et émergente
Quarante milliards de francs pour la reconstruction de la Casamance avec le programme prioritaire de Développement de la région, c’est une véritable aubaine qui tombe sur la partie sud du Sénégal. La région naturelle de la Casamance que l’on considérait naguère comme le grenier du Sénégal, le mérite véritablement. Hélas, elle a trop souffert, souffre et continue de souffrir de plus de trois décennies de rébellion.
Trois décennies marquées par des exactions en tous genres, braquages, mines anti personnels, déportations de populations, paupérisation accentuée des autochtones…. La liste est loin d’être exhaustive. Pourtant, ce sont des Sénégalais de pure souche dont le seul tort est d’être victimes d’un éloignement et d’un défaut de considération de la part de l’administration centrale. Ce qui avait poussé des «illuminés», à faire germer dans l’esprit des populations et finalement à la brandir, la possibilité d’une future accession de la Casamance, à la souveraineté internationale.
Une utopie certes, mais qui avait fini par s’ancrer dans le subconscient de ces populations, dont le terroir est coupé du lien ombilical avec la mère-patrie, par un autre Etat : la Gambie. Un accident de l’histoire qui fait que ce pays s’enfonce dans le ventre du Sénégal comme une langue dans une bouche et du coup, la coupe en deux parties, poussant même les citoyens d’un même pays à s’appeler «nordistes» et «sudistes».
Cela renvoie à l’Amérique de la guerre de sécession. Si ce grand pays a réussi son unification et à la consolider, rien n’empêchera le Sénégal d’y parvenir. Le Sénégal dont la devise est : Un peuple, un but, une foi.
Cette discrimination positive donc que vient de lancer Macky Sall avant-hier à Ziguinchor, relève certes de la matérialisation d’une promesse de campagne, mais elle vient à son heure et laisse augurer de lendemains meilleurs pour cette partie du Sénégal.
Une discrimination positive qui s’est aussi illustrée sur le plan sportif, avec un bus et une enveloppe de 23 millions de F CFA à l’équipe fanion de la région: le Casa-Sport. Un don du chef de l’Etat. Un tel soutien serait certes le bienvenu dans tout club, mais force est de reconnaître que le Casa-Sport est assez désavantagé géographiquement pour bénéficier de cette discrimination, somme toute positive, de la part de Macky Sall.
Après Matam qui s’est «rattachée» davantage à l’autre partie du pays avec l’ouverture de la route Linguère –Matam qui a sensiblement raccourci l’éloignement, c’est au tour de la Casamance de se sentir mieux insérée dans ce grand ensemble qu’est le Sénégal. «Le bonjour aux Sénégalais», que l’on lançait à tous voyageurs qui quittaient ces contrées éloignées (Casamance et Fouta), ne doit plus avoir droit de cité. Cela l’Etat semble l’avoir compris. Macky Sall a d’ailleurs annoncé le désenclavement interne et externe de la région.
Ainsi, le pont Emile Badiane a été réhabilité en 2013, de même que les routes Cap Skirring-Diembéreng et Diouloulou-Kafountine. Pour 2014, d’autres axes sont prévus tels que Kolda-Pata-Médina Yoro Foula-Fafacourou… Mieux encore, en plus du navire Aline Sitoe Diatta, Aguene et Diambodji mouilleront au cours de cette année, pour mieux soigner la Casamance de son mal pernicieux : son enclavement.
Le Sénégal qui compte se lancer dans la voie de l’émergence a besoin de tous ses fils. Ils doivent tous se sentir concernés par cette nouvelle entreprise qui se fixe pour deadline 2035. C’est de la conjugaison des efforts de l’ensemble de ses fils, que le Sénégal sera enfin sur la voie de l’émergence. Lui qui court derrière un retard de prés de 25 ans vis-à-vis de la Côte d’Ivoire.
Ce pays qui sort d’une dizaine d’années de guerre civile, cherche à attendre l’émergence en 2020. Or, pour le Sénégal, toujours considéré comme un havre de paix, l’objectif est l’horizon 2035. C’est dire qu’il ya lieu de se retrousser les manches. Le célèbre slogan du président Wade lancé en 2000, «travailler, encore travailler, toujours travailler», devrait être remis au goût du jour, pour accompagner cet autre appel lancé de Paris par son prédécesseur.
Celui de travailler et de rompre avec la tricherie. Une tricherie qui a fait perdre des centaines de milliards au contribuable sénégalais. La preuve avec cette Casamance à qui, on a promis des dizaines de milliards, pour satisfaire une promesse électorale. Pourtant, elle en a bénéficié depuis l’époque des socialistes, sans pour autant qu’il n’y ait jamais eu d’évaluations.
La Casamance est depuis l’éclatement de ce conflit, un véritable cimetière de projets et de programmes, SOMIVAC, ANRAC, entre autres… Osons espérer cette fois que le Projet pilote de développement de la Casamance (PPDC), la fera sortir à jamais de l’ornière. Il y va de la paix, de la concorde et de la stabilité nationale. Comme l’a du reste bien rappelé le chef de l’Etat, «le Renouveau et l’émergence du Sénégal ne se fera qu’avec une Casamance réconciliée avec elle-même, pacifiée, respectée, stable, prospère et émergente».