DIVERSION COUPABLE !
MARCHER CONTRE UNE GOUVERNANCE BASÉE SUR L'ÉTHIQUE ET LA VERTU ?
Le comité directeur du Pds promet d’organiser aujourd’hui, mardi 23 avril 2013, une grande marche nationale pour la défense des libertés démocratiques, et la libération des « otages politiques ». Par ce biais, les libéraux comptent ainsi dénoncer ce qu’ils considèrent comme des manoeuvres relevant d’une instrumentalisation de la justice après que Karim et ses présumés complices ont été inculpés et écroués à la prison centrale de Rebeuss. Mais enfin, de quoi cette arrestation est-elle le nom ?
Pour n’avoir pas pu, au terme d’une enquête menée dans le cadre de la Cour de répression de l’enrichissement illicite érigée par une loi datant de 1981, convaincre le procureur spécial de la licéité de ses avoirs, Karim et compagnie ont été écroués en attendant les résultats des investigations du magistrat instructeur. Etant entendu que leurs conseils bénéficient de toutes les voies de recours et de toutes les dispositions prévues dans un Etat de droit, il n’est donc pas de bon ton de fustiger une loi scélérate. A ses contempteurs de l’ancien régime, on ne peut en effet s’empêcher de poser une question simple : Que ne l’ont-ils abrogée durant les douze années où ils étaient au pouvoir ?
Dés lors qu’ils ont préféré cohabiter avec, la décence voudrait qu’ils s’arrêtassent d’inverser les choses, en voulant embarquer les gens dans des voies sans issue, celles consistant précisément dans une chasse qui tend à prendre l’ombre pour la proie. Il est vrai qu’il n’y a pire aveugle et pire sourd que celui qui ne veut pas voir ni entendre. C’est ainsi que, préférant casser le thermomètre pour cacher la maladie, ils ont choisi de faire dans la dénonciation d’une prétendue « justice des vainqueurs » si ce n’est d’un « pouvoir revanchard », etc., au lieu d’aborder de front les questions telles qu’elles se posent.
Dans ce cas de figure, il est demandé aux présumés coupables de justifier ou d’infirmer la fortune qui leur est prêtée. Sans présuger d’une quelconque culpabilité, force est de reconnaître que Karim et compagnie ne sont pas des prisonniers politiques. Il ne leur est pas reproché d’avoir prononcé des paroles ayant offensé le chef de l’Etat ni d’avoir porté atteinte à la sécurité intérieure. Ils sont suspectés d’enrichissement illicite et de complicité d’enrichissement illicite.
Aussi, parce que l’impunité reste la plus grande menace contre la démocratie, importe-t-il de se défaire de toute tendance à la victimisation.
D’autant plus que partout, au Sénégal comme le monde alentour, sourdre l’exigence d’une gouvernance basée sur l’éthique et la vertu, surtout de la part des politiques et des élus. C'est-à-dire des hommes et des femmes qui ont fait le serment de bien gérer les ressources publiques et de se mettre au service de leurs concitoyens. La lutte contre la prévarication et la concussion constitue par conséquent une demande sociale aussi importante que celle contre la hausse des prix des denrées de première nécessité.
Un pays ne peut en effet mobiliser ses ressources et les mettre au service des populations quand il est sous la coupe réglée de gens tout à leurs conforts personnels, prêts à tous les écarts pour arriver à leurs fins.
Aussi, à défaut de faire marcher ce pays à l’endroit, ceux-là qui l’ont fait marcher sur la tête durant douze longues années veulent s’adonner désormais à l’activité qu’ils maîtrisent le mieux : empêcher de tourner en rond.
La marche d’aujourd’hui initiée par le Parti démocratique ne peut nullement détourner de l’urgence de la moralisation de la vie publique.
Il est donc venu le temps de laisser la justice travailler en toute sérénité sans polluer l’atmosphère par des considérations subsidiaires. Loin de toute diversion partisane, voire coupable.