DJIBO VIOLE SA PROPRE LOI
Il avait préconisé de légiférer sur la transhumance
Djibo Ka a décidé de répondre à l'appel de Macky Sall. Pourtant, en mai 2012, il préconisait une loi pour arrêter la transhumance. C'est un passé récent. Très récent.
Ça y est ! Il est parti. Djibo Leyti Ka a rejoint le Président Macky Sall, selon L'Observateur, dans son édition d'hier. Il y en a qui auraient retourné leur veste, on y aurait vu aucune surprise. Même si le Rénovateur en chef n'est pas à son premier coup. Il n'est pas question ici de rappeler encore le fameux épisode du 14 mars 2000.
Qui mieux que lui d'ailleurs pour être le paladin de l'éthique et du verrouillage de la transhumance aussi bien parlementaire que dans les partis politiques ? Dans un passé très présent et récent, le secrétaire général de l'Union pour le renouveau démocratique (Urd) avait sorti un single qui avait pourtant fait le buzz dans les réseaux politiques. En mai 2012, au lendemain donc de l'alternance du 25 mars et à la veille des Législatives du 1er juillet de la même année, il propose des sanctions contre les transhumants.
Djibo en 2012 : "Je préconise une loi pour arrêter ce phénomène"
"La Constitution du Sénégal prévoit qu'un député qui quitte son parti politique perd son mandat à l'Assemblée nationale. Mais j'avoue que cela ne suffit pas. Je préconise une loi organique pour arrêter ce phénomène. Au Sénégal, tous les partis politiques sont secoués par la transhumance. Un phénomène qu'on doit réglementer pour assainir les mœurs politiques. Les gens valsent et fuient comme ils veulent chaque fois qu'il y a changement de régime. Ces pratiques n'honorent pas notre démocratie. Je suis foncièrement contre la transhumance qui est une tare pour la démocratie. C'est un manque de citoyenneté. Ce qui s'est passé de 2000 à nos jours est honteux et condamnable", avait déclaré l'enfant de Thiarny, en marge d'une réunion de préparation du scrutin législatif dans son fief de Linguère. Il viole déjà une loi qui n'existe pas encore.
Djibo répond à l'apologie de Macky Sall
Entre-temps, Macky Sall qui l'accueille aujourd'hui avait fait l'apologie de la transhumance à Kaffrine et reçu des pierres de l'opinion publique, de la société civile et même de certains de ses alliés. Et il est aussitôt venu à l'esprit la pertinence de la proposition de loi annoncée par Djibo Ka. D'autres le rejoindront d'ailleurs dans sa nouvelle robe de défenseur de l'éthique.
Le député Apr de Benno bokk yaakaar, Djibril War, dit : "Je ferai une proposition de loi qui va priver tout transhumant de fonction (maire, député, élus locaux) pendant deux ans. Il faut que cela cesse." Puis Cheikh Seck, député Ps du même groupe qui préconise l'érection d'un "monument de la honte sur lequel les noms des transhumants seront inscrits en guise d'enseignement aux générations futures". Et Souleymane Ndéné Ndiaye qui va plus loin en plaidant la répression par la peine de mort.
Un petit berger au service de (l'Alliance pour) la République
Qui sait, dix ans après son autobiographie Un petit berger au service de la République et de la Démocratie, s'il ne nous surprendra pas avec "Un petit berger au service de (l'Alliance pour) la République" ? Il n'a pas rejoint le parti présidentiel, mais c'est tout comme. Les doués dans l'art du reniement s'essaient souvent à la nuance.
Il n'en manque pas qui ont le toupet de limiter la transhumance au seul fait d'un changement de parti, "oubliant" le changement d'une coalition à une autre, d'un régime à un autre. Les politiques de l'engeance de Djibo n'officialisent rien sans un contrat en bonne et due forme. Un poste pour être clair, et pas des moins étoffés, surtout pour un ancien ministre d'État.