DR NGOM DIENE UN DES CONCEPTEURS D’UN MODÈLE MATHÉMATIQUE POUR SUIVRE LA PROPAGATION DE L’ÉPIDÉMIE À VIRUS EBOLA

L’enseignant chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, Dr Ngom Diène, fait partie de l’équipe de chercheurs qui a conçu un modèle mathématique permettant de suivre l’évolution de l’épidémie à virus Ebola à partir des pays les plus affectés. Il détaille les principes du Between countries disease spread (Be-Codis) dont les derniers tests prévoient la fin de cette épidémie dans 9 mois dans les pays les plus touchés.
L’enseignant-chercheur à l’Ufr des sciences et technologies de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, avec Benjamin Ivorra et Angel Ramos, tous deux chercheurs à l’Université de la Complutense de Madrid, vient de mettre au point un modèle mathématique dans l’optique de suivre la propagation de l’épidémie à virus Ebola.
Ce système baptisé Be-Codis (Between countries disease spread) offre la possibilité de prévoir les zones à risque où l’épidémie pourrait s’étendre en se basant sur les données des pays touchés.
« Le modèle Be-Codis permet de calculer les zones à risque d’évolution de l’épidémie Ebola à travers le monde en tenant compte des pays actuellement contaminés », soutient le mathématicien. Il évalue les risques aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Fin de la circulation du virus en Afrique
En réalité, le système est une combinaison de deux modèles. Le modèle déterministe individu centré, explique-t-il, décrit les risques de contamination d'un pays en tenant compte des autres Etats déjà affectés par le virus Ebola et avec qui il partage des flux migratoires. Quant au modèle déterministe, il trace l’évolution de l’épidémie Ebola à l ́intérieur d ́un pays.
« Nous avons pro- posé une formulation mathématique du modèle en décrivant l'évolution de la maladie par des systèmes d’équations différentielles ordinaires. Ensuite, pour valider le modèle, nous avons fait diverses simulations numériques en tenant compte des paramètres historiques obtenus sur l’épidémie d’Ebola de 2014 », poursuit le chercheur.
Ngom Diène ne se fait aucun doute sur la fiabilité des tests du modèle. Cette interrogation le pousse à revenir, de manière plus détaillée, sur les principes de ce modèle mathématique qui est, du reste, une représentation imparfaite du réel, c’est-à-dire peut avoir une marge marginale d’erreurs.
D’ores et déjà, les prédictions des mathématiciens sont voisines des chiffres fournis par les organismes internationaux engagés sur le front de la lutte contre l’épidémie.
« Nous faisons régulièrement des simulations numériques pour comparer les résultats du modèle Be- Codis avec les données fréquemment fournies par les organismes internationaux œuvrant dans la lutte contre cette épidémie. Nous avons constaté que les résultats obtenus par le modèle Be-Codis confirment les tendances sur l’évolution de la maladie à travers le monde. Nous pouvons donc dire que les tests du modèle Be-Codis sont concluants », défend l’enseignant.
Lui et ses collègues ont fait les dernières simulations numériques. Ces dernières révèlent, à l’état actuel des données et si les tendances se maintiennent, que l’épidémie pourrait disparaître en Afrique à l’exception du Liberia, de la Sierra Leone et de la Guinée.
L’acceptation scientifique du modèle
« Les dernières simulations que nous avons effectuées avec le modèle Be-Codis nous donnent des conclusions très rassurantes sur l'évolution de l'épidémie à virus Ebola en Afrique. Les simulations prévoient qu’elle pourrait disparaître dans 9 mois dans les pays touchés à l'exception du Liberia, de la Sierra Leone et de la Guinée », rapporte le Dr Diène.
Le modèle Be-Codis n’est pas uniquement conçu pour anticiper sur la propagation du virus d’Ebola. Il est possible de le paramétrer pour aider les acteurs et les spécialistes de la santé à définir des stratégies de réduction des risques de propagation des maladies transmissibles en cas d’épisode d’épidémie.
Ce modèle sera envoyé dans des revues scientifiques afin d’être publié. Il sera soumis aux jugements des spécialistes de la modélisation. C’est ce regard qui compte plus pour ceux qui l’ont mis au point.
L’enseignant-chercheur à l’Université de Ziguinchor ne doute pas un seul instant que les scientifiques accepteront leur travail qui est déjà soumis sous le feu des critiques depuis sa mise en ligne sur arXiv.org. D’autres scientifiques ont formulé des suggestions pour son affinement.
Regard sur l’enseignement des mathématiques
« Nous sommes très optimistes que notre travail sera accepté sur le plan scientifique. Pour nous, ce qui importe, c’est l’acceptation scientifique, que le travail soit jugé et accepté par les scientifiques spécialistes du domaine. Il existe des revues scientifiques où ces genres de travaux sont envoyés pour leurs évaluations, et une fois que tout sera au point, nous enverrons les résultats de notre travail à une de ces revues scientifiques », précise le scientifique.
M. Diène apprécie les mesures que les autorités sont en train de prendre pour améliorer les enseignements des mathématiques au Sénégal.
Il regrette que peu de bacheliers scientifiques optent de suivre des études en mathématiques dans les universités publiques sénégalaises. L’universitaire a une solution contre le dépeuplement des filières scientifiques dans les collèges et lycées.
« La multiplication des licences d'enseignement des mathématiques dans toutes les universités du Sénégal permettra, à long terme, de disposer d'enseignants qualifiés en mathématiques dans les collèges et lycées », note-t-il tout en suggérant l’octroi de bourses d’excellence aux collégiens et lycéens qui ont embrassé les filières scientifiques.