DROIT DANS LE MUR
ALLIANCE DES FORCES DU PROGRÈS
Radicalisation des jeunes, dissidence des cadres, volonté manifeste du chef de respecter une parole donnée, l’Alliance des forces du progrès (AFP) va droit au mur.
L’Alliance des forces du progrès (AFP) va mal. Le parti de Moustapha Niasse s’enlise de plus en plus dans un gouffre profond et ne semble pas prêt à survivre au débat sur sa candidature en 2017. Entre la volonté de Moustapha Niasse de respecter la parole déjà donnée au président de la République, Macky Sall et la détermination des jeunes et quelques hauts responsables de son parti à présenter un candidat en 2017, aucun compromis ne semble possible. Dès lors, le parti glisse progressivement vers l’implosion.
"Depuis la déclaration du 10 mars de Moustapha Niasse, c’est le désordre qui règne au sein du parti", fustige le porte-parole de l’Alliance nationale des cadres du progrès (ANCP). Selon Bérouba Guissé, "il y a un net clivage entre le sommet et la base du parti". Mais, avertit-il, "l’Afp refuse de se laisser mourir et les gens s’organisent à l’intérieur et à l’extérieur pour que le moment venu, le parti puisse participer, naturellement, à toutes les compétitions politiques". "Comme tout parti politique, l’Afp est née pour conquérir le pouvoir et rien ou personne ne pourra nous détourner de cet idéal", souligne le responsable progressiste dans le département de Dahra. Qui pense que "le candidat naturel devrait être le n° 2 du parti, Malick Gackou".
D’un avis contraire à celui de Bérouba Guissé, l’analyste politique Ibou Sané estime lui que "ni Malick Gackou encore moins un autre responsable du parti ne pourront gagner devant Macky Sall en 2017". Autrement dit, "si les jeunes de l’AFP s’entêtent à vouloir coûte que coûte présenter un candidat en 2017, ils se feront laminer".
Selon l’enseignant en science politique, "ce n’est pas une obligation pour un parti politique de toujours se présenter à une élection présidentielle qui est un moment très sérieux et nécessite beaucoup de préparation". Cela, "surtout qu’avec le contexte national actuel, si le président Macky Sall met un peu d’embellie sur le plan économique, il rempilera en 2017". Mais pour Berouba Guissé, "si en 2017 nous ne sommes pas présents, l’Afp ne sera plus jamais présente sur l’échiquier politique. Il est aberrant et politiquement naïf de croire qu’on pourra se remobiliser, s’organiser et se préparer pour 2022 après avoir renoncé à 2017.
Ibou Sané de rétorquer : "L’AFP n’est pas un parti solidement implanté comme le PS ou le PDS, elle est dans la même situation que l’APR. Même si Moustapha Niasse se présente en 2017, il se ferait laminer parce qu’il est comptable du bilan de Macky Sall. Revenant à la charge, le porte-parole de l’Alliance nationale des cadres du progrès (ANCP) estime : "La responsabilité doit être individuelle. Niasse et Aliou Sarr pris individuellement sont effectivement comptables, mais l’Afp des profondeurs n’est en rien comptable de quoi que ce soit. Une manière pour le responsable progressiste de Dahra de dire que "cet argument de responsabilité partagée n’est pas valable.
Quoi qu’il en soit, cette crise qui mine l’AFP pose le problème même de la succession de Moustapha Niasse. A la tête du parti depuis sa création le 16 juin 1999, l’actuel président de l’Assemblée nationale n’a jamais bougé d’un iota et n’est pas encore près de débarrasser le plancher. Pourtant, selon Bérouba Guissé, "il gagnerait beaucoup à convoquer rapidement un congrès ordinaire pour remettre le parti à l’endroit et surtout, le rajeunir complètement afin de pouvoir prendre sa retraite politique.