DU BOULOT A FAIRE
AGENCE DE LA SECURITE DE PROXIMITE
Le lancement officiel par le Premier ministre, Aminata Touré, de la formation des nouveaux agents de l’Agence de la sécurité de proximité nous a permis d’avoir une meilleure idée sur la composition d’une structure qui est une première au Sénégal. On en entendait parler sans en connaître le véritable rôle. Son caractère inédit explique peut-être les flèches assassines que lui plantent souvent certains opposants du régime, du reste sceptiques quant à sa vraie finalité.
Si des alliés comme Serigne Mansour Sy Jamil, faisant référence aux miliciens du président Gbagbo, assimilent l’agence à une milice privée où évolueront des hommes de mains du régime de Macky Sall, d’autres s’en servent comme alibi pour tancer la politique d’emploi du gouvernement qui croule sous le poids de la promesse de campagne du candidat Macky Sall consistant à fournir 500.000 emplois au cours de son quinquennat. Aussi, le fait de voir les capacités professionnelles et intellectuelles de titulaires de Licences et Masters réduites à des postes de relais de sécurité avec une «récompense» mensuelle de cinquante mille francs, n’est pas du goût de certains observateurs. Certainement un moral d’acier a du permettre au pouvoir de rester de marbre face à toutes ces critiques dissuasives, et mettre sur pied l’ASP
Seulement, loin de verser dans des débats stériles, il serait plus intéressant d’aborder de manière subjective cette question de l’insécurité qui a concouru à la création de cette nouvelle agence de sécurité. En réalité, il faut avoir le courage de le dire : l’ASP a toute son utilité. Même si dans son organisation formelle, elle est sujette à des reproches et perfectible, reconnaissons que dans le fond, elle a du mérite. En effet, l’insécurité grandissante qui prévaut depuis quelques temps dans le pays, impose à nos gouvernants d’apporter des solutions idoines pour la libre circulation des personnes et de leurs biens. Cette insécurité est d’autant plus préoccupante qu’il ne se passe un seul jour sans que des scènes d’agressions ou des crimes odieux, ne soient étalés dans la presse. Devant une telle psychose qui enlève le sommeil aux populations, impuissantes devant de tels actes criminels, il fallait réagir. Et vite.
Cependant, que ce soit au plan logistique ou au niveau du profil des ressources humaines, l’ASP est invitée à revoir sa copie. Car en voulant «accélérer la cadence», pour parer un à problème de sécurité publique, l’Etat risque d’hypothéquer l’avenir de cette nouvelle agence. Car mise sur pied sur une «coquille vide», l’ASP manque de tout. En plus de l’absence de supports logistiques, les bâches installées dans le pole de Dakar et devant servir de lieu de formation aux agents en est une parfaite illustration. Ce n’est pas pour rien que devant madame Aminata Touré, le coordonnateur de la formation des futurs agents a égrené un chapelet de doléances. Ce commissaire divisionnaire a compris qu’on ne badine pas avec la sécurité. Puis, avec tout ce que requièrent les métiers de la sécurité en termes de formation et de suivi, un mois semble peu pour former des novices en la matière. Surtout que ceux-là sont attendus sur un terrain complexe, rythmé par les agissements, tous plus rocambolesques et doués les uns que les autres, de malfrats redoutés. Pour affronter ces marginaux qui ont pignon sur rue dans les milieux du grand banditisme, les moyens humains mis à contribution par cette agence doivent être en adéquation avec la complexité de la tâche. Ce n’est pas pour stigmatiser, mais nombreux sont les observateurs qui voient mal un homme ou une femme à la physique pas du tout virile, assurer des missions de sécurité de ce genre. Malheureusement, nombreux sont les agents à classer dans ce lot. Un mois suffira-t-il pour rendre vigoureux et dynamiques ces futurs camarades des policiers qui n’ont jamais pensé exercer ce genre de métier ? A dire vrai, l’intention est noble, mais aucun réalisme ne la suit. Une situation à revoir au plus vite d’autant que, après seulement quelques jours de formation déjà, ces futurs agents «exposés à insécurité publique» se sont mis dans la tête être des membres à part entière de l’Armée. D’ailleurs, en voulant appeler ses camarades à plus de détermination, le porte-parole des agents s’est permis de dire : «On est militaire non ?». Non, dirais-je ! Tout simplement parce qu’il y a encore du travail à faire.