EL HADJI IBRAHIMA SALL DÉNONCE LE CHOIX DU PROJET
AUTOROUTE THIÈS-TOUBA
L’efficacité des dépenses d’investissements, la cohérence et l’opportunité dans la mise en œuvre des projets, c’est entre autres, les questions sur lesquelles El Hadji Ibrahima Sall s’est penché hier, lors d’un panel organisé dans le cadre du colloque international de l’Association sénégalaise des anciens élèves et auditeurs de l’Ecole nationale d’administration de France. Abordant la question de l’autoroute Thiès-Touba, l’ancien ministre du Plan a décrié le choix de ce projet.
Les problèmes de croissance de notre pays sont liés à l’inefficacité des dépenses d’investissements. C’est la conviction de El Hadji Ibrahima Sall qui présidait hier un panel sur le thème : «Gestion macro-économique, sécurité, cohésion sociale et intégration dans le Plan Sénégal émergent (Pse)».
Selon l’ancien ministre du Plan, «nous mettons beaucoup d’argent et malheureusement nous n’avons pas de croissance au bout».
Il explique «qu’en termes d’organisation économique et en termes de suivi et de monitoring en gestion macro-économique, il faut passer d’indicateurs d’efforts vers des indicateurs de résultats, parce que des efforts nous en faisons toujours». Mais, estime-t-il, «la question qu’on doit se poser, c’est est-ce que les efforts produisent toujours des résultats ?»
D’après l’ancien ministre sous Diouf, pour arriver à inverser les tendances liées au taux de croissance de notre pays encore faibles, il faut penser à l’efficacité des dépenses d’investissements, en étant concret, tout en pensant avant tout à la cohérence et à l’opportunité des projets.
Prenant l’exemple de la construction de l’autoroute Touba-Thiès, il soutient que ce projet n’est pas bon pour Touba. «Nous avons décidé d’affecter 410 milliards pour une autoroute Touba-Thiès. Ce projet n’est pas un bon projet pour Touba, parce que les talibés de Touba qui quittent Thiès pour venir à la ville sainte sont beaucoup moins nombreux que les talibés qui vont quitter la Casamance et la Gambie pour venir à Touba», a-t-il expliqué.
A son avis, «du point de vu d’affluence, il aurait été plus judicieux de faire une route de contournement de la Gambie (...) On aurait avec les mêmes moyens fait une route d’intégration vers Bamako, parce que nous ne sommes pas assez intégrés».
Se basant sur ces exemples, M. Sall a fait savoir que «du point de vu de la cohésion et de l’intégration, cette décision d’investissement n’était pas bien». «Une route qui va être occupée 3 jours sur 365. Si vous faites une interview au niveau des populations sur les priorités à Touba, vous n’aurez pas cette route», a-t-il déclaré.
L’économiste est convaincu qu’une politique économique est une cohérence. «Lorsque vous faites des choix d’investissements, il faut les faire de la façon la plus rigoureuse possible. C’est une question de fond.
Pour une meilleure efficacité des investissements publics, il faut voir les courbes d’opportunités», a-t-il rappelé.
Dans son exposé, El Hadji Ibrahima Sall est aussi revenu sur l’obligation de soumettre les gens qui ont des responsabilités aux contrats de performance. L’autre point abordé par le conférencier, c’est la question de l’intégration.
Pour lui, on ne peut pas parler d’émergence sans intégration. D’après lui, on ne peut pas être de petites contrées et que chacune dans son coin prétende émerger.
«L’émergence ne pourra se faire que dans le cadre d’une intégration, elle est au cœur. Qu’on se donne dans le Pse les moyens de renforcer l’intégration sur les projets, sur les réformes ! Il faut y aller, faire en sorte que cela marche. Nous sommes obligés d’émerger avec une sous-région», a-til recommandé.