ELY MANEL DIOP ÉTALE LES PLANS DE KARIM WADE
MONTAGE DE LA SOCIÉTÉ AHS
Cheikh Bamba Diagne |
Publication 22/01/2015
Ancien condisciple de Karim Wade au collège Sainte Marie de Hann, Ely Manel Diop a révélé hier devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) que l’ancien ministre a joué de tout son poids dans la constitution de la société Aviation Handling services (Ahs). Directeur général de 2002 à 2007, le témoin affirme également avoir vu l’ancien ministre lors d’une réunion sur le fonctionnement de Ahs.
Dans ses réponses, on sent une parfaite maîtrise du sujet. Ely Manel Diop, 46 ans, comptable de formation, a fait hier une série de révélations qui risquent de confondre davantage Karim Wade.
Devant la barre de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), cet ancien directeur général puis Pdg de la société Aviation handling services (Ahs) présente Wade-fils comme un des principaux animateurs du montage de cette structure.
Après avoir juré de dire la vérité devant la Crei, il retrace l’historique de ses relations avec l’ancien ministre d’Etat.
«Jai partagé la même classe que Karim Wade. C’était au collège Sainte Marie de Hann, en secondaire», signale-t-il d’emblée, depuis sa chaise sur laquelle il est confortablement assis, vêtu d’un costard jaune. Objet de son audition, le montage de Ahs est illico introduit par Henri Grégoire Diop, le président de la Crei.
D’une voix mélodramatique, Ely Manel Diop explique : «J’ai été contacté en novembre 2002 par Karim Wade au téléphone. Il m’a invité à déjeuner avec lui chez ses parents au point E, et m’a fait la proposition de travailler avec des partenaires suisses. Par la suite, il m’a introduit auprès de Ibrahim Abou Khalil (Bibo) et auprès de Pape Mamadou Pouye. Je connaissais ce dernier depuis une vingtaine d’années.»
Sur l’acquisition du matériel de fonctionnement de la structure dont il était le directeur général, Ely Manel Diop renseigne que Karim Wade a joué de tout son poids afin que celle-ci bénéficie des outils de la défunte Air Afrique. «Karim m’avait demandé à l’époque de m’en ouvrir à Mamadou Seck, alors ministre des Transports. Il faisait des démarches pour qu’on ait ces matériels.»
Il insiste : «Concernant Karim Wade, il m’a personnellement demandé de lui faire le premier document portant description des fonctions des agents que Ahs devait recruter pour démarrer ses opérations. Il est également intervenu auprès de moi par téléphone, au cours des séances de travail à l’immeuble Abm. J’ai également reçu des instructions de la part de Ibrahim Abou Khalil et de Pape Mamadou Pouye.»
Poursuivant son témoignage à charge, M. Diop précise que c’est Karim lui-même qui leur a décliné un plan pour prendre le contrôle d’une société concurrente, Sénégal handling services (Shs). Il a ajouté que «les personnes qui sont intervenues dans la mise en place et dans la gestion de Ahs sont Karim Wade, Ibrahim Abou Khalil et Pape Mamadou Pouye».
Après avoir monté Ahs pour un capital de 10 millions F Cfa, le directeur général dit avoir constaté des «non-dits» dans cette boîte, lorsqu’on lui a montré les actionnaires. Il va quitter cette structure en 2007 sur ordre de Bibo Bourgi.
Enfin, pour montrer la présence de Karim dans la sphère de décision de l’entreprise, Ely Manel Diop a raconté avoir vu, lors d’une réunion qui concernait l’administration de Ahs au salon de Bibo Bourgi, Karim Wade, Pape Mamadou Pouye et Pierre Agboba.
«Je l’ai bien vu ce jour-là à l’immeuble Abm», martèle-t-il. Le témoin revient à la barre ce matin.
