EN 2014, 44% DES FEMMES ONT ACCOUCHÉ CHEZ ELLES
KOLDA-PAUVRETÉ, MANQUE DE MOYENS DE TRANSPORT, ROUTES DÉFECTUEUSES
Le nombre de femmes qui accouchent dans les maisons inquiète à Kolda. Le chiffre est de 44% en 2014. Les Organisations communautaires de base (OCB) prennent la question à bras le corps.
Selon la coordonnatrice de la santé de la reproduction de la région médicale de Kolda, Reine Marie Coly, le taux d'accouchements dans les structures sanitaires de la région de Kolda est de 56% pour 2014. 44% des femmes ont accouché à domicile, à leurs risques et périls.
En 2013-2014, le district sanitaire de Kolda a dénombré plus de 200 cas d'accouchements à domicile. Selon le médecin chef de ladite structure, Dr Abdoulaye Mangane, il s'agit de femmes qui ont accouché à domicile et qui viennent au district sanitaire avec leurs bébés pour bénéficier de soins médicaux.
Dr Mangane souligne pourtant que beaucoup d'efforts et de programmes sont orientés vers la santé maternelle et néonatale, dans le but de réduire ces accouchements à domicile. "Il y a la gratuité des accouchements et la gratuité de la césarienne. Toutes ces politiques du ministère de la Santé et de l'État contribuent à ce que la question financière ne soit pas un frein pour les accouchements au niveau de toutes les structures de santé. Malgré tout, on continue de dénombrer des cas d'accouchement à domicile", se désole-t-il.
Toutefois, le médecin souligne que "l'accouchement à domicile n'est pas une question spécifique à la région de Kolda. C'est une réalité dans tout le pays".
Pour déterminer la fréquence des accouchements à domicile, ainsi que les facteurs favorisant le choix de ce lieu, les Organisations communautaires de base (OCB) de la commune de Kolda ont mené une enquête de ménages, du 27 au 31 mai 2015. Ils ont visité certains quartiers pauvres dont Hafia, Sinthiang Samba Coulibaly, Saré Kémo, Hilèle et Zone Lycée.
Il est ressorti de cette étude que 18% des accouchements ont eu lieu en dehors d'une maternité, entre janvier 2015 et le mois de mai. Les femmes interrogées, qui sont pour la plupart analphabètes et sans profession, ont en moyenne entre 20 à 30 ans. 64 % d'entre elles méconnaissaient les risques liés à la grossesse et à l'accouchement à domicile. Par ailleurs, 26 % de ces femmes trouvent l'accueil à la maternité mauvais.
L'enquête révèle aussi que les facteurs qui favorisent ces accouchements sont l'inaccessibilité géographique et financière, l'ignorance des femmes et la mauvaise perception des services de maternité. A ce casse-tête se greffent d'autres difficultés, notamment le manque de maternités, de blocs opératoires dans la région de Kolda, l'insuffisance des structures bien équipées, des routes très défectueuses, le manque d'ambulances dans certains postes de santé, entre autres.
"Elles disent toujours avoir été surprises par l'accouchement. Parfois, elles soulignent n'avoir pas eu de moyens de transport pour se rendre au poste de santé le plus proche. Mais aussi, elles évoquent la question de la pauvreté", a indiqué Reine Marie Coly.
3 taxis à la disposition des postes de santé
Pour réduire les accouchements à domicile, des maternités vont être ouvertes dans la région de Kolda, annonce Mme Coly. Le président des organisations communautaires de base, Boubacar Salif Diallo, d'ajouter qu'un plan de collaboration va être mis en place.
"Nous voulons que les comités de santé qui sont les cordons ombilicaux entre la communauté et les postes de santé puissent collaborer avec trois chauffeurs de taxi. Au moins, que nous puissions avoir dans chaque poste de santé deux à trois chauffeurs qui seront sollicités, dès que le besoin se fera sentir pour assurer le transport des femmes enceintes vers le poste le plus proche. Le comité de santé va gérer le billet d'aller et le (la) patient (e), assure le billet de retour", explique le président des OCB.