"EN AFRIQUE DU SUD, LES SÉNÉGALAIS ONT LE SENS DE L'ORGANISATION"
DR MOMAR DIOP, AMBASSADEUR À PRETORIA
L'ambassadeur du Sénégal en Afrique du Sud, Dr Momar Diop, en poste depuis août 2013, se réjouit de l'organisation dont font montre les Sénégalais vivant au pays de Nelson Mandela. Rencontré chez lui, à Pretoria, il évoque les difficultés auxquelles ces derniers sont confrontés et la situation des émigrés incarcérés en Afrique du Sud.
Quelle est la situation des Sénégalais vivant en Afrique du Sud ?
Nous avons une communauté sénégalaise assez large. Rien qu'en Afrique du Sud, la juridiction de Pretoria couvre une dizaine de pays. Parlant spécifiquement de l'Afrique du Sud, nous avons commencé un recensement et nous estimons les Sénégalais à près de 6000. Ils évoluent dans diverses activités mais la grande majorité d'entre eux fait du commerce.
D'autres ont des entreprises assez florissantes. Ce qui frappe chez nos compatriotes, c'est leur sens de l'organisation qui fait notre fierté. Ils sont regroupés en Dahiras (tidiane, mouride, layène). Il y a d'autres associations plus ou moins laïques.
Nous avons, avec eux, d'excellents rapports. Il est facile, pour nous, de les contacter via ces canaux puisque nous connaissons les leaders de ces différentes structures associatives.
Ces Sénégalais de l'extérieur savent aussi que nos portes leur sont ouvertes. Je les reçois de temps en temps aussi bien à la résidence qu'à l'ambassade. Ils sont très dignes et respectueux des lois de ce pays. Nous avons une communication permanente avec eux.
Est-ce qu'il vous arrive de recevoir des personnes qui vous font part des difficultés ?
Certains ont des problèmes souvent liés à des papiers comme tous les émigrés sénégalais qui sont dans les autres pays. Ils nous exposent notamment des problèmes de passeports, d'état-civil. Pour les passeports, le gouvernement du Sénégal a fait des efforts considérables.
L'année dernière, le ministre de l'Intérieur nous a envoyé une mission pour l'établissement de passeports qui a fait trois semaines dans notre juridiction. La mission a fait toutes les provinces sud africaines et le Mozambique. Cette initiative nous a permis de faire des centaines de nouveaux passeports.
Il y a aussi tout juste deux semaines, une mission vient de rentrer au Sénégal après un long séjour pour confectionner des papiers pour les Sénégalais résidant dans les grandes villes comme Cap Town, Durban, Johannesburg.
Les problèmes d'état-civil nous sont aussi soumis et nous les suivons comme les déclarations de naissance. S'il s'agit d'intervenir auprès du gouverne- ment sud africain, nous le faisons.
Quelles sont les initiatives que vous avez entreprises pour améliorer davantage les conditions de résidence des sénégalais en Afrique du Sud?
D'abord, c'est de leur parler un langage de vérité. Depuis mon arrivée, j'ai rencontré la communauté sénégalaise à plusieurs reprises à Johannesburg, à Pretoria, à Durban, à Cap Town. Je me suis déplacé pour les rencontrer. En avril dernier, j'ai reçu, à la résidence, les responsables des associations pour échanger avec eux sur des problèmes que nos concitoyens rencontrent en Afrique du Sud.
Par la suite, nous avons fait ensemble un plan d'actions pour regrouper toutes ces associations afin d'aller à une grande fédération des Sénégalais d'Afrique du Sud. Nous avons déjà jeté les bases et le travail se fait. L'ambassade est en chantier. Nous sommes en train de construire de nouveaux locaux et j'ai prévu une salle où les Sénégalais pourront se rencontrer.
Ce sont ces genres d'initiatives que nous faisons avec eux. Il y a une très bonne entente. Chaque fois qu'il y a un événement chez ces Sénégalais, l'ambassade se déplace et reste le temps qu'il faut.
Dans certains pays africains, des émigrés sénégalais ont des problèmes avec la justice, existe-t-il une population carcérale sénégalaise en Afrique du Sud?
Tout à fait. Il y a une population sénégalaise carcérale en Afrique du Sud, mais elle n'est pas nombreuse. J'en connais certains. Le ministre de l'Intérieur sud africain m'a saisi tout récemment pour quatre noms de soi disant Sénégalais.
Parfois, les autorités de ce pays nous envoient une liste de noms pour identification. Parmi ces incarcérés, j'en connais deux avec qui j'ai parlé personnellement. Je sais dans quelle prison ils sont.
L'un qui était dans la situation la plus grave doit sortir très prochaine- ment. Ce qui fait plaisir, c’est que ce monsieur a demandé à l'ambassade de le soutenir pour faire des études en informatique pendant son incarcération. Aujourd’hui, il a décroché son diplôme. Nous allons l'aider à se réinsérer parce que la législation lui permet de rester et de travailler.