EN COULISSES : ENQUÊTE DE CE WEEK-END
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Fraude présumée sur le sucre, l'importateur Moustapha Tall déféré au parquet
Moustapha Tall, un des plus célèbres importateurs de la denrée stratégique qu'est le riz, est aujourd'hui dans de sales draps, pour une affaire de sucre frauduleux. Cette seconde denrée est aussi stratégique que le riz, mais elle est sous contrôle de la toute puissante Compagnie sucrière sénégalaise (CSS). Mais revenons à notre importateur de riz, qui, déféré au parquet, a passé la nuit dernière au Commissariat central de Dakar. A l'origine des déboires de Moustapha Tall, nos sources renseignent qu'il y a du sucre d'une valeur de 100 millions, à propos duquel l'importateur a été épinglé par la Douane pour fraude. C'est ainsi qu'une plainte déposée contre lui pour fraude entre autres griefs, l'a envoyé devant le Procureur. Toutefois, ses proches voient derrière cette affaire une cabale contre celui qui est surnommé “l'Obama du riz”. Puisque, estiment ces derniers, on ne peut parler d'association de malfaiteurs et n'incriminer qu'une seule personne.
Fraude présumée sur le sucre, l'importateur Moustapha Tall déféré au parquet (suite)
La réplique des douaniers ne s'est pas fait attendre car, de l'avis de gabelous, en matière de fraude sur les importations, c'est la responsabilité personnelle de l'importateur qui est engagée, celle du transitaire étant subsidiaire. C'est en effet au niveau du payement que le principe de “solidarité” dans le délit joue. En tout cas, l'importateur Moustapha Tall se retrouve souvent au devant de la scène, dans des affaires qui ternissent son image. On se rappelle encore la crise alimentaire de 2008, quand il avait été soupçonné d'être à l'origine de la flambée des prix, pour avoir fait passer à la frontière une importante quantité de riz subventionné. Cet homme qui aime les plateaux des télévisions reste énigmatique, bien que son parcours parsemé d'embûches force le respect. Cette fois, dans l'affaire qui l'oppose à la douane, il devra sans doute transiger au prix fort pour se tirer d'affaire.
Les dignitaires de l'ancien régime visés
Il faut aussi et surtout relever que cette procédure concerne surtout les anciens dignitaires du régime de Me Abdoulaye Wade. Plusieurs ont déjà été entendus par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale et la Division des investigations criminelles (DIC). Des dossiers déjà bouclés qui attendent la mise en place de la Haute cour de justice. Les enjeux vont être énormes là aussi car il s'agit d'un autre front ouvert à côté de celui bien médiatisé de Karim Wade. Et sans doute, les grincements de dents et règlements de comptes ne vont pas manquer sur la place, surtout que certains auraient transigé en catimini, alors que de bien gros calibres qui sont dans le collimateur refusent...
Pape Khaly Niang exclut 14 éléments des rangs des ASP
L'Agence d'Assistance à la sécurité de proximité (ASP) semble tenir à la discipline. La voilà qui met déjà hors circuit des éléments “perturbateurs”, suite aux “événements survenus devant le siège de l'ASP et à la Gare de pèlerins” jugés “déplorables et indignes d'un Assistant à la sécurité de proximité” par le directeur de l'agence, Pape Khaly Niang. Aussi, c'est une liste de 14 ASP que ce dernier communique comme étant ceux qui “ont été formellement identifiés” et “que le Directeur général a pris la décision d'exclure définitivement des rangs de l'Agence d'Assistance à la sécurité de proximité”. Rappelons que le lundi 3 mars dernier, des ASP avaient violemment manifesté sur la route de l'aéroport, en face du hangar des pèlerins où s'effectue leur formation. Ils réclamaient des salaires impayés.
Ce que Jean-Marie François Biagui attend...
Le Président Macky Sall est attendu lundi en Casamance, pour une visite officielle et économique de trois jours. Dans un communiqué parvenu à EnQuête, Jean-Marie François Biagui, le président du Mouvement pour le fédéralisme et la démocratie constitutionnels (MFDC), lui souhaite la bienvenue. “La fête sera totale et belle, si le chef de l’État réaffirme, à cette occasion-là, sa volonté d’instituer un 'Plan Marshall pour la Casamance', en tant qu’un pan substantiel du PSE” estime-t-il. Le président du MFDC insiste sur le PSE, pour espérer que ce plan permette de corriger “des erreurs subies” par la Casamance dans le passé. Il évoque notamment l'enclavement, le laisser en rade et le blocus imposé à la frontière de la Gambie. “Le désenclavement de la Casamance est à la fois une nécessité, un devoir et une obligation républicaine”, soutient-il.
...de la visite de Macky Sall en Casamance
En outre, le président du MFDC veut que la Casamance ait sa part des 6 000 milliards du PSE. Il souhaite donc que le budget de l’Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques de la Casamance (ANRAC) soit réévalué de manière “résolument conséquente”. Jean Marie François Biagui veut aussi qu'à la suite de cette visite, la paix revienne et définitivement au niveau de cette zone minée par une guerre de plus de 30 ans. “Nous ne voulons pas d’une paix qui tutoie la triche, la mauvaise foi, la ruse, la tortuosité, d’où qu’elles procèdent. Car une telle paix ne peut être authentique et, par conséquent, elle ne saurait être ni solide, ni durable. Non ! nous ne voulons pas de cela”, conclut-il.
Sanctionnés, deux cadres du MAE préparent la riposte
Deux cadres du Ministère des Affaires étrangères qui travaillent dans le Protocole à Paris et au Maroc ont été rappelés à Dakar, nous signale-t-on. Si la raison de cette mesure n'a pas officiellement été motivée, il semble que ces rappels à Dakar seraient liés à des pratiques jugées “déloyales” auxquelles ces derniers se seraient adonnés. Des manoeuvres contre leur hiérarchie qu'ils auraient cherché à déstabiliser. Mais leur retour à Dakar n'est pas synonyme de capitulation puisqu'ils se préparent à charger encore plus rudement leur tutelle dans la presse. On devine déjà la musique...
La CCR applaudit la décision de l'AFP
La déclaration du Bureau politique de l’Alliance des forces de progrès (AFP) affirmant ne pas envisager de présenter ou de cautionner une candidature contre le président Macky Sall, à l’occasion de l'élection présidentielle de 2017, continue de faire le bonheur des partisans de ce dernier. Et ce sont les cadres de l'Alliance pour la République qui s'en félicitent, considérant que “cette décision courageuse, loyale et sincère met en exergue l’éthique de la responsabilité qui devrait guider les choix politiques”. A en croire la Convergence des cadres républicains (CCR), “en plaçant l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toutes considérations partisanes, le Bureau politique de l’AFP fait preuve de cohérence dans la démarche”. Mieux, les cadres “apéristes” trouvent que “cette position va contribuer à la consolidation de la dynamique unitaire au sein de Benno Bokk Yaakaar en rendant le jeu des acteurs beaucoup plus lisible”.
Pour la BM, les universitaires sénégalais sont trop cher payés
La visite à Dakar du Directeur général de la Banque mondiale (BM) Bertrand Badré a rapporté, en vue du financement de projets sénégalais, de nouveaux engagements financiers portant sur 900 millions de dollars, soit environ 450 milliards de francs Cfa. Tant mieux pour le Plan Sénégal émergent (PSE). Mais les autorités de la BM ont également donné un coup de pied dans la fourmilière, préconisant la réduction des dépenses dans certains secteurs d’activité, dont l’enseignement supérieur. "Le Sénégal a besoin de créer 150 000 emplois par an, et les professeurs d’université sénégalais gagnent cinq fois plus que ceux des Etats- Unis", a soutenu Saran Kebet- Koulibaly, la directrice régionale de la Société financière internationale (SFI), la branche de la BM chargée du secteur privé. Mme Kebet- Koulibaly, qui était aux côtés de M. Badré lors de la conférence de presse, trouve très élevé ce traitement salarial au Sénégal, où "47% de la population sénégalaise vit en dessous du seuil de pauvreté". Pour Bertrand Badré, "dans un contexte de rareté des ressources, le budget du pays est limité, de même que les capacités des institutions partenaires comme la Banque mondiale, même si on va essayer de faire mieux".
Le SAMES persiste et signe, grève de 48h lundi et mardi, marche à Dakar...
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES) garde le cap, dans son bras de fer avec le gouvernement. Aussi, les médecins comptent bien dérouler leur plan d'action comme convenu. “Devant le dilatoire du gouvernement lors de la réunion de la commission technique du 9 mars 2014, le BEN a décidé de poursuivre son mouvement de grève”, écrit Dr Mbaye Paye, secrétaire général du SAMES, dans le communiqué parvenu à EnQuête. Ce qui signifie qu'un mot d'ordre de 48h est encore décrété, lundi 17 et mardi 18 mars, avec à la clé “une marche de protestation et de sensibilisation sur les conditions de travail des médecins prévue le mardi 18 mars de 9h à 13h à Dakar, de tous les médecins du Sénégal avec blouses blanches et stéthoscopes”. La source précise que la procession ira du monument de l'indépendance à la Poste de Médina, en passant par le boulevard Général De Gaulle et la RTS. Etant entendu que durant les jours de grève, ces médecins ne traiteront que les urgences et les malades hospitalisés. “Le SAMES espère retourner à la table de négociation avec le gouvernement dans le cadre d'une grande plénière où devront être présents le SAMES et tous les ministres concernés par notre plate-forme revendicative”, conclut Dr Mbaye Paye.
...SOS Consommateurs crie haro !
Appréciant la situation créée par la grève du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES), SOS Consommateurs estime que “cette grève permanente de 48 heures par semaine est illégale et frise le délit de non-assistance à personne en danger, pénalement sanctionné”. Aussi Me Massokhna Kane et Cie lancent un “appel à l’Etat du Sénégal, pour qu’il trouve une solution juste et équitable et exécute les accords librement et consciemment convenus avec le SAMES”. Néanmoins, bien que soutenant la lutte des médecins pour de meilleures conditions, les consuméristes leur demandent “de choisir une autre forme de lutte qui ne porte pas préjudice aux populations indigentes, malades de surcroît, qui sont les victimes collatérales de la bataille contre l’Etat”. Toutes raisons qui font que “SOS Consommateurs offre sa médiation, en synergie avec d’autres bonnes volontés, pour mettre fin à cette grève qui paralyse le bon fonctionnement des structures publiques de santé”.