EN COULISSES : ENQUETE DE CE MERCREDI
RETOUR SUR LES DERNIERS JOURS DE WADE AU PALAIS : Manoeuvres d’après défaite autour d’affaires familiales
Plus on s’approche de la date fatidique du 23 mars, date à laquelle le verdict sera connu dans l’affaire Karim Wade, plus certaines infos jalousement gardées depuis trois ans… fuitent. Par exemple, dès les premiers jours après la chute de Wade, un courrier est parti du palais, transporté par le Service de protocole à Macky Sall, à son domicile de Mermoz. Le courrier, confidentiel, était bien spécial puisque Gorgui y listait les entreprises, programmes et dossiers qu’il ne souhaiterait pas que son successeur regarde. Dans le lot de ces affaires, beaucoup de dossiers qui concernent Karim Wade et Sindiély. Ce qui accrédite l’idée selon laquelle Me Wade savait des choses… Mieux, en creusant, nous avons pu établir que cette lettre qui avait été très commentée par les très proches de Macky Sall avait été précédée par une invitation que Me Wade avait faite au tout nouveau président, de le retrouver au Palais pour qu’ils puissent discuter, sans doute de ces dossiers-là. Mais, nous dit-on, l’actuel locataire du Palais n’a jamais voulu répondre à cette invitation, encouragé dans cette attitude par ses proches… qui craignaient, dans ces moments de transition, un coup fourré. Me Wade est revenu par la suite à la charge, pour cette fois solliciter une prolongation de son séjour de quelques jours, au Palais de la République, le temps de mettre plus d’ordre dans ses affaires. Demande, là encore frappée d’une fin de non-recevoir très ferme. La suite, nous la connaissons, puisque la seule rencontre entre les deux hommes se fera, à l’occasion de la passation officielle de témoins, au palais, devant toutes les caméras du monde.
OUGANDA ET BURUNDI
Ensuite, le Vieux se repliera à Versailles, avant d’ouvrir un cabinet ( ?) à Dubaï dont il faut se demander ce qu’il est devenu. Un gros coup de pub avait en effet accompagné la “naissance” de ce machin qui était censé conseiller chefs d’Etat, hommes d’affaires etc. Et c’est justement de Dubaï qu’il s’est rendu en jet privé à la fois en Ouganda et au Burundi, dans l’intention d’y investir. EnQuête qui a bien vu les cachets arrivée/départ sur les documents de voyage de l’ancien président sait par ailleurs, que les portes de ce pays, entrouvertes au départ, se sont vite refermées. Comme quoi, avec le temps, certains petits secrets remontent toujours en surface.
PROCÈS AÏDA NDIONGUE
Comme annoncé dans notre édition du lundi, le procès d’Aïda Ndiongue prévu hier a été renvoyé au 17 mars prochain. Pour autant, l’affaire ne sera pas jugée à la date du renvoi car il s’agira pour les parties de convenir d’une date pour une audience spéciale. D’ici là, les prévenus Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop et Amadou Ndiaye retournent en prison. Leurs conseils voulaient qu’ils comparaissent libres. Mais le tribunal correctionnel de Dakar a rejeté la demande de liberté provisoire des prévenus. Le parquet et l’agent judiciaire de l’Etat (AJE) ont été les premiers à opposer un refus à la défense. Le substitut Ismaël Diallo a argué que les prévenus n’ont ni remboursé ni cautionné, leur état de santé n’est pas incompatible avec la détention et qu’il y a des risques de trouble à l’ordre public. La défense a battu en brèche l’argument du non-cautionnement en accusant la justice d’avoir saisi tous les biens d’Aïda Ndiongue. L’ex-sénatrice libérale et ses coprévenus doivent être jugés pour escroquerie portant sur des deniers publics, faux et usage de faux et complicité. L’accusation évalue le préjudice à 20 milliards 688 millions 638 mille 917 francs CFA, issus des marchés de produits phytosanitaires destinés au plan Jaxaay qui avait été initié par l’ancien régime en 2007. Un projet coordonné par Abdoul Aziz Diop alors que les marchés étaient revenus à Aïda Ndiongue.
EXPULSIONS
Babacar Gaye, porte-parole du parti démocratique sénégalais (Pds), a été expulsé hier à l’audience des flagrants délits, par le juge Abdoulaye Dondé. Venu soutenir son camarade de parti, Mamadou Lamine Massaly, il s’est heurté à l’opposition de Cissé, le gendarme qui a en charge la police de l’audience. Une petite altercation à la porte de la salle 1 qui n’a pas échappé au juge. Ce dernier l’a interrogé sur les motifs de cette dispute. “Il m’a demandé de faire le tour ou de sortir. Ce que j’ai refusé car il n’a pas la latitude de me faire sortir de cette salle”, a déclaré Babacar Gaye. Pour trancher, le juge lui a demandé de quitter la salle. Un certain Cheikh Abdou Mbacké a également été expulsé car ayant refusé de se lever à l’entrée de la Cour. Dénoncé par le greffier, il a dit qu’il ne se levait pas. Le juge lui a intimé l’ordre de quitter la salle séance tenante.
THÉRÈSE FAYE DIOUF
A moins de 3 semaines de la date du délibéré du procès Karim Wade, la responsable apériste Thérèse Faye Diouf accuse le Pds de procéder au recrutement de jeunes nervis dans la banlieue. “Abdoulaye Wade et son équipe sont en train de recruter des jeunes à Yeumbeul sud, Yeumbeul nord etc. Wade reçoit des jeunes chaque jour, pour les appeler à la mobilisation le 23 mars, jour du délibéré. Nous sommes au courant de cette situation et nous avons toutes les preuves”, accuse la directrice de la case des Tout petits. Qui poursuit : “Nous sommes avertis de tout ce qui se trame dans la banlieue et j’en appelle au sens de responsabilité des autorités étatiques, religieuses et coutumières. Il faut que la population sache que Wade est prêt à tous les sacrifices pour obtenir la libération de son fils. Je demande ainsi aux jeunes de la banlieue de ne pas se laisser manipuler. La mort du jeune Ndiaga Diouf doit leur servir de leçon.”
GAMBIE
Dans notre édition d’hier, nous vous parlions du communiqué de l’homme fort de Banjul interdisant tout jeu de hasard pouvant générer de l’argent aux parieurs. Eh bien ! Jammeh ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a aussi décrété l'interdiction de toute importation de légumes identiques à ceux produits localement, en Gambie, à compter du 1er mars 2015. Le ton ferme, le président gambien demande à son audience : “N'est-ce pas une insulte que nous importions des légumes en provenance de pays désertiques?” Puis s'adressant à son ministre du Commerce, Jammeh déclare : “Partout, il y a des jardins potagers appartenant à des femmes. Donc l'importation de cultures maraîchères comme la laitue, la tomate, la carotte, le poivron, le concombre, le chou etc. qui peuvent être cultivés ici, est interdite à partir de ce mois de mars. Prenez note, monsieur le ministre du Commerce.” Et faisant dans la dérision, Jammeh déclare que tous les légumes importés sont des organismes génétiquement modifiés alors que les légumes gambiens sont le résultat d'une culture organique et bio.
GAMBIE (SUITE)
Il faut souligner que Yahya Jammeh ne rate jamais l'occasion de se défouler sur l'importation de produits alimentaires qui viennent directement concurrencer ceux de ses multiples sociétés appartenant aux fermes de Kanilai spécialisées dans l'agrobusiness sous le label “KanilaiFarms”. En juillet dernier, Jammeh, faisant sa tournée nationale intitulée “Meet the people tour”, affirmait à l'étape de Farafenni que “Les aliments importés ont rendu impotents beaucoup d'hommes en Gambie”, provoquant une hilarité générale dans la foule. Tout de même, Yahya Jammeh est souvent la première personne à violer ses propres interdits. Il y a quelques semaines par exemple, il faisait publier un communiqué interdisant toute prestation de musicien artiste sénégalais sur le territoire gambien. Mais ce weekend dernier, Jammeh a annoncé que son ami Ouza Diallo, sa fille Adiouza et la chanteuse Viviane Ndour seraient très bientôt invités à Banjul, dans le cadre des festivités marquant les cinquante ans de la République de Gambie.