ENJEU NATIONAL !
A élections locales, enjeux locaux. Il n'y a pas vérité plus vraie que celle-là !
Mais ici au Sénégal, en 2014, un contexte particulier a pulvérisé des certitudes et des postures pour installer, au cœur de ces scrutins locaux dont la campagne électorale s'ouvre cette nuit, des enjeux bien nationaux.
Macky Sall s'est engagé sur de trop nombreux chantiers– Plan Sénégal émergent, Couverture maladie universelle, bourses familiales, réformes universitaires, etc.-, pour que les attentes et les espoirs de cet activisme programmatique laissent indifférents les Sénégalais de toutes les catégorises sociales, jusque dans les zones les plus reculées du pays.
L'Acte 3 de la décentralisation, qui remembre notre système de collectivités locales, est déjà en lui-même une ambition nationale parachutée au cœur de nos terroirs profonds. Sa validation sans surprise par la majorité des députés en a fait un acte légal certes, mais qu'en est-il fondamentalement de sa légitimité, sauf à supposer, comme le socialiste français André Laignel, que”'on a juridiquement tort (lorsqu'on est) politiquement minoritaire” ?
En règle générale, des élections de mi-mandat sont un cauchemar pour un pouvoir en ce qu'elles sont un catalyseur des déceptions et frustrations nées d'engagements électoraux inconsidérés, cumulables à des difficultés objectives liées à l'état de santé économique et financier du pays.
Hollande et les socialistes français l'ont appris à leurs dépens il y a trois mois. Il n'est pas dit que Macky Sall et ses alliés de BBY fileront le même mauvais coton, mais l'ambiance (peut-être fausse) de tension politique permanente, les discours (souvent vrais) liés à la présence gênante de la famille présidentielle sur l'échiquier, la persistance des ratés (réels) de la politique agricole du gouvernement, et le spectre (exagéré mais perceptible et visible) à risque qu'est la famine, pourraient être des facteurs de choix électoral pour une frange non négligeable des Sénégalais.
En 2009, le PDS au pouvoir insistait, comme les pessimistes du camp présidentiel d'aujourd'hui, sur le caractère “local” des élections par la déconnexion des enjeux locaux des perspectives nationales d'alors. On a su plus tard que les électeurs sénégalais avaient discrètement semé les graines de la défaite future d'Abdoulaye Wade...