Equipe de France: la vie sans Ribéry
La retraite internationale de Franck Ribéry prive l'équipe de France d'un élément de dimension mondiale à deux ans de l'Euro-2016 mais arrange aussi quelque peu Didier Deschamps puisque les Bleus ont montré à la Coupe du monde qu'ils pouvaient vivre sans lui.
Du haut de ses 81 capes, l'attaquant du Bayern Munich était encore jusqu'à mercredi le joueur le plus expérimenté à la disposition du sélectionneur.
Troisième du Ballon d'Or et désigné meilleur joueur par l'UEFA en 2013, "Francky" faisait partie du gotha international, une denrée rare pour une nation qui a envoyé au Brésil un groupe jeune (26 ans et demi de moyenne d'âge) et sans gros vécu (3 Bleus seulement à plus de 50 sélections). Mais en atteignant les quarts de finale, les Tricolores avaient déjà tourné la page Ribéry, prouvant que le Bavarois n'était plus aussi indispensable.
Certes, un Ribéry en pleine possession de ses moyens physiques aurait fait beaucoup de bien aux Français face aux futurs champions du monde allemands (1-0). Percutant, capable de monopoliser plusieurs défenseurs adverses et donc de libérer des espaces pour ses coéquipiers, "Kaiser Franck", grand artisan de la qualification, aurait peut-être pu faire basculer le destin des Bleus, finalement trop tendres pour bousculer vraiment la Nationalmannschaft.
Ce n'est pas un hasard si Deschamps a attendu le tout dernier moment avant de se résoudre à se passer de ses services, à 3 jours du départ pour le Brésil, en raison de cette fichue lombalgie.
Mais le sélectionneur est là aussi pour préparer l'avenir et surtout ce championnat d'Europe à la maison, rendez-vous capital pour le football français. Ribéry aura 33 ans en 2016 et ses soucis physiques récents (hématome à une fesse, lombalgie, genou) jettent un voile sur sa capacité à redevenir le joueur virevoltant de 2013, auteur d'un fabuleux quintuplé avec le Bayern (Ligue des champions, Championnat, Coupe, Supercoupe d'Europe, Mondial des clubs).
- Clarification -
De par son statut et son passé en bleu, Ribéry aurait été difficilement déboulonnable, quelle que soit sa forme, causant forcément un véritable casse-tête au sélectionneur. L'annonce de la fin de sa carrière internationale a le mérite de clarifier les choses et de permettre à Deschamps de poursuivre le renouvellement dans l'optique de l'Euro.
L'absence du Boulonnais a déjà ouvert les portes du onze de départ à Antoine Griezmann. A 23 ans, l'attaquant (9 sélections, 3 buts) a pleinement profité du vide laissé par son ainé en étant titularisé 3 fois au cours de la Coupe du monde sur le côté gauche, 3 mois à peine après ses débuts en équipe de France, le 5 mars contre les Pays-Bas (2-0) au Stade de France en amical.
Sa prestation d'ensemble, ajoutée à sa belle saison en Liga (16 buts), a en tout cas sauté aux yeux du champion d'Espagne et du vice-champion d'Europe, l'Atletico Madrid, qui a déboursé 30 millions d'euros pour le faire venir de la Real Sociedad, son club formateur.
Derrière Griezmann, Rémy Cabella, tout juste recruté par Newcastle, peut lui aussi rêver d'une promotion après avoir intégré la liste des 23 au moment de la défection de Ribéry (lombalgie). Quelques Espoirs (Thauvin, Ntep, Martial ?) pourraient aussi avoir leur mot à dire dans le futur.
Durant la Coupe du monde, Deschamps avait également testé l'option à deux attaquants mais la mésentente chronique, sur et en dehors des terrains, entre Karim Benzema et Olivier Giroud, limite la portée de cette configuration.
Au-delà de l'aspect technique et tactique, le départ de Ribéry peut se voir aussi comme une étape de plus dans l'entreprise de rachat entamée par les Bleus auprès de leur public au Brésil. Le natif de Boulogne-Sur-Mer avait certes commencé à reconquérir les coeurs après le fiasco de Knysna en 2010, mais son image restait étroitement associée à ce football "bling-bling" nettement rejeté par l'opinion.