Equipe de France: une légère embellie qui ne règle pas tout
La France a retrouvé mercredi en Belgique une certaine assise collective, égarée lors de la tournée en Amérique du Sud, ce qui devrait la préserver d'une mauvaise surprise en septembre mais ses défauts récurrents, notamment en attaque, risquent de l'handicaper à l'heure de se lancer dans les barrages d'accession au Mondial.
Didier Deschamps en est convaincu, le voyage en Amsud a constitué "une parenthèse" pour ses Bleus. "Je n'oublie pas ce qui a été fait avant. Là, on s'est remis dans le sens de la marche", a-t-il expliqué après le nul 0-0 ramené de Bruxelles.
Privé de nombreux cadres (Ribéry, Varane, Ménez, Sissoko, Clichy, Evra, Landreau, Nasri) et contraint d'effectuer des essais avec de jeunes joueurs dépourvus d'expérience, le sélectionneur n'avait pu qu'assister, impuissant, à la débâcle de son équipe face à l'Uruguay (1-0) et au Brésil (3-0). Avec cette désagréable impression d'un gouffre grandissant avec les nations huppées.
Le match de rentrée a partiellement éteint l'incendie, les Français ayant dans l'ensemble bien résisté face à la Belgique, puissance montante du continent. Deschamps peut être rassuré: si la France évolue au même niveau, les deux déplacements de septembre en Géorgie (6) et au Belarus (10)en qualifications du Mondial-2014 ne devraient pas être des obstacles insurmontables.
Dans le pire des cas, les Bleus devraient terminer à la 2e place du groupe I derrière l'intouchable Espagne et passer par la case barrages. Mais c'est là que les ennuis vont commencer, le pedigree de leurs possibles adversaires étant d'une tout autre nature que ceux des Géorgiens, des Bélarusses ou des Finlandais (15 octobre au Stade de France).
Au vu de ce qu'ils ont montré cette année, les Français ne sont pas à l'abri d'une désillusion et ce n'est pas la rencontre en Belgique, marquée par l'apathie du secteur offensif, qui va modifier un rapport de forces depuis un certain temps en leur défaveur.
Aveu d'échec
La nouvelle défaillance de l'attaque, en particulier celle de Karim Benzema, n'augure rien de bon pour la suite. Le joueur du Real Madrid n'a plus marqué en sélection depuis le 5 juin 2012 et ne parvient toujours pas à se libérer et à soulager ses coéquipiers.
En l'absence d'un véritable tueur devant, les Bleus, qui restent sur quatre rencontres sans but, sont en permanence en danger. Ce qui s'annonce problématique quand il s'agira de défier des pays coriaces au coeur de l'automne et explique un peu mieux la piteuse 23e place au classement Fifa des hommes de Deschamps.
Est-ce un problème d'animation offensive? Les qualités propres de Benzema, qui n'a jamais été un buteur prolifique, sont-elles en cause? Est-il suffisamment bien entouré? Deschamps n'a en tout cas toujours pas trouvé les réponses adéquates et se voit obligé de maintenir sa confiance en Benzema, faute de solutions alternatives crédibles.
Plus globalement, la France, tombée en 2e division européenne, a encore du mal à réduire un écart qui se creuse inexorablement et son bilan contre les cadors mondiaux est à cet égard éloquent.
Hormis la réception de la Géorgie (3-1 en mars), le menu proposé aux troupes de "DD" a été particulièrement copieux depuis octobre 2012 (2 fois l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, l'Uruguay, le Brésil, la Belgique). Mais les résultats ont été sans appel: 1 victoire, 2 nuls, 4 défaites; 4 buts inscrits, 9 encaissés.
Arrivé à la tête des Bleus avec la réputation d'un faiseur de miracles et de victoires, Deschamps doit certes faire avec les moyens du bord et surtout l'absence de joueurs de classe mondiale, hormis Franck Ribéry. Mais il le fait finalement moins bien que ses prédécesseurs, confrontés au même phénomène depuis l'époque glorieuse de la bande à Zidane.
Les rappels d'Eric Abidal, redevenu un recours après deux opérations au foie, et de Samir Nasri, pourtant très loin de la sélection après ses écarts de conduite de l'Euro-2012, sonnent comme un terrible aveu d'échec et traduisent plus que tout les insuffisances actuelles des Bleus.