Espagne: le Real Madrid peut-il tout perdre ?
Après avoir quasiment tout gagné en 2014, le Real Madrid joue à se faire peur en 2015: sa qualification piteuse mardi pour les quarts de la Ligue des champions a révélé une équipe en pleine déconfiture à l'approche des rendez-vous décisifs du printemps.
. Coupe, Liga, Europe: rien ne va plus
Et si le champion d'Europe en titre finissait la saison bredouille ? Ce scénario catastrophe semble prendre de plus en plus de consistance, à mesure que les hommes de Carlo Ancelotti, intraitables à l'automne (22 victoires consécutives), perdent pied dans toutes les compétitions.
En Supercoupe d'Espagne en août (1-1, 1-0), puis en Coupe du Roi en janvier (2-0, 2-2), c'est l'Atletico qui était venu à bout du Real, deux résultats considérés sur le moment comme des accidents.
Mais les soucis se sont accentués ces dernières semaines, comme si la "Maison blanche" avait laissé trop d'influx pour glaner quatre trophées en 2014 (C1, Coupe du Roi, Supercoupe d'Europe, Mondial des clubs).
En Championnat d'Espagne, le club merengue a dilapidé une avance de quatre points sur le FC Barcelone, qui l'a finalement dépassé en tête le week-end dernier, alors que se profile le clasico Barça-Real le 22 mars.
Certes, les Madrilènes n'ont qu'un petit point de retard sur les Catalans et, en C1, ils sont qualifiés en quarts malgré leur fiasco de mardi face à Schalke 04 (3-4). Mais sans un rapide sursaut, on voit mal cette équipe aller au bout en Espagne ou en Europe.
. Le Bernabeu agacé par ses as
C'est peut-être le plus inquiétant pour le Real: mardi, ses supporteurs l'ont lâché, avec une bronca jamais vue depuis l'arrivée d'Ancelotti à l'été 2013 et même qualifiée d'"historique" par le quotidien sportif Marca.
Il faut dire que l'équipe merengue vient d'enchaîner trois matches sans victoire (1-1 contre Villarreal, défaites 1-0 chez l'Athletic Bilbao et 4-3 face à Schalke). Ajoutés à la gifle subie dans le derby face à l'Atletico en Liga (4-0) en février, cela commence à faire beaucoup.
Mais plus que les résultats, c'est sans doute l'attitude qui énerve le public merengue. Mardi, une star comme Gareth Bale, recrutée pour près de 100 M EUR, a été invisible, notamment dans le replacement défensif. Et la plupart des cadres ont failli, sauf Cristiano Ronaldo, auteur d'un doublé qui a aidé à qualifier le Real.
"Nous avons touché le fond, de manière retentissante", a reconnu le gardien Iker Casillas, suspect sur au moins deux buts allemands.
Au coup de sifflet final, le capitaine a d'ailleurs tenté de rameuter ses partenaires pour saluer le public, dont une partie scandait "dehors! dehors!". "Plus tôt nous renouerons le lien avec nos supporteurs, mieux ce sera", a résumé Casillas.
Reste que la fracture avec l'opinion sera peut-être difficile à refermer: en zone mixte, Ronaldo a fait savoir qu'il ne viendrait plus parler à la presse d'ici la fin de la saison.
. Ancelotti, un clasico à quitte ou double
Dans cette tempête, Carlo Ancelotti n'a plus qu'une bouée de sauvetage: gagner le clasico dans dix jours.
Sinon, la presse espagnole s'attachera à lui trouver rapidement un successeur, sachant que le nom de Zinédine Zidane, ex-adjoint de l'Italien et actuel entraîneur de la réserve merengue, circule déjà dans les médias.
Mais l'effectif merengue semble en lambeaux: entre blessures, méformes et doutes, les joueurs ne répondent plus.
"Nous jouons mal et c'est assez incompréhensible après tout ce que nous avons réalisé jusqu'en décembre", a admis Ancelotti. "Nous avons perdu confiance en notre jeu et en notre identité."
Malgré tout, l'entraîneur italien veut croire à l'exploit au Camp Nou, à la faveur des retours de blessure de Luka Modric au milieu et Sergio Ramos en défense.
"En football, les choses changent rapidement", a-t-il promis. C'est à l'image de son statut au Real: de héros à paria en moins de trois mois.