ET LA TORTURE CONTINUE MÊME SOUS MACKY !
AMNESTY INTERNATIONAL SÉNÉGAL REVIENT À LA CHARGE
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TAMBA - «Pendant les 12 années de règne de Me Abdoulaye Wade, 25 cas de décès ont été dénombrés du fait des agissements de la police et de la gendarmerie et même des militaires. Depuis l’avènement du régime de Macky Sall, nous avons noté jusqu’ici 2 cas de décès et plusieurs cas de tortures», a dit Seydi Gassama qui était, hier, à Tamba. Il a ainsi rappelé que dans cette partie orientale du pays, il y a les cas de Ladji Konaté et de Bambo Danfakha à Bakel, de Kékouta Sidibé, le sourd-muet de Kédougou, qui sont des preuves des résultats de l’usage excessif de la force par les éléments de la gendarmerie.
Mais, a regretté le responsable d’Amnesty International au Sénégal, les plaintes aboutissent rarement. «Car les dossiers sont souvent dans les tiroirs des juges chargés de la manifestation de la vérité», dit-elle en donnant pour preuves, le dossier de Ladji Konaté de Bakel est toujours dans les tiroirs du magistrat, même si c’était un cas extrêmement flagrant. Ladji était arrêté et menotté de l’autre côté du fleuve. Il n’était pas arrivé à Bakel, parce qu’il s’était jeté dans les eaux, selon la version des gendarmes en sautant par-dessus d’une pirogue. Sauf que les gendarmes n’ont même pas alerté les secouristes, donc les sapeurs-pompiers pour le secourir.
«Une version inconcevable qui est très loin de la vérité. De toute évidence, il a été menotté et jeté dans le fleuve», selon le président d’Amnesty qui décèle là «un cas tellement flagrant qui n’a pas, aujourd’hui encore, abouti tout simplement parce que le dossier dort dans le bureau du juge». Un cas que l’Ong promet cependant de suivre pour la manifestation de la vérité et que les coupables soient punis.
Seydi Gassama salue l’acte posé par le ministre de la Justice sur la torture au Sénégal
Le président d’Amnesty Sénégal dira aussi que «des cas de cette nature créent souvent des frustrations qui aboutissent manifestement à des violences. Et tous les jours, Amnesty reçoit des allégations extrêmement graves des cas de tortures et certains faits sont corroborés par des certificats médicaux».
Il souligne ainsi qu’à Tamba, il y a eu «un cas avéré que nous allons suivre. Le ministre de Justice a posé un acte important en reconnaissant l’existence de la torture et de pratique dégradantes. Un acte important que tous les dirigeants du monde n’ont pas fait et Mme la ministre de la Justice, elle est la seule à l’avoir fait au Sénégal. Malheureusement, ses collègues de l’Intérieur et des Forces armées tardent à faire cette reconnaissance», a encore affirmé M. Gassama.
Cependant, il a estimé que même si des efforts sont faits en matière de formation pour éviter de telles dérives, ils ne doivent pas se limiter à la seule formation initiale des agents. «Les Etats sont tenus d’enquêter et de punir les auteurs d’actes de torture, qui doivent clairement être érigés en crimes dans leur Code pénal. Cela, quels que soient l’auteur et le lieu de leur commission et de coopérer activement à cet effet, à travers le principe de la compétence universelle», a ajouté M. Gassama qui rappelle qu’aucun aveu extorqué sous la torture ne peut être utilisé comme preuve dans un procès pénal.