EXCAF TELECOM TOUT CONTAN
MARCHÉ DU PASSAGE AU NUMÉRIQUE
Les choses se précisent dans les procédures de passage de l'analogique au numérique. Suite aux recommandations du Comité national de pilotage de la transition de l’audiovisuel analogique au numérique (CONTAN) du Sénégal, la présidence de la République vient de retenir deux sociétés pour le marché de la fibre optique et la partie audiovisuelle (TNT) : Excaf Télécom et Huawei Technologie Co.Ltd. La Long Term Evolution (LTE) n'a pas encore été attribuée pour des raisons non encore explicitées.
Pour l'heure, c'est le groupe Excaf Télécom' établi à Dakar et le géant chinois, Huawei Technologies Co. Ltd dont le siège social se trouve à Shenzhen en Chine, qui héritent d'une partie importante du projet, évalué à plus de 100 milliards de nos francs. Le groupe Excaf Télécom, pionnier dans la gestion des bouquets au Sénégal, a été choisie, dans la phase de présélection, pour rendre opérationnel le volet Télévision numérique terrestre (TNT).
Les arguments techniques et financiers de ce groupe, qui a perdu son fondateur Ben Basse Diagne le 31 juillet 2013, ont, semble-t-il, convaincu les autorités. Le fait que la société soit une entreprise locale, entièrement sénégalaise, a également joué. Excaf Télécom' a récemment gagné en Gambie le marché de la TNT; ce qui lui donne un avantage, surtout du point de vue de l'harmonisation des technologies par rapport à notre voisin le plus immédiat.
Le marché de la fibre optique consiste pour la société chinoise Huawai, fournisseur de solutions numériques en terminaux, réseaux et cloud, pour les opérateurs, entreprises et consommateurs, en la mise en place de 3 500 kilomètres d'ici juin 2015. C'est l'Agence de l'informatique de l’État (ADIE) qui va accompagner la Présidence dans la signature du contrat avec la société chinoise alors que le Ministère des Télécommunications représentera le gouvernement pour ce qui est du volet Télévision numérique terrestre (TNT).
Mais, nuancent nos sources, “ce n'est pas parce qu'une entreprise est présélectionnée que le choix est définitif. La présélection signifie que l'offre technique et financière est satisfaisante. Les sociétés présélectionnées doivent convaincre par rapport aux conditions de mise en œuvre des projets et du respect des deadline en terme de livraison”, indique un de nos interlocuteurs. “Si les sociétés retenues ne confirment pas l'ensemble de leurs capacités technologiques et financières et leurs aptitudes à mener à bonne fin les projets, l’État pourra alors ne pas contracter avec elles.
Par ailleurs pour la société chinoise Huawei, il pourrait aussi s'agir de revoir la plate-forme technique en matière de fibre optique mise en place du temps du régime de Me Abdoulaye Wade. Celle-ci a coûté plus de 40 milliards de francs Cfa à l'Etat du Sénégal, sans prendre en compte les normes internationales admises.
Le système mis en place n'a pas été utilisé avec efficience au motif qu'il correspond exclusivement aux normes chinoises. Les Chinois avaient exécuté le marché dans des conditions qui n'ont pas permis un contrôle pointu en amont, alors que les critiques ont fusé de partout sur la transparence des procédures.
Pour l'heure, le seul volet qui reste à être attribué est la Long Term Evolution (LTE)/4G qui assure un débit très rapide, beaucoup plus puissant que les technologies utilisées par les opérateurs au Sénégal. Cela découle-t-il de pressions venant justement des opérateurs de téléphonie, surtout de la Société nationale de télécommunications (Sonatel) et de France Télécom qui a aussi des intérêts à défendre dans cette affaire ? L'avenir nous dira ce qu'il adviendra de la LTE/4G qui intéresse le privé local aussi. Un lobbying est en tout cas déroulé depuis quelque temps autour de cette technologie au Sénégal.
Le Président Directeur général de France Télécom Stéphane Richard, flanqué de l'ex-Directeur général toujours administrateur de la Sonatel Cheikh Tidiane Mbaye, déclarant au sortir d'une audience avec le président de la République qu'il n'y avait de place pour un quatrième opérateur, ne serait pas étranger au gel de ce volet.
En tout cas, Contan, piloté par le duo Babacar Touré/Amadou TOP, desserre quelque peu l'étau autour de lui, après les critiques essuyées dernièrement qui renseignent surtout sur le niveau des enjeux financiers et technologiques.
Le Sénégal qui est attendu, à l’instar des autres Etats de l’UEMOA, à ce grand tournant a reçu les félicitations du Président Macky Sall pour le travail abattu, et surtout le satisfecit du Secrétaire général de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) Hamadoun Touré qui a indiqué, à l’ouverture de la Semaine de Solidarité Numérique à Dakar le 20 avril dernier, que “l’option sénégalaise pour basculer vers le numérique pourrait être répliquée dans d’autres pays africains, pas encore très rassurés sur leur chance de ne pas rater le rendezvous du 17 juin 2015”.
Et d'ajouter : “Je suis très satisfait de voir que le président de la République a pris sous sa coupe directement la mise en place de ce comité national, le CONTAN qui a pour objectif de pouvoir amener tous les acteurs afin que la transition se passe de façon adéquate (...) Je suis vraiment très satisfait”, s'était réjoui M Hamadoun Touré.