FADA NE LÂCHE RIEN
La tête de file des frondeurs entend poursuivre le combat pour un nouveau Pds
Les initiateurs du mémorandum pour la refondation du Pds à travers un renouvellement de ses instances de base restent déterminés dans leur combat. Leur dirigeant le plus en vue, Modou Diagne Fada, a réaffirmé hier lors d'une conférence de presse tenue à son domicile de Sicap Foire qu'ils feront face aux opposants à leur démarche, après la rencontre avortée avec le secrétaire général du Pds, Me Wade, à son domicile de Fann-Résidence.
Le président du groupe libéral au Parlement a dénoncé "les faucons d'alors du palais de la République devenus les faucons de Fann-Résidence". Entouré par une foule de militants libéraux, il a révélé que leur rencontre d'hier avec l'ancien président de la République a avorté en raison du comportement de ces fameux "faucons". Sans les citer, il a fait allusion aux anciens ministres Farba Senghor, Samuel Sarr, Babacar Gaye et l'ancien patron du groupe libéral à la Place Soweto, Doudou Wade.
Les rédacteurs du " mémorandum du 1er juin" ont encore réitéré leur position de ne pas vouloir tenter un parricide. Mieux, ils ont insisté pour dire qu'ils ne s'insurgeaient pas contre la désignation de Karim Wade comme candidat du Pds. Mais pour Diagne Fada, le format de la rencontre avec Me Wade, "élaboré pour saboter", ne pouvait permettre une discussion sereine.
Ils ont quitté la salle d'audience de la résidence du président à la retraite après avoir subi "des injures, des accusations de corruption et de tricherie" de la part de "certains présents qui avaient décidé de rendre la rencontre intenable". Selon Modou Diagne Fada, après les accusations de corruption et de collusion avec le pouvoir, ils ne pouvaient en même temps assister aux assauts subis par certains membres de la délégation de refondateurs qui avaient pourtant reçu les félicitations de Me Wade pour leur texte, même s'il a déploré "la méthode".
Selon le président du conseil départemental de Kébémer, "cela allait se terminer par une bagarre. Nous avons préféré partir car même des nervis avaient été pré-positionnés aux alentours de la résidence du président Wade. Nous sommes des gentlemen et étions venus pour parler de questions sérieuses", a ajouté Diagne Fada.
Il avait à ses côtés le doyen Baïdy Sèye, maire d'arrondissement à Guédiawaye, Abdou Khafor Touré, le député Ndèye Sokhna Thiam, le cadre libéral Pascal Badji, Pape Birame Ndiaye (ancien député et ex-Dg de la Pna. "Nous continuons le combat et restons au Pds", a ajouté l'ancien patron de l'Ujtl qui s'est dit "amer et déçu" par la tournure des événements.
"Nous allons continuer le combat à l'interne"
Revenant sur les raisons de leur initiative de refondation, Modou Diagne Fada a souligné un paradoxe :
"Après 26 ans d'opposition, nous avons exercé le pouvoir pendant seulement 12 ans alors que nous aurions dû en faire au moins 30 en raison du bilan de la présidence de Me Wade. C'est parce qu'on ne s'est plus occupé du fonctionnement interne du parti depuis les renouvellements de 1996. C'est la preuve que le Pds n'était plus là ! Nous étions pris par nos charges étatiques de sorte que nous avons omis de penser au parti. Le Pds intrinsèquement pris ne peut pas gagner des batailles électorales dans ces conditions. Beaucoup de responsables ont quitté le parti ou ont été rappelés à Dieu. Mais ils n'ont pas été remplacés alors qu'ils étaient à la tête de sections et de fédérations. Aujourd'hui, des élus et bien élus ne sont pas à la tête des instances de base de leur localité alors qu'ils sont d'une représentativité réelle. Les renouvellements sont une nécessité si on veut remettre le Pds en ordre de bataille".
Tout en disant son accord de principe pour une nouvelle rencontre avec Me Wade, "dans un format adéquat", Modou Diagne Fada a promis de continuer le combat à l'interne. Sur les accusations de corruption et de collusion avec le président Macky Sall, il a souligné la qualité de son parcours politique : "En 1988, nous étions à la tête de 50 000 personnes en tant que dirigeant du mouvement étudiant, sans véhicule, ni salaire à espérer.
Pourtant, nous étions le fer de lance de l'opposition au Ps. Corruption ? Ce qu'Abdou Diouf n'a pas réussi à faire avec nous, je ne pense pas que Macky Sall puisse le faire", a-t-il précisé. Non sans menacer d'une plainte devant la justice quiconque répéterait de telles accusations à son endroit.