FAUT-IL SAUVER LE MONUMENT DE LA RENAISSANCE ?
SOMMET DE LA FRANCOPHONIE
Le Monument de la Renaissance est encore au cœur d’une grosse polémique. Des intellectuels souhaitent sa démolition, alors que pour d’autres c’est un patrimoine qu’il faut valoriser parce qu’il peut être source de richesse. Le débat a eu lieu lors de la rencontre de Haut niveau qui s’est tenue à Dakar les 7 et 8 novembre sous l’égide de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en collaboration avec le ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal, sur le thème "la Culture dans les stratégies nationales de développement : expériences et perspectives".
Le Monument de la Renaissance se dégrade. La révélation a été faite par son nouvel administrateur, Racine Senghor, lors de la rencontre de haut niveau initié par l’OIF en collaboration avec le ministère de la Culture du Sénégal, les 7 et 8 novembre derniers à Dakar.
L’œuvre monumentale qui a coûté près de 17 milliards de FCfa est difficilement entretenue par l’Etat sénégalais. L’appropriation du Monument de la Renaissance par les Sénégalais ne s’est pas encore faite et les ressources que génère le monument sont rares. Ils sont seulement près d’1% de Sénégalais à avoir visité la statue la plus haute d’Afrique, fièrement érigée par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade en 2010. Une œuvre qui fera difficilement l’unanimité parce que les Sénégalais ne s’y reconnaissent pas.
Ainsi, quatre ans après son érection et deux ans après l’alternance qui a fait partir son géniteur, des voix s’élèvent encore pour exiger la démolition de la statue. Une idée impensable pour le nouveau régime qui veut inciter les Sénégalais à s’approprier l’œuvre et travaille pour drainer les touristes à Ouakam où est érigée la statue.
Le Sénégal doit capitaliser sur le Monument de la Renaissance parce que son coût faramineux plus de 17 milliards ne saurait passer dans la rubrique pertes et profits. Un défi que doit relever Racine Senghor, qui a été nommé administrateur du Monument depuis quelques semaines. La structure qui est en train de se dégrader doit retrouver son niveau, mais les Coréens qui l’ont bâtie exigent une facture salée pour sa réhabilitation, révèle Racine Senghor. Le nouvel administrateur du Monument de la Renaissance devra faire face au rejet que suscite la gigantesque œuvre d’art.
En effet, bien des Sénégalais détournent leur regard quand ils s’approchent de ce qui est considéré comme un ouvrage satanique. "Il faut démolir cette œuvre", s’est exclamé un universitaire lors du débat qui a suivi l’exposé de Racine Senghor sur le thème "focus sur quelques expériences relatives à l’économie créative au Sénégal". Une idée adoptée par quelques participants au débat qui a fait rage.
Bien dans son rôle, Hamady Bocoum, le Directeur du Patrimoine au ministère de la Culture et de la Communication a assimilé les pourfendeurs du Monument de la Renaissance à des djihadistes à col blanc. Ceux qui pensent qu’il faut démolir les monuments peuvent être comparés aux terroristes islamistes qui se sont attaqués aux œuvres de Tombouctou a-t-il souligné.
Le dit monument doit devenir un fleuron de l’économie créative au Sénégal, selon les défenseurs de l’œuvre, à l’image de la tour Eiffel dont le chiffre d’affaires consolidé s’élevait à 82.300.000 euros en 2011. Un exemple de ce que peut rapporter la culture dans le budget d’un pays comme la chanson du guinéen Mory Kanté "yékéké" qui en termes de chiffre de vente à dépassé le budget de la Guinée en 1987.