Fifa: Platini monte au front anti-Blatter
"Assez, c'est assez": Michel Platini, président de l'UEFA, "dépité, écœuré" par le scandale planétaire qui ébranle la Fifa, a demandé en personne au président Joseph Blatter de démissionner, et, devant son refus, a appelé à voter en masse pour son challenger le prince jordanien Ali bin Hussein.
. 'Je lui ai demandé de démissionner'
La phrase a dû jeter un froid jeudi au cours d'une réunion entre représentants des six Confédérations composant la Fifa et Joseph Blatter, au siège de l'instance. "Sepp" voulait les dissuader de boycotter le congrès et l'élection présidentielle vendredi. Il n'y aura d'ailleurs pas de boycott. Mais Platini a confié en avoir profité pour demander à Blatter de lui parler "en tête à tête": "Il a refusé, alors je lui ai dit devant tout le monde: +Je viens te demander de démissionner+. J'ai été très clair, il a écouté, il a dit +Non, c'est trop tard+. Je lui ai dit +C'est dommage+".
. 'Dépité, écoeuré'
"C'est la qualité d'un ami de lui dire qu'elle est la réalité. Assez, c'est assez", a ajouté l'ex-joueur vedette de la Juventus, "dépité, écoeuré" par les enquêtes sur la corruption à grande échelle qui éclaboussent la Fifa.
"La Fifa, c'est la maison mère, où tous les règlements sont faits, comment voulez vous que les fans du monde entier respectent les statuts de la Fifa, si les gens qui les font ne sont pas respectables?"
"D'un côté, il y a le foot, ça s'appelle l'UEFA, de l'autre, j'ai mal au ventre quand ça arrive, il y a les problèmes à la Fifa".
. Platini, meneur de jeu pour Ali
"Si on veut que la Fifa retrouve une morale, changer de président est la seule façon pour la façon de changer la Fifa", a insisté Platini, qui met son titre de président de l'UEFA et son passé de joueur de légende au service du Prince jordanien Ali, 39 ans, un des vice-présidents de la Fifa, seul challenger de Blatter à l’élection.
Le Français assure qu'"une très grande majorité des fédérations européennes va voter Ali", espérant convaincre dans les dernières heures les ultimes réticents européens.
"Avant les évènements de cette semaine, peut-être pas, mais maintenant avec ce qui s'est passé, je pense que Blatter peut être battu", a souligné l'ex-triple Ballon d'Or.
Le champion d'Europe 1984 a aussi appelé les non-européens à voter pour le Jordanien. Cela suffira-t-il?
. Blatter touché, pas encore coulé
Si Platini a trouvé Blatter "affecté", lançant même "il a perdu, la Fifa a déjà perdu", c'est-à-dire en termes d'images, il s'est refusé à faire le décompte en faveur d'Ali. Et de prévenir: "Blatter est très perturbé, c'est un mauvais moment qu'il passe, mais je l'ai trouvé prêt à se battre, prêt à gagner l'élection".
Platini, vu par beaucoup comme un président de la Fifa en puissance, n'a pas voulu se présenter en août 2014, épanoui à l'UEFA. "Je ne regrette pas de ne pas être candidat aujourd'hui. Je ne suis pas très attiré par la position de président de la Fifa, le foot est en Europe et j'aime le foot. Si un jour il n'y a plus Blatter, on décidera".
. "Ligne rouge"
Platini s'est montré ferme sur un autre sujet. Samedi, un comité exécutif extraordinaire décidera de la répartition des places au Mondial-2018 par continents.
"Il y a une ligne rouge: pas question que l'Europe ait une place en moins en 2018, ce sera 13+1 (les 13 places habituelles et une supplémentaire comme la Russie est pays hôte et qualifié d'office, ndlr) et 13 pour 2022, pas question de changer cela".
. Faire comme David Gill?
David Gill, membre de l'UEFA, a menacé de ne pas siéger comme vice-président de la Fifa si Blatter était réélu. Les Européens pourraient-ils tous quitter le comité exécutif de la Fifa à l'avenir? Pire, l'UEFA pourrait-elle retirer ses équipes des Coupes du monde?
"Nous aurons une réunion entre Européens, à Berlin, dans le cadre de la finale de la Ligue des champions le 6 juin, pour voir si d'autres (au sein de l'UEFA) que David Gill ne veulent pas siéger aux côtés de Blatter s'il est réélu, ou si devons prendre nos responsabilités par d'autres moyens; mais tout ça, je ne le souhaite pas, mais je suis à leur écoute", a conclu Platini.