Football: Les PPP sur la sellette après la faillite du Mans
<p>La dégringolade sportivo-financière du club de football du Mans a mis en lumière les dangers, pour les collectivités, de certains montages financiers associant fonds publics et privés destinés à favoriser la construction de stades.</p><p>La chute du club sarthois est, il est vrai, un cas d'école propre à décourager les velléités bâtisseuses de certaines villes de moyenne importance abritant un club à l'avenir sportif incertain.</p><p>Inauguré à l'époque où le Mans FC jouait en Ligue 1, l'innovant MMArena --premier stade français construit sous le régime du partenariat public-privé (PPP) et première enceinte sportive à bénéficier du naming consistant à apposer le nom d'une société à une enceinte moyennant rémunération-- risque fort de devenir un boulet financier pour la municipalité avec la relégation du club en National. A fortiori s'il devait déposer le bilan en raison de sa montagne de dettes.</p><p>Dans le cas d'un PPP en effet, la collectivité est propriétaire d'un équipement construit et/ou exploité par des partenaires privés pendant une durée fixée par contrat. Pendant ce temps, la collectivité rembourse le constructeur/exploitant, perçoit une redevance du club résident et éventuellement du "namer" qui a accolé son nom au stade.</p><p>Le système peut être vertueux et équivaloir à un crédit permettant à une Ville de s'offrir un stade qu'elle n'aurait pu financer. C'est ainsi que l'ont envisagé Lille, Bordeaux ou Nice pour leurs stades construits dans le cadre de l'Euro-2016. Même s'ils doivent à l'arrivée les payer beaucoup plus cher, comme dans tout crédit.</p><p>Il peut aussi être un marché de dupes selon les termes du contrat. "Le PPP, c'est une coquille, tout dépend de la répartition des investissements et surtout des risques", souligne l'économiste du sport Frédéric Bolotny.</p><p>Dans le cas du Mans, l'accord a tout du traquenard pour la Ville en vertu d'une clause exigée par Vinci stipulant que le groupe de BTP (à l'époque seul postulant à la construction/exploitation du stade) se retirerait du bourbier en cas de disparition du club résident laissant à la municipalité la fin de facture, d'un coût de 103 millions d'euros.</p><p>Aujourd'hui, avec ce genre d'affaires, on dit +pourquoi le PPP est une arnaque pour les collectivités?+, alors qu'il y a cinq ans vous, les journalistes, faisiez des papiers pour expliquer pourquoi ce mode de financement des équipements sportifs était la meilleure solution pour elles", se moque gentiment un acteur du secteur avant de stigmatiser, sous couvert d'anonymat, le match perdu d'avance entre "les +Btpistes+ entourés d'une armada d'avocats du boulevard Haussmann et le petit directeur juridique d'une ville moyenne de province".</p><p>"Ca ne concerne pas seulement les PPP mais toutes les associations public-privé", note-t-il, comme les concessions, les délégations de service public (DSP).</p><p>Aucun mode de financement n'est exempt de danger, souligne Frédéric Bolotny, à commencer évidemment par la maîtrise d'ouvrage publique où la collectivité est seule à prendre un risque en cas d'aléa sportif.</p><p>Même le financement entièrement privé --dont l'unique exemple en France pour un stade de football est celui de l'Olympique Lyonnais-- n'est pas sans risque pour les finances publiques puisque dans le cas de l'OL, les collectivités ont garanti l'emprunt comme elles se sont engagées à le faire pour les projets privés de la Fédération française de rugby (Grand Stade à Ris Orangis) ou de tennis (extension de Roland Garros). D'ailleurs, le Conseil général du Rhône a retiré vendredi une garantie financière de 40 millions d'euros qui devait être versée au maître d'ouvrage du stade, en raison de retards dans le bouclage du plan de financement.</p><p>Dans le cas des PPP, le retour d'expérience est encore trop récent. "Les contrats qui lient les +Btpistes+ aux collectivités en ce qui concerne les autoroutes sont mieux ficelés aujourd'hui qu'il y a trente ans, en faveur de ces dernières", indique un responsable de Vinci Stadium. "On peut imaginer le même rééquilibrage en ce qui concerne les stades, dès que les leçons des premières erreurs auront été tirées."</p>