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XÉNOPHOBIE EN AFRIQUE DU SUD
Ouestafnews – La violence qui s'abat sur les étrangers ressortissants d'Afrique noire et vivant en Afrique du Sud, a suscité une forte émotion doublée d'une grande incompréhension dans le reste du continent. Des pays comme le Zimbabwe ont commencé un rapatriement volontaire de leurs citoyens.
Le président sud-africain Jacob Zuma, qui s'est exprimé ce mardi 21 avril 2015 sur la situation assimile cette violence contre les étrangers à une erreur post-apartheid. Et de Hararé à Abuja, la réaction est la même : condamnation et incompréhension.
Série de condamnations
"(…) l'erreur que nous avons commise c'est de ne leur avoir pas enseigné que l'apartheid était maintenant derrière nous et qu'il n'y avait plus aucune raison de recourir à la violence dans la relation avec l'autre", a déploré le chef de l'Etat sud-africain.
Selon la police sud-africaine, 300 assaillants ont été arrêtés, en plus d'un déploiement de l'armée a été annoncée ce mardi 21 avril 2015, par le ministère sud africain de la Défense.
Président en exercice de l'Union africaine (UA), le président zimbabwéen Robert Mugabé qui fut dans le passé un grand soutien de la lutte anti-apartheid a vivement réagi.
"Nous sommes choqués, dégoûtés et avons en horreur ce qui s'est passé à Durban. Des Africains ont été délibérément brûlés à mort par certains membres de la communauté zouloue", a dit le président en exercice de l'UA.
Auparavant, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) par la voix de son actuel président en exercice, le chef de l'Etat ghanéen, John Dramani Mahama, a demandé aux autorités sud-africaine la mise en d'un "plan d'action national urgent, soutenu par une campagne pour le changement de comportement contre la xénophobie en Afrique du Sud".
Pour le moment aucun mort n'a été enregistré dans les rangs des ressortissants ouest africains. Seuls des blessés (évacués à l'hôpital) sont signalés par les autorités consulaires dont trois Nigérians et un Sénégalais.
Cette nouvelle série de violence contre les étrangers suscite aussi la condamnation de quelques intellectuels africains.
Les intellectuels outrés
Tout en dénonçant des actes "barbares et lâches", l'écrivain Mozambicain, Mia Couto, a dans une tribune parvenue à Ouestafnews, rappelé aux autorités sud-africaines, le soutien apporté par son pays aux héros de la lutte anti-apartheid notamment Jacob Zuma lui-même qui fut réfugié politique au Mozambique.
Achille Mbembe, le politologue camerounais, qui vit et enseigne en Afrique du Sud, rappelle lui dans une analyse publiée dans la presse, le vote récent de "lois draconiennes" sur l'immigration par le gouvernement sud-africain comme une des composante du problème actuel.
Pour l'intellectuel camerounais, "il y a un courant de chauvinisme national, présent dans tous les secteurs en Afrique du Sud et en recherche permanente de boucs émissaires".
Chez l'autre géant, on proteste
Au Nigeria, autre grande puissance économique africaine, des sources officielles indiquent que les ressortissants de ce pays, ont été particulièrement touchés par la série d'attaques xénophobes en cours.
En plus de la violence physique qui a fait plusieurs blessés, la communauté nigériane a aussi subi des pertes s'élevant à plusieurs millions de nairas, selon une source officielle.
"Le bilan des dégâts, établi par les Nigérians s'élève 21 million de nairas (64,3 millions FCFA )", a indiqué, Uche Ajalu-Okeke, le consul-général dans des propos largement relayés par la presse locale nigériane ce mardi 21 avril 2015.
A l'instar d'autres communautés africaines établies en Afrique du Sud, les Nigérians (estimés à 24.000 dans le pays en 2011) ont été victimes de pillages, de destruction et d'incendie de leurs commerces, selon la même source.
Comme en 2008 lorsque les attaques xénophobes avaient fait 60 morts, une frange de Sud-africains, hostiles à l'immigration a renoué avec la violence, accusant les étrangers, venus de presque toutes les régions du continent d'amplifier le chômage en prenant les emplois qui devaient revenir à la communauté noire sud-africaine.
Selon les chiffres officiels, le chômage touche 40% des jeunes dans ce pays, le plus industrialisé du continent qui début 2014, a perdu sa place de première puissance économique d'Afrique au profit justement du Nigeria.
Les deux pays entretiennent pourtant une coopération économique très dynamique, entre 2008 et 2012 leurs échanges commerciaux sont passés de 2,1 à 3,6 milliards de dollars.
A Abuja, des milliers de personnes ont manifesté le 20 avril 2015 devant le consulat de l'Afrique du Sud, demandant le rapatriement de leurs compatriotes et le boycott des produits sud-africains.La furie xénophobe qui a débuté il y a trois semaines dans la ville de Durban avant de gagner d'autres villes comme Johannesburg, a fait un bilan de sept morts et pas moins de 5.000 déplacés.