FRANÇOIS HOLLANDE AU NIGER, LUTTE ANTITERRORISTE AU PROGRAMME

Abidjan, 18 juil 2014 (AFP) - Français Hollande, après une première étape en Côte d'Ivoire placée sous le sceau de l'économie, poursuit vendredi au Niger et au Tchad une tournée africaine davantage focalisée sur la lutte antiterroriste dans le Sahel, où la France redéploie ses troupes.
Le président français, qui a été accueilli à l'aéroport par son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, avec lequel il doit avoir plusieurs entretiens, se rendra en début d'après-midi à la base aérienne 101 de Niamey pour visiter le détachement Air de l'armée française.
C'est depuis cette base, où 300 soldats français sont à l'oeuvre, que sont pilotés les drones effectuant des missions de renseignement sur toute l'étendue de la bande sahélo-saharienne. Cette force a joué un rôle important dans la sécurisation du nord du Mali.
"Nous avons coutume de dire parfois que sans les renseignements que nous donnent les pays comme la France, nous sommes un peu aveugles", reconnaissait jeudi le chef de l'Etat nigérien.
La visite de François Hollande, accompagné du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, intervient alors que la nouvelle force permanente de 3.000 militaires, Barkhane, qui succède à l'opération Serval au Mali, doit élargir à tout le Sahel l'action de la France contre les mouvements djihadistes, en partenariat avec cinq pays de la zone (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).
M. Hollande a expliqué jeudi à Abidjan que ce nouveau dispositif, plus léger, avait pour objectif de pouvoir mener "des actions rapides et efficaces" en cas de crise. Le Niger, entouré notamment par le Mali, la Libye ou le Nigeria, trois pays confrontés à des rébellions islamistes, se trouve au coeur de ce redéploiement.
"C'est un pays central dans le nouveau dispositif, compte tenu de la situation de ses trois voisins", souligne un conseiller du président. Selon lui, la France veut "continuer à avoir un dialogue stratégique sur tous ces foyers de crise" et voir comment "collaborer" pour "une meilleure sécurité dans la région".
- Rempart -
Jeudi, M. Issoufou qualifiait son pays de "rempart face aux menaces qui guettent les pays du Sahel", malgré des frontières nigériennes considérées comme poreuses. Paris souligne également le rôle "de premier plan" du président Issoufou dans la libération fin octobre de quatre otages français enlevés sur le site minier d'Arlit (Nord), où ils travaillaient pour le géant du nucléaire Areva et une filiale de Vinci.
François Hollande apporte dans ses bagages des aides pour le Niger, Etat à la démographie galopante, classé comme l'un des deux plus pauvres de la planète, et dont une part très importante du budget est grevé par les questions de sécurité.
Des conventions de l'Agence française de développement (AFD) seront signées à hauteur de 75 millions d'euros avec ce pays qui connaît des crises alimentaires récurrentes.
Le dossier Areva pourrait également être abordé alors que Niamey et l'entreprise française discutent encore afin de finaliser un accord portant sur l'exploitation de deux mines d'uranium, pourtant signé fin mai après 18 mois de négociations.
"Il n'y a pas de problème", affirme l'entourage de M. Hollande. "Le Niger a obtenu quelque chose de très important pour lui, une fiscalité plus importante sur l'uranium, et Areva a obtenu de ne pas mettre en service immédiatement la mine d'Imouraren compte tenu du cours de l'uranium très déprimé sur les marchés mondiaux", selon la même source.
Sur le plan politique, M. Hollande arrive dans un pays sortant d'une période agitée, marquée par l'inculpation début juin "pour atteinte à la sécurité" de six cadres de l'opposition accusés d'avoir voulu fomenter un putsch. "Il n'y a pas de crise au Niger", a affirmé jeudi le président Issoufou.
Vendredi matin, dix respoinsables associatifs ont toutefois été arrêtés, quelques heures avant l'arrivée de François Hollande. Trois ont été relâchés. Tous faisaient partie du collectif "Sauvons le Niger", qui jeudi soir dénonçait dans un communiqué "la recolonisation rampante" du Niger par la France.
Paris veut "s'accaparer nos ressources naturelles" et "terroriser nos dirigeants" afin qu'ils "restent soumis (au) bon vouloir" français, accusait le collectif.