FRANCIS COLLOMP, OTAGE AU NIGERIA DEPUIS ONZE MOIS, EST LIBRE APRES S'ETRE EVADE
PARIS, 17 nov 2013 (AFP) - Francis Collomp, enlevé en décembre 2012 au Nigeria, est libre après avoir réussi à s'évader lors d'une opération de l'armée nigériane contre le groupe islamiste qui le détenait, après trois semaines de rebondissements pour les otages français dans le monde.
L'annonce de cette "libération" a été faite "avec joie" dimanche en fin de matinée par François Hollande. Ses proches ont immédiatement fait part à l'AFP de leur joie et de leur soulagement "immense".
Il reste sept otages français dans le monde.
En moins de trois semaines, le sort des Français enlevés a connu de nombreux rebondissements: quatre otages d'Arlit, au Niger, ont été libérés fin octobre après plus de trois ans de détention, mais deux envoyés spéciaux de Radio France internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été enlevés et tués le 2 novembre dans le nord du Mali. Cette semaine, le père Georges Vandenbeusch a été enlevé dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord du Cameroun et probablement emmené au Nigeria voisin.
Tout en assurant que la France n'avait "cessé de déployer tous ses efforts pour parvenir à ce dénouement heureux", le président Hollande a exprimé dans un communiqué "toute sa gratitude aux autorités du Nigeria".
Francis Collomp, un ingénieur de 63 ans, a en fait profité d'une opération de l'armée nigériane contre le groupe qui le détenait pour s'évader, a appris l'AFP de source proche du dossier. Il s'est enfui pendant un "échange de tirs" entre les soldats et des membres du groupe islamiste nigérian, la porte de sa cellule n'étant pas fermée, selon cette source.
"Il a couru et s'est réfugié dans un poste de police", a-t-on précisé de même source. Une autre source proche du dossier a affirmé à l'AFP que ce poste de police était à Kaduna, chef lieu de l'Etat de Kaduna dans le nord du Nigeria.
Le Français avait été enlevé le 19 décembre 2012 par une trentaine d'hommes armés dans l'Etat de Katsina, dans le nord du Nigeria, qui avaient tué deux gardes du corps et un voisin. Ansaru, un groupe islamiste probablement lié à la secte Boko Haram, avait revendiqué l'enlèvement, invoquant notamment le rôle de la France au Mali.
"Bouche bée"
En annonçant la libération de l'otage, François Hollande, qui était en vol pour Tel-Aviv, a demandé au ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui voyageait avec lui "de se rendre immédiatement au Nigeria pour accueillir Francis Collomp".
"Je suis restée bouche bée, je ne réalise pas encore, c'est la joie", s'est réjouie auprès de l'AFP Anne-Marie Collomp, l'épouse de l'ex-otage, entourée de sa famille à La Réunion, qui était à la plage lorsque le Quai d'Orsay lui a appris la nouvelle.
"Je ne m'y attendais pas du tout, d'autant qu'Ansaru n'a jamais remis en liberté un otage", a réagi le frère de Francis Collomp, Denis, après avoir appris la libération de son frère "de la bouche du président" qui l'a appelé depuis son avion. Il a précisé que l'otage libéré se trouvait à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.
Fin septembre, une vidéo de Francis Collomp avait été diffusée par le groupe Ansaru. Barbu et portant un T-shirt blanc, l'otage se présentait comme ingénieur de la société française Vergnet et lisait une déclaration avec un homme armé en arrière-plan. Son épouse avait déjà dit en mars, après avoir visionné une précédente vidéo, que, selon le Quai d'Orsay, son mari était toujours en vie.
"Cette nouvelle tant attendue ne nous fait pas oublier que sept de nos compatriotes sont encore retenus en otage en Syrie, au Mali et au Nigeria", a souligné dimanche le président Hollande en assurant que la France continuerait "inlassablement à travailler pour leur liberté".
Outre le père Vandenbeusch, 42 ans, que le groupe Boko Haram affirme détenir, Serge Lazarevic a été enlevé le 24 novembre 2011 dans le nord-est du Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Gilberto Rodriguez Leal est retenu depuis le 20 novembre 2012, jour de son rapt près de Kayes, dans l'ouest malien.
En Syrie, quatre journalistes français sont otages: Didier François, 53 ans, grand reporter à Europe 1, et Edouard Elias, 22 ans, photographe indépendant, depuis le 6 juin, ainsi que Nicolas Hénin, reporter de 37 ans, et Pierre Torrès, photographe de 29 ans, depuis le 22 juin.