GAMBIE : EXPULSION D'UN HOMME D'AFFAIRES LIBANAIS SOUPÇONNE D’ÊTRE LIE AU HEZBOLLAH
Banjul (Gambie), 5 juin 2015 (AFP) - L'homme d'affaires libanais Hussein Tajudeen, soupçonné par les Etats-Unis de financer le mouvement chiite Hezbollah, a été expulsé pour la deuxième fois en deux ans par la Gambie, qui lui reproche des activités "portant préjudice à l'économie gambienne".
Le multimillionnaire "a été déclaré persona non grata par le président (gambien Yahya) Jammeh" et expulsé, a affirmé vendredi à l'AFP un haut responsable gouvernemental sous couvert d'anonymat.
"Il a quitté le pays, je peux vous confirmer qu'il n'est plus en Gambie", a ajouté ce responsable joint vendredi par téléphone, sans donner plus de détails.
Un employé de Tajco, une des sociétés de M. Tajudeen, a confirmé le départ de l'homme d'affaires. "Je ne sais pas ce qu'il a fait, ni ce qui lui vaut cette mesure d'expulsion, mais je peux vous confirmer qu'il a quitté le pays", a-t-il dit.
Selon un communiqué de la présidence, Hussein Tajudeen a été prié de quitter la Gambie en raison de "pratiques inacceptables dans le domaine des affaires portant préjudice à l'économie gambienne".
M. Tajudeen, sa famille et "tous ses associés" sont interdits d'activités commerciales dans le pays pour une durée indéterminée, indique le texte.
Il a 30 jours pour fermer ses entreprises en Gambie, selon le communiqué, qui n'évoque pas les accusations américaines contre M. Tajudeen. L'intéressé et sa famille, qui avaient été visés par des sanctions américaines en 2010 et ont réfuté ces allégations par le passé, n'ont pu être joints.
Hussein Tajudeen, un ancien proche du président Jammeh, est propriétaire de la plus grande chaîne de supermarchés de Gambie (Kairaba) et était le principal importateur de riz et de farine du pays.
Son départ fait craindre un risque de pénurie à l'approche du ramadan. En juin 2013, il avait déjà été déclaré persona non grata et expulsé de Gambie - où il vivait alors depuis 15 ans - pour "activités économiques indésirables", après avoir été accusé d'être impliqué dans la vente d'aliments périmés.
Le président Jammeh l'avait gracié en octobre 2013 et autorisé à revenir. Hussein Tajudeen figure parmi une liste de Libanais vivant en Afrique de l'Ouest accusés par les Etats-Unis d'aider le mouvement chiite libanais Hezbollah.
Les entreprises de ces millionnaire sont suspectées de faire partie d'un réseau international générant des sommes colossales pour le Hezbollah, que les Etats-Unis décrivent comme "un des groupes terroristes les plus dangereux au monde".