GOULOUMBOU : MOR NGOM ANNONCE PLUSIEURS MESURES CONTRE LES ATTAQUES D'HIPPOPOTAMES
Gouloumbou, 21 mai (APS) - Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mor Ngom, a proposé mercredi des solutions aux attaques d’hippopotames, de concert avec les populations du village de Gouloumbou, dans l'Est du Sénégal.
Les hippopotames ont tué une vingtaine de personnes de 2003 à nos jours, dans cette localité et ses environs, dans la région de Tambacounda et au bord du fleuve Gambie.
Lors d’une rencontre de trois heures avec les populations de Gouloumbou, Mor Ngom leur a promis "des mesures d’accompagnement" incluant la mise en place d’"un comité multipartite de surveillance, le développement d’activités économiques alternatives et l’appui à l’équipement des pêcheurs".
Les habitants de cette localité ont organisé à la veille de sa visite une marche pour inviter les autorités à leur trouver des solutions aux attaques des hippopotames.
De vive voix, ils se sont plaints, auprès du ministre, de l’arrêt de leurs activités sur le fleuve. Pour ne pas être la proie des hippopotames, ils ont arrêté toutes les activités agricoles et de pêche menées sur ce cours d’eau.
Selon Djiby Ndao, un agent du service local des pêches, les prises de poisson, d’environ une tonne par mois auparavant, n’atteignent plus le cap des 100 kilos, à cause de l’abandon de la pêche par de nombreux riverains du fleuve.
Des habitants de Gouloumbou, dont le chef du village et les responsables des jeunes et des femmes, ont expliqué à Mor Ngom les conséquences de la présence de ces fauves dans leur terroir.
"La plupart des populations de Gouloumbou sont des pêcheurs. S’il y a un obstacle qui les empêche de pêcher et de nourrir leur famille, c’est un problème", dit le chef du village, Thierno Barry.
L’une des dernières victimes est morte le jour même où il a repris la pêche, après quatre mois d’arrêt, a-t-il signalé, ajoutant : "Le pire se serait produit si les populations n’avaient pas fait preuve de patience".
Le notable a déclaré qu'il avait informé les autorités administratives locales de chacun des 25 décès causés dans le village de Gouloumbou par les hippopotames.
"Voilà 10 ans que nous vivons ce fléau", a raconté, de son côté, le pêcheur Adama Samba Fall, l’un des organisateurs de la marche.
Auparavant, les riverains du fleuve parvenaient à tromper la vigilance des hippopotames pour dérouler leurs activités, selon M. Fall. Tel n’est plus le cas, les fauves étant devenus plus agressifs. "Les choses nous dépassent", s’est-il inquiété.
"De nombreux jeunes de Gouloumbou sont partis en Mauritanie ou en Guinée-Bissau", parce qu’ils ne peuvent plus dérouler leurs activités économiques chez eux, a déclaré le jeune Yérim Diop.
Le ministre de l’Environnement et du Développement durable a, après avoir écouté les villageois, estimé que "la solution doit être multidimensionnelle, à l’image du problème".
Son département n’a jamais eu l’intention de protéger les hippopotames au détriment des vies humaines, a-t-il soutenu, avant d'enchaîner sur les solutions en vue.
L’une des solutions qu’il a proposées consistera à développer la pisciculture à Gouloumbou. Il a promis d’équiper les populations, en mettant à leur disposition des mares empoissonnées.
Mor Ngom a également pris l’engagement de doter les pêcheurs de "deux à trois pirogues motorisées", des engins présentant l’avantage de provoquer la frayeur et l’éloignement des hippopotames, par le bruit qu’ils déclenchent.
Il a aussi promis de faciliter l’accès des riverains du fleuve au crédit. Il a demandé aux pêcheurs de se préparer en conséquence.
M. Ngom a aussi préconisé la diversification des activités menées sur le fleuve, dans le but de "réduire la pression" sur ce cours d’eau et, par conséquent, les risques d’accident. Selon lui, deux projets seront déroulés dans la localité au profit des femmes et de la jeunesse.
Le ministre de l'Environnement a décidé d’orienter les femmes de Gouloumbou vers la promotion de "l’emploi vert". Sa collègue Anta Sarr Diacko, ministre de la Famille, de la Femme et de l'Enfance, sera sollicitée à cet effet, a-t-il annoncé.
Un comité de veille constitué de représentants du ministère de l’Environnement, de celui de l’Hydraulique et du département de la Pêche sera mis en place pour éviter de nouvelles attaques d’hippopotames.
Le directeur des Parcs nationaux, Soulèye Ndiaye, a indiqué lors de la rencontre qu’une cartographie des hippopotames sur le fleuve Gambie sera mise au point.
"Nous adhérons entièrement à toutes les solutions techniques préconisées par le ministre (de l’Environnement)", a dit Ousmane Traoré, au nom des populations de Gouloumbou. Il a salué "la promptitude" avec laquelle Mor Ngom a pris en compte les préoccupations des riverains du fleuve.
Il estime toutefois que le ministre chargé de l’Environnement "n’a pas pris des engagements fermes".
Mor Ngom a par ailleurs pris l’engagement, au nom du gouvernement, de mettre de l’eau courante à la disposition du village. Le Premier ministre, Aminata Touré, sera sollicité, pour que la vie des populations de Gouloumbou et de ses environs soit améliorée, a-t-il assuré.