GROGNE DANS LE CAMP DES LIBÉRAUX
LA PARTICIPATION DE LEURS MEMBRES A L’ACTE III DE LA DÉCENTRALISATION INSTALLE LA ZIZANIE
Actualité oblige, les concertations sur l’Acte III de la décentralisation ont occupé l’essentiel des débats lors du Comité directeur du Pds tenu avant-hier. A cette occasion, les libéraux se sont livrés à un règlement de comptes très féroce, ne s’épargnant aucun coup.
Si à travers son appel aux concertations sur l’Acte III de la décentralisation le Président Macky Sall cherchait à déstabiliser voire démanteler l’opposition, plus particulièrement le Pds, il peut afficher le sourire. Chez les libéraux, la nouvelle trouvaille du locataire du Palais de la République a provoqué une énorme césure. Et la réunion du Comité directeur convoquée avant-hier mercredi a servi de tribune à certains membres de l’instance dirigeante libérale pour solder leurs comptes. Pour avoir participé en tant que président de région à la rencontre que Macky Sall a eue avec les élus locaux, Babacar Gaye a fait l’objet de vives critiques de la part de certains de ses frères de parti. Ces derniers lui ont reproché ses déclarations, à l’issue de la rencontre. Dans les rôles de snipers, figurent Ibra Diouf Niokhobaye et Ablaye Sow. Ils ont fustigé avec la dernière énergie la sortie du président du Conseil régional de Kaffrine sur les écrans des télévisions et ondes des radios. Ablaye Sow estime que le porte-parole du Pds devait se garder de féliciter le président de la République au risque de lui faciliter la tâche. Embouchant la même trompette, l’ancien député libéral de Touba Toul a vivement déploré la sorrie de Babacar Gaye.
Refusant de servir de punching ball à ses contempteurs et d’assister en spectateur à un procès intenté à son encontre, Babacar Gaye part à la contre-attaque. De prime abord, il a tenu à justifier sa participation aux concertations en sa qualité de président de région. Babacar Gaye a dit à qui veut l’entendre qu’aucune position du parti n’a été décidée suite à une concertation. Avant de révéler que s’il n’était pas présent avec Aïda Mboji, Alé Lo allait donner carte blanche à Macky Sall pour reporter les élections locales.
Dans des habits de sapeur pompier, Oumar Sarr a pris la défense de Babacar Gaye et d’Aïda Mbodji en rappelant que leur déplacement à la Présidence était acceptable du fait de leurs statuts d’élus locaux.
Oumar Sarr vole au secours de Babacar Gaye
Le coordonnateur général du Pds a-t-il mis ses frères de parti devant le fait accompli en assimilant l’appel au dialogue du chef de l’Etat à une duperie ? Est-ce une manière de couper l’herbe sous le pied de certains libéraux en fermant la porte à toute concertation avec le régime ? Tout porte à le croire si on se réfère aux propos tenus par Ibra Diouf Niokhobaye. En effet, ce dernier a estimé qu’il fallait convoquer le Comité directeur dès réception de l’invitation du président de la République et harmoniser les positions. Ahmet Fall Baraya a abondé dans le même sens. Selon lui, Oumar Sarr ne devait pas se prononcer avant la position officielle du parti. Il a aussi appelé ses frères à éviter la diversion et à animer le parti à l’intérieur du pays.
Cependant, Bassirou Kébé invite les libéraux à refuser d’être divertis par l’Acte III et les exhorte à descendre plus régulièrement à la base afin de préparer les élections locales.
Ablaye Faye : «On doit se mettre dans une dynamique de radicalisation»
Objet de sérieuses critiques des membres du Comité directeur qui lui reprochent un certain unilatérisme, le coordonnateur général du Pds a trouvé un excellent avocat en la personne de Ablaye Faye. Convoquant les textes du Pds, l’ancien administrateur de la formation bleue soutient que la position du Secrétaire général national ou de toute autre personne déléguée par ce dernier engage le parti. Une réponse à ceux qui critiquent la démarche unilatérale d’Oumar Sarr.
Fidèle à son caractère trempé, Ablaye Faye propose que le Pds se mettre dans une dynamique de radicalisation. «C’est une question de survie. Macky Sall est incapable de détruire le parti ni de faire mieux que Me Abdoulaye Wade. C’est à nous de détruire son régime», tempête l’ancien président du Conseil régional de Dakar. Réagissant à ces propos, Babacar Gaye indique : «si nous devons adopter une logique de radicalisation, les députés doivent boycotter la Déclaration de politique générale». Ce à quoi, Modou Diagne Fada a indiqué qu’il faut éviter la politique de la chaise vide.