GUINÉE-BISSAU: L’ASSEMBLÉE NATIONALE VEUT RÉHABILITER LE PRÉSIDENT ASSASSINE VIEIRA
Bissau, 26 mai 2015 (AFP) - L'Assemblée nationale de Guinée-Bissau a voté mardi une résolution pour réhabiliter le président Joao Bernardo Vieira, un "héros de l'indépendance", assassiné en 2009 par des militaires.
Le président Vieira "est un héros de notre indépendance. Il fut le premier président de l'Assemblée nationale en plus (d'avoir été) président de la République pendant deux décennies.
Il mérite considération et respect et une statue pour la postérité", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Cipriano Gassama, lors d'une réunion des députés. Une statue du défunt, surnommé "Nino" Vieira, en construction à Cuba, sera érigée devant le siège de l'Assemblée nationale.
M. Cassama a aussi annoncé le transfert prochain de sa dépouille du cimetière municipal de Bissau au cimetière des Martyrs, dans le siège de l'état-major de l'armée, où est notamment inhumé Amilcar Cabral, héros de l'indépendance de la Guinée-Bissau (1974) et du Cap-Vert (1975), deux ex-colonies portugaises.
L'armée s'était opposée à son enterrement dans le cimetière des Martyrs, où reposent également les présidents Malam Bacai Sanha et Kumba Yala. Amilcar Cabral, dirigeant du Parti africain de l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), assassiné en 1973 à Conakry, a mené la lutte pour l'indépendance de ces deux pays aux côtés notamment de Joao Bernardo Vieira.
Ce dernier a dirigé la Guinée-Bissau de 1980 à 1999 avant d'être renversé par un coup d'Etat. Il était revenu au pouvoir en 2009, après son élection comme président de la République, jusqu'en 2009, année de son assassinat par des militaires.
Ces soldats avaient affirmé l'avoir tué pour venger le chef de l'armée, Batista Tagme Na Waie, mort dans un attentat à la bombe quelques heures auparavant.
En mars, le président José Mario Vaz avait exigé la conclusion des enquêtes sur les assassinats politiques perpétrés il a cinq ans, dont ceux de Nino Vieira et du général Tagme Na Waie "qui choquent non seulement le sentiment collectif du peuple bissau-guinéen, mais portent atteinte aux institutions de l'Etat", selon lui.
L'instabilité politique et la pauvreté ont facilité la corruption et l'implantation de trafiquants de drogue dans le pays, avec la complicité présumée de hauts responsables de l'armée, à l'origine de nombreux coups d'Etat depuis l'indépendance.