HAUSSE MÉCANIQUE, LA PRESSE EN PROCÈS
VOTE DU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
Mbagnick Ndiaye, ministre de la Culture et de la Communication, défendait hier son projet de budget devant les députés du Sénégal. Arrêtés à la somme globale de 12 506 092 520 F CFA, les crédits qui lui sont alloués en 2015 sont en hausse par rapport à ceux de 2014. Une augmentation qui s’explique, en majorité, par l’inscription du budget des médias de service public au portefeuille de la Culture.
C’est purement de "mécanique" que l’on peut qualifier la hausse, cette année, du budget du Ministère de la Culture et de la Communication, à la tête duquel se trouve Mbagnick Ndiaye. Le gonflement de 15,74% en valeur relative (soit 1 701 222 360 F CFA) dont bénéficie l’enveloppe allouée ne se justifie aucunement par l’augmentation de ses dépenses propres (qui, au contraire, sont presque toutes revues à la baisse) mais plutôt par la greffe à son budget de crédits naguère inscrits à celui du Ministère des Postes et Télécommunications. Ainsi, de 10 804 870 160 F CFA en 2014, ledit budget est passé en 2015 à la somme de 12 506 092 520 F CFA, soit 1 701 222 360 francs de plus que l’année dernière. Cela, selon le ministre, du fait du rattachement à son département des médias de service public que sont la RTS, l’APS et le Soleil. Si le chapitre des dépenses en transfert passe de 3 555 406 000 F CFA en 2014 à 6 143 776 000 FCA en 2015, soit une hausse de 74,42%, le reste des crédits dont bénéficie le Ministère se voit revu à la baisse.
S’agissant, maintenant des dépenses de personnel, on constate une hausse de 21,25% en valeur relative, soit une somme globale de 982 448 520 F CFA prévue à cet effet en 2015. Cette hausse, dans le texte, s’explique du fait de l’affectation d’agents recrutés en 2014 par la Fonction Publique et rattachés, depuis le dernier remaniement ministériel, à la Direction de la Communication au Ministère de la Culture.
Le procès des journalistes
Lors du débat général, l’on constate que le point étant le plus souvent revenu sur la table est celui ayant trait aux journalistes et, notamment, au projet de code prévoyant (pour le moment) une possible dépénalisation du délit de presse. En effet, un bon nombre de parlementaires se sont érigés pour affirmer qu’il n’était pas question, pour eux, de consentir à une quelconque dépénalisation d’un délit qui, à les en croire, se banalise de jour en jour en toute impunité. Ainsi, les députés ont déploré les pratiques qualifiées par d’aucuns de scabreuses de certains journalistes qui passeraient "leur temps à insulter d’honnêtes gens" sans pour autant être inquiétés. Pire encore, certains élus sont allés jusqu’à affirmer que c’est littéralement "de chantage" dont se rendent coupables de nombreux professionnels de l’information en refusant de couvrir des évènements sans contrepartie ou du fait d’appartenances politiques ou diverses.
Si pour l’essentiel ce sont les journalistes travaillant dans l’audiovisuel (TV et radio) qui se sont ainsi vu accuser de tous les crimes d’Israël, une mention spéciale est néanmoins faite à la presse en ligne qui, selon les élus, serait le pire fléau de tous car lieu "de perversion" où s’opèrent des "vendettas orchestrées par certaines personnes" du fait de l’absence de lois les régissant. Toutefois, l’ensemble des interventions faites et liées aux journalistes ne s’est pas résumé qu’à du négatif. En effet, nombreux sont les parlementaires qui ont loué le travail de ces derniers, notamment vis-à-vis de la couverture du récent sommet de la francophonie. De plus, plusieurs interpellations ont été faites au ministre dans le sens d’aider les agents des médias de service public, financièrement ou par d’autres moyens car, notamment en ce qui concerne la santé, leur situation serait préoccupante.
Outre le sujet de la presse, de nombreux points jugés préoccupants par les élus ont été soumis au ministre. C’est le cas de la situation du Patrimoine. Car, la revalorisation des sites et des monuments historiques et des infrastructures culturelles (Monument de la Renaissance, Grand Théâtre etc.) a été à l’ordre du jour lors des débats. Plusieurs parlementaires ont alors attiré l’attention sur l’état de dégradation de certains sites connus dans leurs localités en exhortant à leur réhabilitation qui serait, selon eux, essentielle dans la relance du tourisme dans les régions.
Autre point, celui de la difficile voire précaire situation de bon nombre d’anciennes gloires des Arts et des Lettres du Sénégal qui mériteraient, selon les élus, un appui de l’État afin de pouvoir "dignement finir leurs jours".
Enfin, la question des statuts des "nouveaux hauts lieux culturels" construits sous le magistère de Abdoulaye Wade s’est posée car lesdites structures n’en disposeraient toujours pas.
Aide à la presse
De concert avec son homologue, le ministre chargé du Budget, Mbagnick Ndiaye s’est chargé de répondre aux préoccupations des élus. Le ministre de la Culture et de la Communication s’est tout d’abord attaqué au point épineux du Code de la presse en appelant notamment à la concertation en vue de trouver une solution.
Concernant la situation des agents des médias de service public, il a annoncé que 150 parcelles à la Cité RTS avaient déjà été allouées et qu’il restait 5 hectares à attribuer en plus d’autres efforts qui seront, selon le ministre, bientôt consentis. Abordant la question de l’aide à la presse, Mbagnick Ndiaye a déploré être dans l’incapacité de contrôler ce qu’il en advient une fois remis aux organes de presse malgré les multiples exhortations faites par les parlementaires.
Sur le chapitre du Patrimoine, le ministre a rassuré en déclarant que des actions étaient déjà lancées dans le sens de recenser, réhabiliter les trésors culturels du pays, cela d’autant plus que leur bonne rentabilisation pourrait booster le secteur du Tourisme.