HAUTE TENSION À L’ALLIANCE POUR LA RÉPUBLIQUE
MAREME BADIANE EXPRIME LA COLERE DES FEMMES ET S'ATTIRE DES FOUDRES

Dans l’establishment de l’Etat et du parti présidentiel, la sortie de la ministre-conseiller Marième Badiane pour exprimer le ras-le-bol des femmes de l’Apr, a créé un profond malaise, entraînant une véritable levée de boucliers de ses adversaires. Awa Guèye, la première vice-présidente de l’Assemblée nationale, appelée à la rescousse pour prendre le contre-pied de la responsable des femmes de l’Apr, a dû se rétracter au dernier moment. Toutefois, le malaise reste entier, même si Marième Badiane a nié en bloc les accusations portées contre elle. «Je le défends depuis cinq ans, ce n’est pas aujourd’hui que je vais l’attaquer», a-t-elle dit en parlant du président de la République.
Jusque tard dans la nuit avant- hier, l’information selon laquelle Marième Badiane a vertement critiqué le chef de l’Etat pour n’avoir pas promu des femmes apéristes, a circulé dans les chaumières, suscitant un tollé général au sommet de l’Apr. En effet, elle a exprimé le trop plein de colère des femmes contre Macky Sall qui a défenestré Mariama Sarr du gouvernement au profit de la néo-apériste Anta Sarr et laissé sur le carreau la patronne du mouvement des femmes de l’Apr. Le malaise était tel qu’il a été décidé séance tenante l’organisation d’une conférence de presse pour lui apporter la réplique. C’est ainsi que la tête de Madame Badiane a été mise à prix par ses adversaires. Une conférence de presse animée par Awa Guèye, première vice-présidente de l’Assemblée nationale, s’est tenue hier, mais au finish, la responsable politique de Kaolack n’a pas évoqué la sortie de Marième Badiane et s’est limitée à flétrir les libéraux, en leur faisant porter le chapeau des difficultés qui assaillent le pays. Selon certaines sources, elle a été dissuadée par une haute autorité, mais les proches de Marième Badiane indiquent que l’hostilité ambiante de l’assistance l’a convaincue qu’il fallait apaiser. Quoi qu’il en soit, a part l’introductrice de la rencontre, la députée Marie Thérèse Faye qui a évoqué l’incident en des termes à peine voilés, per- sonne d’autre n’en a fait cas.
MARIEME BADIANE SE DÉFEND
Jointe au téléphone, la ministre- conseiller Marième Badiane qui est endeuillée par la perte de sa belle-mère n’a pas voulu s’étendre outre mesure sur cette affaire. «Ce que j’ai dit, je l’ai dit devant une caméra. Moi qui ai défendu le Président sur tous les plateaux du monde, ce n’est pas aujourd’hui que je vais le critiquer», concède-t-elle. «Dénigrez, dénigrez, il en restera toujours», a-t-elle ajouté. En réalité, selon nos informations, elle n’a fait que porter la parole des femmes lors du «Talatay Nder» de mardi der- nier. Une cérémonie au cours de laquelle les femmes n’ont pas mâché leurs mots pour exprimer leurs frustrations. «Ces dernières avaient indiqué ce jour-là que quand s’il s’agit d’aller au char- bon, on fait appel aux dames, alors que s’il s’agit de distribuer des récompenses, on les oublie», a dit Madame Badiane, non sans souligner qu’elle comprend toutes les agitations autour de cette affaire : «Je comprends leurs agitations. Depuis cinq ans, ce sont les mêmes gens. C’est du ôte- toi que je m’y mette», conclut-elle.