HOLOCAUSTES
Survivants de l'Holocauste, chefs d'Etat et responsables européens se sont retrouvés à Auschwitz pour la célébration du 70e anniversaire de la libération du camp d'extermination nazi. Cela, afin de marteler, dans un bel élan de solidarité, «Plus jamais ça». Un hommage aux victimes de l'Holocauste, maissans doute aussi un hymne à la justice et à la paix pour tous les peuples du monde.
Car au-delà des Juifs, tous les peuples du monde ont eu à souffrir de cette horrible guerre et de l’injustice. Une célébration dans un contexte particulier avec l’affaire des caricatures de Charlie Hebdo et les massacres qu’elle a engendrés.
Si l’attaque de l’épicerie casher de Vincennes a été mise en exergue, elle cache mal la violence aveugle à laquelle l’ensemble des peuples épris de paix et de justice fait face. Parce que dans une violence, tout le monde souffre, les victimes tout comme les bourreaux.
Cet extrémisme sanglant est le reflet d’un profond ressentiment d’exclusion et d’injustice que les Grands du monde ont voulu enrayer après la Seconde guerre mondiale en mettant sur pied l’Organisation des Nations unies pour promouvoir l’entente et la paix entre tous.
A défaut d’être un gouvernement du Monde, l’Onu a réussi à mettre en place une structure a même de mieux promouvoir un dialogue des peuples avec, entre autres, des instruments tels que l’Organisation mondiale de la santé, une Cour des droits de l’Homme et une Cour internationale de justice.
Des instruments qui ont énormément contribué à la promotion de l’humanité. Cependant, beaucoup reste à faire soixante-dix ans après, notamment en matière de compréhension mutuelle et surtout de justice au service de tous.
Il est difficile de parler de paix et de justice quand il y a une partie du monde qui se prend comme le centre, considère les autres comme la périphérie et, à ce titre, monopolise la pensée et ses moyens de diffusion.
La lutte contre l’antisémitisme célébrée à grand renfort médiatique a-t-elle comme corollaire une coexistence pacifique dans le respect mutuel de tous les peuples au regard de ce qui se passe au Proche-Orient ? Le peuple palestinien, victime d’une occupation de ses terres en violation de toutes les
résolutions des Nations unies, peine à faire entendre sa voix. Toutes ses tentatives d’un rétablissement dans ses droits tombent sous le couperet du véto des Etats-Unis, première puissance économique du monde qui aurait dû être, sur ce point, à la pointe de la lutte pour plus de justice et de paix.
C’est enfoncer une porte ouverte que de faire remarquer que la toile de fond de tous les conflits qui secouent le Moyen et le Proche-Orient ont pour soubassement ce lancinant conflit israélo-palestinien avec le parti pris flagrant des Etats-Unis.
Toute la vague de terrorisme et de jihadisme du monde arabe est née de la frustration des Arabes sur ce conflit dont la solution reste le respect des résolutions que l’Onu a fait voter mais ferme les yeux sur sa violation ou son non-respect par une des parties contractantes. Eric Zemmour, au nom de la liberté d’expression, a préconisé, au cours d’une émission dans une chaine de télévision italienne, une déportation des musulmans.
Tout autre penseur qui aurait demandé, dans le même sillage, une déportation des Juifs, même dans une déclaration, allait subir l’indignation des Bien-Pensants et répondre devant les tribunaux pour antisémitisme. Toute idée contraire à celle établie par ce Club occidental sur l’histoire du monde, un patrimoine commun à la réflexion, est considérée comme révisionniste, donc à bannir.
La vie des quatre personnes tuées par Amédy Coulibaly ne vaut pas plus que celle des civils tuées par des soldats israéliens dans les quartiers populaires de Gaza à longueur d’attaques, des familles expulsées de leurs maisons qui seront rasées, parce que un des leurs, dans un acte de désespoir, a sacrifié sa vie dans l’espoir d’un meilleur sort pour les survivants.
Le meurtre du ministre palestinien chargé des Affaires de colonisation et de la barrière de séparation, Ziad Abou Eïn, par des soldats israéliens devant les caméras de la télé, entre dans le même cadre de banalisation de la violence dans des territoires sillégalement occupés.
La flottille pour Gaza composée de bonnes volontés décidées à venir en aide aux populations civiles victimes du blocus économique imposé par Israël a été attaquée et des personnes à bord tuées par l’armée israélienne en pleine eaux internationales.
Les Juifs ont-ils moins souffert que les Indiens d’Amérique que les colons espagnols ont exterminé par la guerre et les travaux forcés ? Ont-ils été plus victimes que les millions de Noirs déportés aux Etats-Unis et qui continuent encore de vivre les affres du racisme et de la violence gratuite ?
Toutes les victimes des multinationales prêtes à sacrifier la nature et toutes ses composantes pour le privilège de quelques-uns. « Plus jamais ça » devrait être aussi le cri du cœur pour toutes ces victimes d’holocaustes d’un autre genre que l’on pourra inscrire dans les programmes d’éducation et d’études de tous les enfants du monde.