ICI S'ARRÊTE L'HUMANITAIRE
Dorothea Kirmitsas, responsable des relations publiques du CICR, délimite le champ d'action de son organisme en zone de conflit
En zone de conflit, le journaliste bénéficie de la même protection du Comité international de la Croix rouge, en vertu du Droit international humanitaire. Mais il y a des limites à ne pas franchir. Dans cet entretien avec www.SenePlus.Com, Dorothea Krimitsas, responsable des relations publiques du CICR, délimite le champ d’action de l’organisme humanitaire.
Dorothea Kirmitsas, vous êtes l’une des formatrices de cet atelier organisé par le CICR. Quel est l’intérêt de former les journalistes sur le reportage en zone de conflit ?
Il y a un grand intérêt pour les journalistes de connaître le Droit international humanitaire (DIH) qui s’applique dans les situations de conflits armés. Ça leur permet de mieux évaluer la situation à laquelle ils font face lors de la couverture médiatique, de connaitre aussi les conséquences de ces conflits sur les populations civiles. Ces connaissances leur permettent éventuellement de savoir également les sanctions qui s’appliquent au cas où il y a des violations du DIH.
Est-il plus difficile pour le journaliste de travailler de manière impartiale en zone de conflits ?
Je pense que cette question doit plutôt s’adresser à un journaliste. Ce qui est certain, pour nous humanitaires, évidemment, nous restons neutres, indépendants, et nous essayons de porter assistance et de protéger les populations civiles qui sont protégées par le DIH.
Je crois que le rôle du journaliste, c’est beaucoup plus d’attirer l’attention du public, en général, sur des situations qui, parfois, ne sont pas connues ou qui sont mal connues. Donc le journaliste a un rôle très important à jouer dans la prise de conscience sur une situation de conflit armé et sur les conséquences humanitaires de ces situations sur les populations civiles. Le travail du journaliste peut aider à mobiliser les acteurs politiques ou les acteurs influents dans ces situations.
En zones de conflit quel est le rapport entre humanitaire et journaliste ?
Les humanitaires aident la population civile. Et comme les journalistes sont aussi considérés comme des civils, ils sont de ce fait couverts par le DIH au même titre que les autres civils et ils ont droit à la même protection du CICR. En clair, si un journaliste se trouve en difficulté sur le terrain, s’il est blessé, s’il a été capturé, s’il est détenu, a disparu ou même dans le pire des cas, s’il est tué- malheureusement ça arrive aussi-, le CICR peut être contacté et peut offrir ses services. Nous avons, par ailleurs, une hotline qui est dédiée aux journalistes. Nous apporterons évidement un type d’assistance qui se fera en fonction de notre accès et de notre capacité à travailler dans le lieu où le journaliste est en difficulté.
En cas d’enlèvement par exemple d’un journaliste, le CICR peut, dans le cadre de ses missions, intervenir pour sa libération ?
En principe le CICR ne demande pas la libération d’un journaliste. Parce qu’en matière de DIH, nous ne couvrons que les aspects liés à la sécurité et au bien-être physique et moral d’une personne. C’est-à-dire qu’à partir du moment où une personne est détenue, nous ne nous intéressons pas aux raisons de sa détention, nous nous intéressons à la façon dont cette personne est traitée, ses conditions de détention, son état de santé et nous essayons de l’assister. C’est un geste humanitaire. Mais nous ne couvrons pas toutes les questions liées à la légalité ou l’illégalité de sa détention. Ce sont des questions qui relèvent beaucoup plus des droits de l’homme et qui sont traitées par d’autres organisations.
Lien de la hoteline :
https://www.icrc.org/fre/resources/documents/publication/p0394.htm