Idy : "Aller cueillir la femme de Bara Gaye qui n’a rien fait, c’est de la barbarie"

Idrissa Seck a présidé ce week-end la journée de clôture de l’opération de vente des cartes de son parti à Thiès et de démarrage du montage des secteurs. A cette occasion, il est encore resté fidèle à sa liberté de ton en analysant certaines décisions prises par le pouvoir. Parlant de l’affaire Bara Gaye, il assimile à de la barbarie la mesure consistant à cueillir la femme de celui-ci alors qu’elle rien fait.
C’est ce week-end que les militants et responsables de Rewmi de Thiès se sont retrouvés en assemblée générale de clôture de la vente des cartes du parti et de démarrage du montage des secteurs. C’était sous la présidence d’Idrissa Seck, qui en a profité pour encore faire entendre sa voix, qui exprime une liberté de ton dans la gestion des affaires du pays, malgré son appartenance à la coalition Benno Bokk Yakaar. Il a déclaré à propos de l’affaire Bara Gaye : «Aller cueillir sa femme qui n’a rien fait, ce n’est même pas le moyen âge mais de la barbarie.» Pour lui, c’est indécent d’aller chercher une femme parce que seulement elle est liée à quelqu’un qui aurait commis un délit.
Et le maire de Thiès de poursuivre : «Je suis très bien placé pour connaître les conséquences d’un tel agissement barbare, pour en avoir été victime. Du temps de Jean Collin, juste après les élections de 1988, on est venu m’arrêter et puisqu’on ne m’a pas trouvé, on est allé prendre Ndèye Penda Tall alors qu’on venait juste d’être unis par les liens du mariage. Ce n’est pas normal et le dénoncer, c’est protéger le Sénégal et sa démocratie.»
Pour Idrissa Seck, «le Sénégal doit dépasser ce stade-là et devenir une vraie démocratie où la liberté est le principe, où les gens se sentent libres». «Qu’on ne forme pas nos opinions sur la base de la crainte que le chef de l’Etat ou un ministre nous fasse mal», s’est-il écrié. C’est pourquoi, dit-il, le Rewmi inscrit dans sa démarche de tous les jours la prise en compte de «trois principes fondamentaux : le premier principe repose sur la vérité qu’il faut dire en toutes circonstances, ne jamais l’altérer pour faire plaisir ou pour craindre de blesser ; l’autre aspect, c’est la liberté et ne jamais altérer sa position en fonction de ses intérêts ou de la crainte de représailles ; pour le troisième principe, il s’agit de la responsabilité qui encadre les actes de tous les jours.»
Idrissa Seck est également revenu sur sa proposition d’abroger la loi Sada Ndiaye qui, selon lui, n’avait pour objectif que de chasser Macky Sall de l’Assemblée nationale. «Dès qu’il est arrivé au pouvoir donc, la première chose qu’il devait faire c’est de l’enlever», suggère Idrissa Seck. Il regrette que pour la réforme des institutions, «on nous renvoie à une commission dirigée par Amadou Moctar Mbow. Il est le Président des Assises Nationales et tout ce qu’il avait à dire sur les institutions, l’éthique, la bonne gouvernance se trouve dans les conclusions des Assises nationales. Il ne peut donc rien dire de nouveau. Il ne reste que l’application, donc inutile de perdre du temps.»
38.000 cartes vendues
Au total, Rewmi a placé à la date du samedi dernier 1er juin, 38.000 cartes de membre à Thiès. Il y a eu un rush de dernière minute, comme l’attestent les 4.500 cartes vendues lors de la seule journée du vendredi. Pour Idrissa Seck, cela montre la vitalité du parti à Thiès et donne un signal fort sur l’issue des prochaines locales et même l’atteinte de l’objectif final, l’accession à la présidence de la République. Dans l’après-midi du samedi, le montage des secteurs a affectivement démarré dans la ville et selon Idrissa Seck, les Thiessois doivent donner l’exemple à travers une opération transparente. Sur les 100 personnes de chaque secteur, la commission d’installation exige la présence effective au moins des 60, avec la présentation de la carte de membre et d’électeur. Et chaque groupe de 20 militants donne droit à un délégué désigné, l’ensemble des délégués formant le corps électoral pour le vote des postes de secrétaires généraux de sections. A côté, il y aura également le montage d’un bureau pour chaque collectivité et qui aura la même taille que le conseil municipal ou rural.