IL FAIT FEU DE TOUT BOIS
IBRAHIMA FALL : SITUATION ECONOMIQUE DU PAYS, MEDIATION PENALE, UN POLITIQUE AU MINISTERE DE L’INTERIEUR…
Se réclamant ni du côté de la mouvance présidentielle ni de l’opposition, le professeur Ibrahima Fall, leader du mouvement politique citoyen «Taxaw temm», en conférence de presse, hier, n’a pas du tout été tendre avec le Président Macky Sall et son régime.
Un politique à l’Intérieur
«Les premiers mois du Président Macky Sall ne rassurent pas…. C’est un gouvernement de partage de gâteau». C’est le tableau sombre dressé par le professeur Ibrahima Fall, leader du mouvement politique citoyen «Taxaw temm», en conférence de presse, hier.
Tout en se félicitant du retour du ministère du Plan et du Bureau organisation et méthode (Bom) dans la nouvelle architecture gouvernementale, le candidat malheureux à la dernière présidentielle fustige la nomination d’un politique en la personne d’Abdoulaye Daouda Diallo au ministère de l’Intérieur, à quelques mois des Locales de 2014. Il invite le chef de l’Etat à rectifier le tir en portant son choix sur une personnalité neutre comme l’avaient fait ses prédécesseurs.
Médiation pénale
Sur la traque des biens mal acquis, le professeur de droit s’indigne du recours à la médiation pénale par l’Etat, dans le dossier Tahibou Ndiaye, ancien Directeur du Cadastre, pour recouvrer ses biens détournés. A l’en croire, «la médiation pénale, ce n’est pas de la justice. C’est du marchandage, du compromis. C’est même de la compromission».
Ce qui lui fait dire qu’il faut laisser la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) continuer son travail jusqu’au bout et permettre aux juges de dire la culpabilité des personnes poursuivies d’enrichissement illicite ou de détournements de deniers publics. Et si les faits sont avérés de «rembourser jusqu’au dernier sou», en plus des peines d’emprisonnement.
«Si les juges considèrent que ces allégations sont fausses, que ceux-ci soient libérés. Et, s’il y a des atteintes à leur honorabilité, qu’ils soient dédommagés», a précisé le leader de «Taxaw temm».
Poursuivant son argumentaire, M. Fall se demande pourquoi le dossier de Tahibou Ndiaye a été classé sans suite, alors qu’il garde toujours le reliquat de 4,4 milliards de Cfa.
«N’est-on pas en train de favoriser la criminalité des cols blancs ? N’est-on pas en train de donner des messages à la jeunesse et aux fonctionnaires et d’autres citoyens : enrichissez-vous illégalement pourvu que demain vous acceptiez de donner une partie à l’Etat», se demande-t-il.
Inéligibilité des détourneurs de deniers
Le projet de loi qui rendrait inéligibles tous ceux qui seront condamnés dans la traque des biens mal acquis pour une période de dix ans, ne laisse pas indifférent «Taxaw temm». Même si ledit mouvement s’associe à un tel projet, il dénonce, par contre, «l’utilisation de la politique politicienne de cette proposition qui a pour but, finalement, de débroussailler le chemin, pour éliminer les candidats potentiels, en 2017, de s’opposer à l’actuel président de la République».
Situation économique
Quant à l’économie, de manière générale, elle est en crise, d’après M. Fall. Parce que, soutient-il, «plus de 300 entreprises ont fermé boutique, et l’argent ne circule pas». «Il y a plus grave, le Sénégal s’est engagé dans un circuit d’endettement extrême (…) Au moment où je vous parle, nous sommes à plus de 40% d’endettement par rapport à notre Pib. Plus grave, on a recours systématiquement à des pratiques d’endettement au point qu’aujourd’hui, on s’endette pour payer des dettes. C’est du ‘Rey bukki, suli bukki’», a ajouté le professeur.
Mutation de «Taxaw temm» en parti
En perspective des élections locales, le mouvement «Taxaw temm» se réorganise. M. Fall a révélé sa mutation en parti politique dans les jours à venir, après avoir tiré les grands enseignements de sa déroute, lors de la présidentielle de 2012. Et les deux choses que le professeur regrette, c’est d’avoir fait confiance à des leaders qui ne respectent pas la parole donnée, et d’avoir limité sa campagne présidentielle à la Place de l’indépendance.