Image, Mondial-2022, sponsors: les chantiers de Blatter
Réélu pour un 5e mandat à la tête de la Fifa au beau milieu d'une tempête judiciaire, Joseph Blatter sait déjà à quels chantiers il devra s'attaquer ces quatre prochaines années, entre image à rénover, conditions des travailleurs au Qatar ou sponsors à reconquérir.
. Corruption: image à reconstruire
Le scandale des soupçons de corruption a été planétaire cette semaine et c'est là où, paradoxalement, la Fifa aura le plus et le moins de travail.
Le plus de travail, car il y a une image dévastée à rebâtir. Le moins, car, pour faire le ménage, ce sont les justices américaine et suisse qui ont pris les choses en main dans deux volets distincts. Les États-Unis ont frappé fort en diligentant une descente dans un hôtel de luxe de la Fifa à Zurich mercredi, arrêtant sept personnes et procédant à 14 inculpations dans une enquête pour des faits de corruption depuis les années 1990.
La Fifa a déjà rebondi en suspendant provisoirement onze personnes de toutes relations liées au football, dont Jeffrey Webb, un de ses vice-présidents, interpellé au petit matin mercredi.
Le parquet suisse a lui saisi des documents électroniques au siège de la Fifa à Zurich, dans le cadre d'une procédure pénale contre X pour soupçon "de blanchiment d'argent et gestion déloyale" entourant les attributions des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. C'est la Fifa qui est à l'origine de cette dernière procédure: elle avait porté plainte le 18 novembre.
. Mondial-2022: travailleurs et calendrier
La condition des travailleurs sur les chantiers au Qatar suscite toujours autant de remous. Amnesty International accuse ainsi l'Émirat d'avoir failli à sa promesse, faite en 2014, d'introduire des réformes dans des domaines cruciaux comme le système de parrainage dit "Kafala", qui met l'employé à la merci de son employeur. La Fifa assure qu'elle continuera "d'exhorter les autorités qataries à abolir la Kafala". C'est un défi.
Puisque les températures en été peuvent atteindre jusqu'à 50°, le calendrier international sera bouleversé, et, c'est une révolution, le Mondial deviendra en 2022 un sport d'hiver au lieu de la traditionnelle compétition estivale de juin et juillet.
Si la date de la finale du Mondial-2022 est désormais connue, le dimanche 18 décembre, jour de la fête nationale dans cet Émirat du Golfe, reste à en définir la durée exacte. Ce sera en principe 28 jours avec un coup d'envoi théorique le 21 novembre, mais cela dépendra du nombre de stades utilisés -- huit pour le moment. Un groupe de travail va étudier un remodelage du calendrier international. A l'automne 2015, un calendrier plus précis devrait être ébauché.
Michel Platini avait milité dès le départ pour un Mondial-2022 en hiver et l'UEFA voit donc ces dates d'un bon oeil. Pas l'Association des ligues européennes (EPFL), présidée par un autre Français, Frédéric Thiriez, qui se dit prête à attaquer la Fifa en justice en raison des "dommages" sportifs et financiers générés, selon elle, par la décision de jouer en hiver.
. Sponsors: cœurs à réconquérir
Le scandale planétaire qui a éclaboussé la Fifa a refroidi nombre de sponsors. Dernier en date, le constructeur automobile sud-coréen Hyundai, s'est déclaré vendredi "extrêmement préoccupé".
Les cartes de crédit Visa sont allées jusqu'à menacer de se désengager. Faute de changements, "nous avons informé (la Fifa) que nous réévaluerions notre parrainage", a fait valoir Visa dans un communiqué, évoquant ses "profondes déception et inquiétude".
D'autres, et non des moindres, dont Nike, Adidas et Coca-Cola, associées au sponsoring de la Coupe du monde de football, ont aussi exhorté la Fifa à faire le ménage en son sein. A trois ans de la prochaine Coupe du monde en Russie, le chantier est de taille.